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Afghanistan : un mort français, un mort de trop

Il avait 21 ans, il s’était engagé au 1er RCP en juin 2008:  Florian Morillon a été tué samedi en Afghanistan par des tirs au cours d’un accrochage avec des insurgés, dans le sud de la vallée de Tagab (Kapisa). C’est le 62ème soldat français  à tomber dans ce pays depuis l’intervention de nos troupes, le dixième depuis le début de l’année. En juillet dernier, Bruno Gollnisch avait dénoncé l’envoi de renforts décidé par Nicolas  Sarkozy « pour complaire au gouvernement américain, empêtré dans ce qui ressemble de plus en plus à un véritable bourbier », « en contradiction » avec la position affichée par  ce dernier,  lors de la campagne présidentielle de 2007. « C’est aux Afghans qu’il appartient de défendre eux-mêmes leurs libertés » notait le député européen frontiste. Les sacrifices de nos militaires dans ce pays sont-ils légitimes ?  Les intérêts géopolitiques des Etats-Unis  sont-ils  forcément les nôtres ? L’action menée par les forces de l’Otan en Afghanistan (Isaf) contribue-t-elle à rendre  le monde plus sûr, à faire   reculer la menace terroriste dans les pays occidentaux ? A ses questions le FN répond par  la négative.

Samedi toujours, les médias rapportaient que  le président afghan Hamid Karzaï a confirmé que Washington a entamé des  négociations avec les talibans, dans le cadre du retrait programmé des  troupes US annoncé par Barack Obama. La veille, Larry Reid, chef de file de la majorité démocrate au Sénat, indiquait que les Etats-Unis s’apprêtent à annoncer une baisse « substantielle » du nombre de leurs soldats engagés dans ce conflit.  En janvier 2009, M.  Obama avait augmenté de 34 000 le nombre de soldats américains sur le sol afghan atteignant le chiffre de 100 000 actuellement.

L’annonce de M.  Karzaï ne fait que confirmer l’aveu du  secrétaire à la défense américain, Robert Gates, affirmant que  des négociations politiques avec les talibans étaient envisageables, pour peu que les forces de l’Isaf soient en position de force sur le terrain. Un dialogue qui, selon le magazine allemand Spiegel, aurait  commencé à l’automne 2010 et aurait pris la forme de trois sessions de pourparlers, dont la dernière  début mai en Allemagne.

Chacune des deux parties camperaient pour l’instant sur ses positions : retrait des troupes des « croisés » occidentaux comme préalable à toutes négociations pour les talibans ; arrêt de toutes violences,  rupture des liens avec  Al-Qaïda et respect  la constitution afghane par les insurgés pour les Américains.

Dans les faits, cela fait bien longtemps que le président afghan joue si ce n’est un double jeu, du moins  négocie le virage du départ inéluctable des troupes de l’Alliance atlantique. Il  déclarait l’année dernière, nous citions alors l’article paru dans le Toronto Sun le 11 avril, 2010, que « les USA occupaient l’Afghanistan pour dominer la région de la mer Caspienne, riche en énergies, et non en raison des talibans ou de l’inexistante Al-Qaïda. Karzaï a déclaré que les talibans « résistaient à l’occupation occidentale et   affirmé en plaisantant à demi qu’il pourrait rejoindre les talibans » (…) ».

« Karzaï sait que le seul moyen de mettre fin au conflit en Afghanistan est de donner sa place à la majorité pachtoune de la nation et à son bras armé, les talibans. Le compromis politique avec les talibans est la seule – et inévitable – solution ». « Mais les Etats-Unis  ont contrecarré les pourparlers de paix de Karzaï en obtenant du Pakistan – qui a reçu 7 milliards de dollars US – l’arrestation de hauts responsables talibans réfugiés dans le pays qui participaient aux négociations de paix en cours avec Kaboul ».

En attendant des Français continuent de mourir pour permettre aux Etats-Unis de sortir la tête haute d’un conflit débuté il y a plus de dix ans au nom de la lutte contre la nébuleuse (l’ectoplasme ?) Al-Qaïda et   qui n’a atteint aucun des objectifs claironnés. Au nombre desquels  la réduction des risques de déstabilisation du Pakistan, pays possesseur du feu nucléaire, n’était pas un des moindres…

 

 

 

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