Le choix Mélenchon, « bon client » des médias, au réel talent et dont les critiques de la mondialisation, de l’Europe de Bruxelles sonnent souvent justes, n’est assurément pas le plus mauvais. De là à penser qu’il puisse rééditer le score de Marchais en 81(15,3%), le dernier à deux chiffres à cette élection pour le PC, il y a un pas que personne ne s’aventure à franchir.
Les électeurs communistes sont une espèce en voie de disparition accélérée, absorbés depuis belle lurette par d’autres formations politiques, notamment en partie par le Front National. Jean-Luc Mélenchon et ses soutiens espèrent surtout capitaliser sur les déçus du PS -dans cette configuration, la défection du caricatural DSK ne font pas leurs affaires- et attirer une partie des voix d’extrême gauche, orphelines de la non candidature de Besancenot.
Pour le reste, Mélenchon est trop intelligent pour espérer, au-delà des discours d’estrade, récupérer l’électorat populaire qui s’est résolument tourné vers le FN et la candidature de Marine Le Pen. Son refus notamment de s’opposer à la poursuite des flux migratoires, ses campagnes (comme le Medef) pour la régularisation des clandestins, son incapacité à appréhender l’identité charnelle de notre pays autrement qu’à l’aune de son jacobinisme exacerbé, obèrent toute éventuelle percée chez les électeurs frontistes.
Reste que la candidature Mélenchon est prise au sérieux par le PS qui juge ce dernier capable de lui tailler quelques croupières auprès du « peuple de gauche ». Manuel Valls a été chargé de sortir l’artillerie lourde contre le leader du Front de gauche dans Le Nouvel Observateur.
Le député-maire d’Evry y fustige le « populisme », lequel « pose comme une évidence l’incompétence et l’avidité des responsables politiques et des institutions représentatives : c’est le syndrome du Qu’ils s’en aillent tous ! » affirme-t-il , citant ici le titre du dernier ouvrage de M. Mélenchon.
Un populisme poursuit-il qui « désigne à la vindicte populaire le bouc émissaire qui selon les courants s’incarne, au gré de l’imagination, dans la figure de l’immigré, du musulman, celle du fonctionnaire européen, des Américains ou encore du banquier juif… ». Bref c’est un beau procès en sorcellerie qui est fait au trés républicain Mélenchon par un Manuel Valls lui-même violemment critiqué il ya quelques mois lorsqu’il s’était étonné, en visite sur un marché de sa ville, de son caractère très « coloré » et de la faible représentation des « blancos »…. Pas besoin pourtant de chercher un fantasmatique « bouc-émissaire » pour en connaître la cause, n’est-ce pas M. Valls ?
Cette attaque bille en tête contre un Mélenchon rejeté dans le camp des proscrits apparaît peut être un brin maladroite quand il s’agira, en toute hypothèse, pour le candidat du PS à la présidentielle de mendier les voix des électeurs mélenchonistes au second tour. Que ce soit face à Nicolas Sarkozy ou espérons le, de manière encore plus problématique, face à Marine Le Pen…