Dans la tentative de reconquête de l’opinion opérée par l’UMP, le parti a diffusé à 3,5 millions d’exemplaires un tract vantant « les catastrophes » que M Sarkozy aurait évité à la France. Une campagne visant à asseoir le rôle de « protecteur » que le chef de l’Etat entend en jouer à plein, tout en multipliant les déplacements dans la France rurale et ouvrière pour redorer son blason auprès du peuple. Trop tard ?
Nicolas Sarkozy affirme à qui veut l’entendre qu’il est sur de sa bonne étoile, comme il l’a assuré dans le long entretien accordé à l’Express cette semaine :« Si je doute beaucoup, je redoute assez peu ». « Je ne m’interroge pas sur mon image (…) La meilleure communication, ce sont les résultats. »
Sarkozy sait pertinemment qu’en politique on n’est jamais vraiment mort et garde à l’esprit l’exemple de « résurrections » spectaculaires. Car s’il est un très mauvais président de la République, comme le souligne Paul Bacot, de Sciences politiques Lyon, « Sarkozy est une bête de campagne qui peut trouver en lui les ressources, politiques ou extrapolitiques, pour remonter la pente »…
Gaël Sliman , de l’institut BVA, note, à notre avis avec à propos, qu’ « En 2007, Nicolas Sarkozy avait gagné sur l’espoir. S’il l’emporte en 2012, ça sera davantage sur les craintes ». « Il peut se passer des tas de choses en un an. Il a une image rassurante en temps de crise » croit-il encore savoir.
Un avis partagé par le directeur de Viavoice, François Miquet-Marty, pour qui le président doit continuer à jouer sa carte de protecteur des Français face à la mondialisation.
Mais ce costume de défenseur de la veuve et de l’orphelin, au dessus du lot, est il encore un endossable avec un semblant de crédibilité par un homme qui s’est évertué pendant quatre ans à abaisser la fonction présidentielle comme jamais avant lui ?
Dans un éditorial au vitriol qui lui est consacré dans le dernier (excellent) numéro du Choc du Mois –consacré largement à la vague Marine et populiste-, François Bousquet note que Guaino peut rédiger tous les discours qu’il veut, c’est BHL qui conduit la politique étrangère et Alain Minc la politique économique. Quant à la politique culturelle, elle se partage à pats égales entre Jacques Séguéla, Doc Gynéco et Enrico Macias. Qui survivrait à un pareil entourage ? » Et surtout est-ce bien pour en arriver là que 53% des Français ont voté « Sarko » en 2007 ?
Si le chef de l’Etat est décidé aujourd’hui à prendre un peu de hauteur, l’éditorialiste du Choc relève pertinemment que la vraie rupture sarkozyste a consisté en la « désacralisation du pouvoir. « Des deux dimensions de la politique, la sacrée et la profane, Sarkozy a écarté d’emblée la première. C’est son crime de lèse majesté. Plus rien en lui ne relève de l’éminence monarchique. Dans Les deux corps du Roi, l’historien Ernst Kantorowicz avait montré en quoi le monarque médiéval possédait un double corps : le corps naturel, mortel, et le corps surnaturel, celui qui incarne le principe dynastique et ne meurt pas. Sarkozy a mis fin à tout cela (…) le 22 avril 2012 prophétise M Bousquet, les électeurs « vont voter sans pitié la mort du bouffon devenu roi le, temps d’un mandat. »
Pour être juste, encore faut-il préciser, comme nous le faisions le 1er février dernier, évoquant également Kantorowicz, que c’est l’ensemble de la classe politicienne qui sombre à des degrés divers, dans le dévoiement démagogique, dans la pipolisation, si ce n’est dans une certaine vulgarité, passant du « du spectacle de la politique à la politique-spectacle ».
La perte de crédit dont souffrent ceux qui ont normalement pour mission de tirer le pays vers le haut, est somme toute dans la logique de la décadence de notre pays qui n’épargne pas les principaux responsables.