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La Syrie et les «les doigts de l’Amérique »

Pour la troisième fois depuis le début  des violences en Syrie au mois de mars,  Bachar el-Assad est intervenu sur les ondes en direct de  l’université de Damas pour tenter de désamorcer la crise qui embrase son pays. Il est à noter que les provinces centrales , la capitale Damas, la seconde  ville  de Syrie, Alep, ont été épargnées par les grandes manifestations et les troubles.   Comme il l’avait fait déjà précédemment en annonçant  la levée de la loi d’urgence, de meilleures garanties démocratiques, le président syrien, en poste depuis 2000 a promis à l’opposition des   réformes, jugées par lui, légitimes,  d’ici septembre ou la fin de l’année au plus tard. Au nombre de celles-ci,   le lancement prochain d’un « dialogue national » et la formation d’une commission chargée d’étudier notamment la possibilité d’existence pour  d’autres partis politiques à côté de  celui du  Baas au pouvoir.

Des réformes jugées insuffisantes par l’opposition syrienne,  la Ligue arabe réaffirmant a contrario   son soutien à Damas après l’allocution présidentielle,   au cours de laquelle  que Bachar Al Assad a  également
particulièrement  insisté sur les risques d’effondrement de l’économie syrienne que font courir les troubles, sur la  nécessité d’ « isoler les vrais réformateurs des saboteurs ». « Il n’y a pas de solution politique avec ceux qui portent des armes et tuent », a-t-il précisé.

Selon les militants syriens des droits de l’homme au moins 1 300 civils auraient  été tués  depuis le début des affrontements, mais  l’observatoire syrien des Droits de l’homme indique aussi  que plus de 300 soldats et policiers ont également trouvé la mort  dans les émeutes.

Signe de la prudence  des  occidentaux  face à a crise syrienne, lundi à  l’issue d’une réunion à Luxembourg,   les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont certes haussé le ton,  condamné  l’aggravation de la violence,  menacé d’élargir le régime européen des sanctions, mais se sont abstenus  d’annoncer de nouvelles mesures ou de tout  appel  à la démission du  le président syrien.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé que  Moscou  demanderait aux dirigeants de l’opposition syrienne, en visite dans la capitale russe, d’entamer des discussions avec Damas.

Le site de RFI le soulignait hier, la presse américaine  critique  l’attitude de Washington dans la crise syrienne. « Barack Obama doit appeler le président Bachar al-Assad à démissionner affirme le Washington Post. Le journal se demande pourquoi le président américain n’applique pas à la Syrie la même grille de lecture qu’il avait choisie pour la Lybie : En mars dernier, Obama estimait que Mouammar Kadhafi avait perdu toute sa légitimité. Eh bien, la même chose vaut aujourd’hui pour la Syrie. Mais la Maison Blanche reste silencieuse face aux nombreuses violations des droits de l’homme. »

Ce même journal  poursuit RFI s’interroge   plus largement  sur le rôle que l’administration Obama joue dans ce printemps arabe. «Elle a toujours du mal à être en phase avec les événements ». «Selon un conseiller de la Maison Blanche, Barack Obama tente d’agir en coulisses pour faire valoir la position américaine. « C’est une approche diplomatique classique », écrit le Washington Post, « Mais une approche totalement impuissante face à ces révolutions initiées et portées par réseaux sociaux ».

Un jugement sur lequel l’économiste américain de renom  Paul Craig Roberts, chroniqueur  du The Wall Street Journal et du Business Week, ex Sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan, apporte un
sérieux bémol.

Dans l’entretien qu’il a accordé le 12 mai dernier au quotidien serbe Politika, cette figure respectée de la droite républicaine estime que sous couvert de « printemps arabe », « la guerre à la Chine et à la Russie a commencé ». Certes juge-t-il,  lesdites révolutions n’ont pas été déclenchées directement par les Etats-Unis, mais Washington « s’est mis aux aguets lorsque les manifestations ont éclaté en Tunisie et en Égypte, et s’est très vite aperçu que les mouvements de protestation arabes pouvaient être exploités pour éliminer la Russie et la Chine de cette partie du monde, sans confrontation directe ».

« Nous n’avons pas pour objectif le renversement du pouvoir à Bahreïn poursuit-il, en Arabie Saoudite, où les gouvernements recourent l’un et l’autre à la violence contre ceux qui manifestent, parce que ces deux gouvernements sont nos marionnettes et parce que nous possédons une grande base maritime à Bahreïn. Nous n’avons pas semé les troubles en Égypte ou à Bahreïn ou en Tunisie ou en Arabie saoudite. C’est bien là la grande différence par rapport aux événements de Syrie et de Libye. Là les doigts de l’Amérique sont impliqués dans les désordres, dans l’organisation des manifestations, dans leur financements, etc. »

Pourquoi ? L’économiste explique encore : « La Chine a investi d’énormes sommes dans les sources d’énergie dans l’Est de la Libye et elle compte sur ce pays en raison de ses besoins énergétiques. Il s’agit ici d’une tentative de la part de l’Amérique pour interdire à la Chine l’accès aux ressources en question. L’intérêt, s’agissant des manifestations en Syrie tient au fait que les Russes y ont une importante base maritime, ce qui leur assure une présence en Méditerranée. Washington s’est décidé en faveur d’une invasion de la Libye, et fait aussi de plus en plus pression pour une intervention en Syrie, de manière à nous débarrasser des Russes et des Chinois.  »

Une stratégie risquée selon Craig Roberts puisque cette volonté de s’en prendre aux intérêts chinois et russes dans la région « se  fait  de manière tout à fait imprudente et dangereuse  » et il conclut qu’à terme « toutes les formes d’escalades sont possibles. C’est un danger réel et nous risquons une grande guerre. »

Nous noterons de notre côté que « nos » medias français  se gardent bien généralement  d’informer nos compatriotes sur tous les enjeux de ce conflit, de  relayer une  analyse   différente de la version officielle. Laquelle   est toujours recherchée du côté des atlantistes et autres purs démocrates, bien évidemment  défenseurs désintéressés  des droits de l’homme,  en lutte contre le totalitarisme…

 

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