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« L’euro fait tomber l’Europe »

L’Union européenne au bord de l’implosion? Son président Herman Van Rompuy évoque la possibilité de la convocation vendredi prochain d’un «sommet extraordinaire des dirigeants des pays de la zone euro» afin d’éviter la propagation à l’Italie et à l’Espagne de la crise de la dette grecque. Bruno Gollnisch rappelait le 11 mai dernier dans l’hémicycle du Parlement européen que « la crise de la dette souveraine, c’est la spéculation sur l’endettement des Etats venus au secours du secteur bancaire. Un secteur directement à l’origine de la crise profonde que nous vivons, qui n’a pris aucune de ses responsabilités, surtout pas financière, mais engrange des bénéfices records tandis que les contribuables et travailleurs européens sont priés de se serrer la ceinture. »

Au lendemain de l’accord sur le déblocage d’une tranche d’aide internationale de 12 milliards € pour la Grèce, le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Junker, faisait part de ses espoirs. Pourtant comme le souligne le bulletin d’André Noël, les dizaines de milliards déversés jusqu’alors pour sauver la Grèce dans l’Europe, « résorber sa dette, réduire son déficit et relancer sa croissance » n’ont pas eu l’effet espéré. Pareillement, « la baisse des salaires et des retraites, l’augmentation des impôts et des taxes ont eu l’effet inverse de celui escompté: la croissance a reculé de plus de 3%, la dette s’est accrue et le déficit aussi. »

 « La souveraineté de la Grèce sera énormément restreinte » déclarait M Juncker au magazine allemand Focus « ajoutant que des équipes d’experts de toute la zone euro se rendraient en Grèce. C’est la théorie de la souveraineté limitée, développée naguère par l’URSS pour contrôler ses satellites. On voit qu’un certain libéralisme peut devenir totalitaire lorsqu’il s’agit d’imposer sa volonté : Bruxelles rejoint Moscou (…) Athènes est un laboratoire du sauvetage à l’européenne ; c’est pourquoi nous devons y être attentifs. Sauver la Grèce, en fait, c’est la priver de sa souveraineté en en transférant l’exercice aux technocrates bruxellois : c’est bel et bien une étape de plus vers l’Europe fédérale. » Car le traitement réservé à la Grèce pourrait l’être demain à d’autres.

Le 22 juin, au Parlement européen, Bruno Gollnisch s’indignait des pouvoirs accrus donnés à la Commission : la pseudo « gouvernance économique » européiste « va bien au-delà d’une mise sous tutelle budgétaire. C’est une mise sous tutelle tout court des Peuples et des Nations. L’application de la doctrine de la souveraineté limitée, si chère au grand démocrate Brejnev, les chars étant remplacés par les sanctions financières. »

Quelques jours plus tard, le député européen FN ironisait sur la satisfaction affichée du Conseil européen devant les engagements pris par la Grèce pour « assainir » ses finances publiques, « qui consistent essentiellement en de nouvelles baisses de revenus pour les ménages, un matraquage fiscal des classes moyennes, des privatisations massives sous tutelle internationale… toutes mesures gages que les difficultés économiques du pays iront en s’aggravant. Le sacrifice est fait sur l’autel de l’euro, avec l’accord de la majorité de la classe politique mais sous les hurlements indignés d’une population déjà saignée à blanc. »

Et Bruno Gollnisch de prévenir le 26 juin que « la potion amère » administrée à la Grèce nous était à terme réservée : « Nous sommes sous tutelle de Bruxelles, mais les Français ne le savent pas encore ! »

En attendant, les « maillons faibles » de la zone euro sont d’ores et déjà sur le point de basculer. L’Italie affiche une dette publique équivalant à 119 % de son PIB, soit plus de 1.813 milliards d’euros. La dette publique de l‘Espagne a fortement augmenté de plus de huit points en un an pour atteindre 63,6% du PIB au premier trimestre, soit trois points de plus que la limite fixée par le Pacte de stabilité de l’UE. Elle pourrait grimper à 72% du PIB en 2012. Elle atteignait fin mars, 679,779 milliards d’euros. Et ce, dans un contexte de chômage de masse dans la péninsule ibérique (21,29 % de demandeurs d’emplois) et avec une croissance au point mort.

Notons encore que les taux d’emprunts italiens se dirigent vers les 7 %, et que ceux de l’Espagne à 10 ans, évoluent autour de 6 % ; soit « le seuil déclencheur de la demande d’aide de détresse », « une situation intenable pour les finances publiques » relavait le quotidien Sud Ouest.

La dette publique de la France elle, estimée par l‘Insee, a été évaluée pour la fin du premier trimestre 2011 à 1 646,1 milliards d’euros, soit environ 84,5 % du PIB. Elle ne représentait que 663,5 milliards d’euros à la fin de 1995, ou 55,5 % du PIB et avait atteint 1 211,6 milliards d’euros (64,2 % du PIB) à la fin de l’année 2007.

Dans ce contexte, lundi, la réunion des 17 ministres des Finances de la zone euro a  convenu de nouvelles mesures de soutien à Athènes. Marine Le Pen a affirmé de son côté qu’ « On ne doit pas se résigner à attendre passivement que chute la France, comme un domino. La crise de la dette frappe violemment les pays de la zone euro parce qu’ils sont plombés par une monnaie érigée en dogme intouchable. » Et la présidente du FN de citer le Prix Nobel d’économie Amartya Sen : « L’euro fait tomber l’Europe. »

 L’économiste Patrick Jacq, de BNP-Paribas note pour sa part que ce risque de contagion, d’effet domino est plus présent que jamais : « Nous sommes entrés dans une zone de turbulences très forte, qui pourrait s’avérer très dangereuse pour l’ensemble de la zone euro. »

 La question qui préoccupe les « marchés » est aussi celle de savoir si le gouvernement allemand est (encore) prêt à mettre la main au portefeuille pour sauver les pays du « club med » , alors qu’un récent sondage indiquait que 61% des Allemands sont hostiles à l’aide à la Grèce et que 50% souhaitent même son éviction de la zone euro.

 Les lourds sacrifices consentis par les Allemands  dans le cadre de la réunification -ils doivent régler jusqu’en 2019, un «impôt de solidarité » afin que le niveau de vie à l’Est rejoigne celui de l’Ouest- priment outre-Rhin sur tout le reste. Peut-on leur reprocher cette manifestation bien naturelle de la préférence et de la solidarité nationales ?

 

 

 

 

 

 

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