« Tout le monde, surtout à gauche, adore se moquer de BHL, mais en réalité la victoire de la révolution (ou de la contre-révolution) dans la pensée française accomplie par les nouveaux philosophes dans les années 70-80 a été totale. A partir de cette époque, la pensée politique a été remplacée par une sorte de religion de la culpabilité ».
« La France et les Français sont éternellement coupables, en mode majeur, du régime de Vichy et des déportations, et en mode mineur, du colonialisme et de la guerre d’Algérie ; les nombreux « ex », communistes, maos etc. sont, eux, « coupables » des crimes de Staline, Mao ou Pol Pot. Ce climat engendre, sur le plan intérieur, une extraordinaire volonté de contrôle de toute pensée ou parole hétérodoxe, qui soi-disant nous ramèneraient aux heures les plus sombres de notre histoire , pour utiliser la formule consacrée. »
« Ceci empêche toute pensée indépendante du discours dominant, en tout cas sur des sujets comme la souveraineté nationale. Sur le plan extérieur, le discours de la culpabilité implique que la France a l’obligation de « venir au secours des victimes », par analogie, en mode majeur, avec les Juifs victimes des Nazis et, en mode mineur, des républicains espagnols contre Franco. Face à cette pensée quasi-religieuse, aucune réflexion sur le droit, le militarisme ou l’impérialisme n’est possible ».
Contrastons finalement la position de la gauche et celle du Front National. Eux, contrairement à Mélenchon, parlent de guerre à la Libye (ce qui revient à appeler un chat un chat), et ils sont presque les seuls à mentionner la souveraineté nationale et le droit international. Leur opposition se fait au nom des intérêts des Français, tels qu’ils les perçoivent (surtout empêcher les flux migratoires). Et bien sûr, en bons patriotes , ils soutiennent les forces armées une fois qu’elles sont engagées dans le combat. »
Mais si les choses tournent mal pour la coalition (ce qui est peu probable, mais on ne sait jamais), il y a fort à craindre que c’est ce genre d’opposition, et non celle de la partie de la gauche qui s’oppose mollement à la guerre, qui recueillera la faveur des Français. Dans le temps, le PCF aurait sans doute condamné la guerre au nom des intérêts du « peuple » ou des « travailleurs » français, mais la version actuelle de l’internationalisme (qui revient en pratique à accepter la doctrine de l’ingérence humanitaire) interdit ce genre de langage. Tout se passe comme si le monde médiatique passait avant le monde du travail. Le FN en profite, hélas, pour s’adresser au peuple oublié. »
« Le plus comique conclut-il, si on peut dire, c’est que la gauche n’a à la bouche que des mots comme antiracisme et multiculturalisme, ce qui l’amène à vénérer les cultures de l’ « Autre » (et souvent, à travers celles-ci, les religions) mais est incapable de comprendre le discours politique des « autres » réellement existants, quand ceux-ci sont Russes, Chinois, Indiens, Latino-américains ou Africains. »