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Du football black blanc beur au « racisme à rebours »

Suite au lancement par Mediapart, de l’affaire des « quotas de noirs et d’arabes » dans le football français, dans les faits la volonté annoncée de plusieurs cadres de la Direction technique nationale (DTN), lors d’une réunion, le 8 novembre dernier, de réduire le nombre de binationaux et de revenir à un football plus basé sur la technique que sur la force physique, agite toujours le microcosme. Prompte à s’aligner sur le politiquement correct, la direction du PS et les chiens de garde de l’antiracisme, le ministre des sports, Chantal Jouanno, a d’ores et déjà donné sons aval à la suspension de ses fonctions par le président de la Fédération française, Fernand Duchaussoy, de François Blaquart Directeur technique national.

Mais Mme Jouanno ne s’arrêtera pas forcément en si bon chemin. Dans Le Parisien , elle indique ce mardi qu’elle n’exclut pas d’aller encore plus loin dans la répression, en fonction des enquêtes en cours menées par la FFF et le ministère des Sports. « La première chose reste d’établir toute la vérité avec une commission d’enquête de l’inspection générale des services du ministère », a-t-elle notamment déclaré.

Cela n’étonnera personne, l’ancien capitane des « bleus », Lilian Thuram, membre du Haut conseil pour l’intégration (HCI) et du collectif  Devoirs de mémoires , s’est invité dans ce débat, avec la ferme intention de faire tomber des « têtes ».

 Après l’entretien accordé à Médiapart par M. Thuram lundi, le site Sports.fr relate que comme il l’avait fait dimanche dans Téléfoot, « de François Blaquart, à Erick Mombaerts, sélectionneur de l’équipe de France espoirs, sans oublier Laurent Blanc, le sélectionneur, Thuram réclame le renvoi de toutes les personnes qui ont tenu ces propos lors de la fameuse réunion du 8 novembre, en attendant de connaître les résultats de l’enquête ordonnée par la Fédération ».

« Selon eux a-t-il déclaré (les protagonistes de la réunion du 8 novembre, ndlr), il ne s’agirait que de diminuer le nombre de binationaux. Mais les discussions semblent vite concerner le seul continent africain. C’est ce qui est dérangeant. Les enfants binationaux sont-ils tous issus du continent africain? Non évidemment. Alors pourquoi cette fixation? Est-ce une volonté inavouable qu’il y ait moins de joueurs de couleur noire et de joueurs d’origine maghrébine? Il est légitime de se poser la question, surtout après certaines conclusions de l’échec de l’Equipe de France à la coupe du monde 2010. »

« Nous avons peut-être ici un reflet de la société, estime-t-il. Ce n’est pas étonnant que cela se passe dans le contexte actuel. Il est évident que dans les années 1980-90, on ne pouvait pas penser ainsi. Mais petit à petit, les vannes se sont ouvertes. Aujourd’hui, on va de plus en plus loin. La discrimination négative envers des enfants, est-ce imaginable ? Dans cette réunion, on voit apparaître la peur du nombre: ils deviennent trop nombreux, il faut qu’on fasse quelque chose! Là encore, c’est de l’ordre de l’inconscient. Tous les mécanismes du racisme se ressemblent. »

Les indignations de M. Thuram sont cependant à géométrie variable. En novembre 2007 à l’occasion du match de foot France-Maroc au stade de France où notre hymne national avait été copieusement sifflé par un public majoritairement maghrébin, Lilian Thuram, alors capitaine de l’équipe de France, avait déclaré que « les sifflets, ( ne le choquaient) pas plus que ça, il faut se poser la question Pourquoi?  Ce sont des raisons d’ordre historique, il y a un mal-être dans la société. Et c’était peut-être le moment, inconsciemment, de faire passer un message. »

 « Message » que M. Thuram sait faire passer comme en août 2006, lorsqu’il avait invité dans ce même stade pour la confrontation entre la France et l’Italie, 70 immigrés expulsés du squat de Cachan. Immigrés qui à l’instar de « nôtre » équipe de France, symbolise cette « république métissée que nous aimons, » confiait les amis de ce dernier, le Réseau Education sans frontières (RESF).

 Et si racisme il ya dans le football, ce sont surtout les petits blancs qui en sont victimes. Ancien joueur au Havre et au Milan AC reconverti en chroniqueur télé et radio, Vikash Dhorasoo avait créé la polémique à l’occasion d’un chat sur Le Monde le 22 juin dernier.

 Il affirmait sans langue de bois ne pas se reconnaître dans l’équipe de France actuelle. « Cette équipe représente la France des banlieues, la France des ghettos, des quartiers populaires qui sont devenus très durs notait-il . Je viens d’un milieu ouvrier, mon père travaillait ; Deschamps, Blanc aussi. Mais aujourd’hui, dans les quartiers populaires, le pouvoir a été abandonné aux caïds, et c’est ce qu’on retrouve en équipe de France. On voit un Gourcuff, un peu différent des autres, qui ne se reconnaît pas dans cette équipe. Cela me choque par exemple que l’équipe de France demande un buffet halal pour être reçue quelque part. »

 Il confiait aussi lors de sa venue sur la plateau de l’émission de Laurent Ruquier « on est pas couché »  sur France 2 les difficultés pour les « de souche » de se maintenir dans les centres de formation du foot français : « Le petit Blanc qui arrive, il se retrouve dans des histoires de clans, de gangs, et à un moment donné il arrête de jouer au foot parce qu’il voit qu’il n’a pas sa place là, qu’il ne va pas être protégé s’il y a un problème. »

Dans son éditorial sur le site de L’insolent, Jean-Gilles Malliarakis constatait de son côté: «Que l’équipe de France (de football) ne corresponde plus tout à fait à l’idée que nous avions reçue des ancêtres gaulois par l’école jacobine ne doit être tenue ni pour une totale nouveauté, ni nécessairement non plus pour une affirmation de si bon goût. Une discrimination est sans doute intervenue, mais à l’inverse de celle dont on nous parle. Mesurons ici l’héritage du chiraquisme et sa récupération outrancière du Black, Blanc Beur de 1998. Si l’on doit enquêter sur quelque chose on pourrait commencer par là, par ce racisme à rebours imaginé comme machine de guerre politique… »

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