Figure du centrisme, vieux complice de Simone Veil, Bernard Stasi s’est éteint hier à l’âge de 80 ans. Premier médiateur de la République, ministre des Départements et Territoires d’Outre-Mer de 1973 à 1974, son nom reste surtout associé à son livre paru en 1984 « immigration, une chance pour la France » et plus récemment à la commission portant son nom, pour laquelle il avait remis un rapport sur la laïcité en 2003. Une commission devant laquelle il auditionna fort courtoisement une délégation du FN conduite par Bruno Gollnisch. Il n’est pas anodin qu’il soit aujourd’hui salué unanimement, à un an de la présidentielle, pour son combat en faveur du cosmopolitisme, pour son « hostilité » au Front National.
M. Stasi fut en pointe pour combattre tout accord électoral local entre la droite et le FN dans les années 80, sur le modèle de celui qui fut mis sur pied à Dreux, en 1983, où le RPR fit alliance avec le frontiste Jean-Pierre Stirbois, pour gagner les élections municipales partielles. Certes, hormis les plus acharnés, plus grand monde aujourd’hui, à droite et même à gauche, ne parle de l’immigration en terme de « chance ». Tout juste nous dit-on qu’elle est indispensable, ou que les immigrés étant « chez eux chez nous », nous sommes dans l’obligation de payer pour « eux »…
Autant dire que le tropisme immigrationniste de Bernard Stasi est aujourd’hui encore plus largement désavoué par notre peuple qu’hier. La situation de notre pays est aussi le fruit des folles politiques migratoires des décennies passées, ce qui explique que les Français se tournent de plus en plus nombreux vers le FN dans les urnes.
Il est d’ailleurs assez révélateur que beaucoup des hommages qui se sont succédés à l’annonce du décès de M Stasi, en dehors même de sa famille centriste, aient été prétexte à évoquer son engagement à la lumière de échéances de 2012. François Fillon a significativement déclaré que ce dernier « s’était dressé contre l’extrémisme pour défendre avec courage l’idée d’une France s’enrichissant de ses différences. »
Même son de cloche de Martine Aubry, qui a salué une « figure républicaine unanimement respectée », « qui avait sa vision de l’identité de la France, fondée sur la diversité, la République et l’intégration. C’est au nom de cette très haute idée de la France qu’il a combattu sans répit les idées du Front national, ainsi que toutes formes de compromis et d’alliance avec l’extrême droite ».
Dans un communiqué, le PC se félicite de ce que M. Stasi « ne se perdit jamais dans les compromissions électoralistes avec les franges les plus xénophobes de la droite. Hommage soit rendu à celui qui aura su affirmer dans son propre camp, chaque fois que nécessaire, qu’on ne remporte pas de victoire politique à n’importe quel prix »…le message est clair mais de moins en moins audible…