Selon le directeur de la collection Lambert, Eric Mézil, « c’est une crucifixion comme il en existe des milliers dans l’histoire de l’art ( ?!). Il faut reprendre le contexte d’une œuvre qui a été faite en 1987 au moment du sida aux Etats-Unis et qui reprenait une thématique un peu médiévale de ce que l’on appelait les humeurs du corps, le sang, la sueur, l’urine, les larmes ». Chacun jugera de la pertinence de ce plaidoyer embarrassé et très con…venu.
Une photo récompensée en 1989 par un prix du South eastern Center for Contemporary Art, musée américain financé en partie par un organisme fédéral le National Endowment for the Arts, ce qui avait déclenché une levée de boucliers aux Etats-Unis. Présentée à la National Gallery of Victoria, en Australie, « Piss Christ » avait été aussi victime de la colère de croyants qui avaient également manié le marteau à son encontre.
Le ministre de la Culture et de la communication Frédéric Mitterrand a condamné les petits dommages causés aux deux œuvres d’Andres Serrano –de nouveau exposés- « tout en reconnaissant que l’une des deux œuvres pouvait choquer certains publics ».
Bien sûr les chrétiens sont une nouvelle fois les seuls contre lesquels il est permis d’attaquer les symboles de leur foi. M. Serrano aurait-il pu exposer sans problème aux quatre coins de la planète un chandelier à sept branches ou un Coran plongé dans de l’urine au nom de l’art ou de l’idée qu’il s’en fait ? Pas nécessaire de se remémorer l’affaire des (médiocres) caricatures de Mahomet pour avoir la réponse à cette question …
Dans un entretien accordé à Libération aujourd’hui M. Serrano, qui n’est pas à une provocation près affirme n’avoir « aucune sympathie pour le blasphème », « son désir travailler au Vatican, (afin d’y) réaliser une grande œuvre religieuse à Rome, dans les églises de la cité pontificale ». Il assure qu’il aimerait « que le Saint-Siège comprenne (qu’il est) un artiste profondément chrétien de (son) temps ».
En témoigne certainement une autre « œuvre », exemple parmi d’autres des obsessions sexuelles et des penchants esthétiques de son auteur– les plus curieux seront « édifiés » par ses autres photos consultables via internet-, cette photographie montrant un homme portant un chapelet au poignet posé sur son sexe nu. Une subtilité artistico-religieuse qui nous a également échappé.
Comme elle a échappé à l’archevêché d’Avignon, qui, par la voix de Mgr Cattenoz, a souhaité le retrait de « Piss Christ » de cette exposition. Il n’en fallait pas plus pour que la presse bien pensante et autres défenseurs dévoyés de la liberté d’expression (à sens unique), voient dans cette affaire l’alliance du marteau d’extrême droite et du goupillon inquisitoriale.
Pour preuve avançait Libération, en octobre dernier Mgr Cattenoz a reçu Emile Cavasino, secrétaire départemental du FN, et ce sont « des ultra-catholiques proches de l’extrême droite » (sic) de l’association Civitas –dont la pétition contre l’exposition de cette œuvre a réuni 82 000 signatures – qui ont été le « fer de lance de la mobilisation » contre « Piss Christ ».
Certes, nul n’est obligé de pousser la porte de cette exposition pour y subir les obsessions de M. Serrano. Pour autant, il n’est pas nécessaire d’être un « ultra-catholique d’extrême droite » pour être sensible aux arguments de Civitas et déplorer que le ministère de la Culture, une mairie UMP, et un conseil régional PS financent une opération qui dévalorise, rabaisse et insulte une partie de notre héritage civilisationnel.
Exposition qui entache aussi l’image de la France, via son industrie du luxe, car comme il est tout aussi justement noté, « le groupe LVMH (Dior, Guerlain, Moët, Hennessy, etc.), dirigé par Bernard Arnault, cofinance ce Piss Christ et met son logo sur l’affiche, alors que ce même groupe LVMH se définit sur son site Internet, comme l’ambassadeur de l’art de vivre occidental dans ce qu’il a de plus raffiné!!!»