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Fin de la zone euro ? Une « nouvelle Europe » ?

Marine Le Pen a relevé hier à juste titre  dans un communiqué que l’économiste Nouriel Roubini, «connu pour avoir annoncé la crise financière des subprimes »,  a validé ses analyses  en prévoyant «  que les pays de la périphérie de la zone euro quitteront l’euro d’ici cinq ans. » « M. Roubini explique ainsi, à l’instar de nombre d’économistes français et étrangers trop peu écoutés, que l’euro a été conçu sans tenir compte des énormes disparités existant entre les différents pays de la zone et que la crise de la dette qui touche actuellement un nombre croissant de pays met en lumière les failles de cette union monétaire. »

Une situation et des avertissements  dont nous nous sommes fait souvent l’écho ces derniers mois. Le 25 mai dernier, le Commissaire européen aux affaires maritimes et à la Pêche, Maria Damanaki, de nationalité grecque, lançait elle aussi un pavé dans la mare: « Je suis contrainte de parler franchement : Soit nous nous entendons avec nos créanciers sur un plan exigeant de durs sacrifices (…) soit nous revenons à la drachme »  (la monnaie nationale grecque).

Face à l’imminence des bouleversements annoncés et à l’aube sans doute de révisions déchirantes, le mur du silence autour de cette question, jusqu’alors taboue,  commence sérieusement à se lézarder.  L’économiste, essayiste et écrivain  Hervé Juvin participe de cette libération de la parole.

Ce spécialiste de la banque et des marchés financiers, présidant par ailleurs une société de conseil aux gouvernements, aux institutions et aux entreprises,   a accordé ces derniers jours un entretien   au site Realpolitik.tv qui tend à démontrer  que nous sommes à l’aube de changements radicaux dans l’appréhension de la question européenne et de la mondialisation.

L’euro explique-t-il,  était perçu encore il ya quelques mois comme « un bloc inentamable »,  ce n’est plus le cas aujourd’hui alors même qu’aucune solution de sortie de l’euro n’existe. Désormais  la Grèce étudie le retour à sa monnaie nationale, et au sein  de l’UE on commence à  se préparer à cette idée,  même si tout cela ne se fait pas au grand jour. «  Personne  ne veut prendre le risque  d’être celui par qui le malheur arrive »,  « de perturber  un mécanisme d’horlogerie  complexe. »

« Jamais l’Allemagne ne tolérera quoi que ce soit portant atteinte à la crédibilité de sa monnaie poursuit-il.  Cela veut dire que si les mécanismes et les rouages se grippent il n’y aurait  alors pas le risque de la sortie de un  ou deux pays marginaux de l’euro,  mais d’un éclatement de la zone euro,  avec l’Allemagne un ou deux autres pays voisins faisant bloc et prenant leur indépendance par rapport à une  monnaie dont ils considéreraient qu’elle n’est plus crédible et donc plus légitime. »

Aussi insiste M. Juvin, personne n’ose parler (de cette sortie éventuelle de l’euro). Ce qui  semble cependant inéluctable,  c’est que « l’euro tel que nous l’avons connu, il faudra désormais en parler au passé ! »

« Après la Grèce, pronostique-t-il,    on peut penser que le Portugal pourrait sortir de l’euro, l’Irlande pourrait être sauvée par sa croissance » sachant que  le pays le plus surveillé,  car les enjeux financiers sont beaucoup plus importants est l’Espagne…

Au-delà, « la grande question posée actuellement est beaucoup plus géopolitique et géoéconomique: l’euro devait assurer les convergences, les économies divergent et pas seulement les économies. Le choix de l’Allemagne de sortir du nucléaire dans les dix ans est totalement contradictoire avec le choix français de maintenir la primauté du nucléaire dans la production d’électricité. Autre exemple,  la sortie de Schengen puisque on est en train de prévoir,  sans le dire, de nouvelles frontières au sein de l’Europe. Cette « construction politique prend eau de toute part et quelque part l’Europe, grande idée du XXème  siècle , ne sera pas la grande idée du XXIème. »

Bref on perçoit, surtout une Europe, « une tentation nationale »et dans  le même temps, au niveau mondial, « il y a un dépassement de la mondialisation », « des blocs régionaux sont en train de se constituer qui rêvent d’union monétaire déconnectée du dollar ». Lesquels « vont se doter de barrières protectionnistes pour préserver leurs emplois  et le niveau de vie de leurs classes moyennes » et « vont contrôler leurs échanges avec l’extérieur pour retrouver un peu d’autonomie politique. »

Ce bouleversement en cours  pourrait être une chance pour l’Europe, conclut Hervé Juvin estimant que le grand débat de demain sera celui d’une Europe  qui ayant   dépassé les haines séculaires, doit bâtir désormais « l’Europe  du XXIème siècle », qui serait « une zone continentale  Paris-Berlin-Moscou »,  « une axe géopolitique et géoéconomique majeure.  Très clairement il faut bâtir une nouvelle Europe! »

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