Alain Marleix est de nouveau sous le feu des critiques, accusé d’avoir franchi la ligne jaune du « racisme », comme en août 2005 lorsqu’il s’était inquiété de la montée de « l’islamisme » dans les colonnes de l’hebdomadaire Minute. Invité samedi dernier de la chaîne Public Sénat, et évoquant les divisions à gauche, il citait le cas notamment de « l’Essonne, où notre Coréen national, Jean-Vincent Placé, va avoir chaud aux plumes». Ancien du Parti radical de gauche, membre peu charismatique d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) , et tout aussi obscur vice-président du conseil régional d’Ile-de-France, M. Placé est effectivement d’origine coréenne.
Toujours est-il que cette référence (déplacée ?) de M. Marleix aux origines ethniques du responsable écolo-gauchiste, ce trait d’humour (maladroit ?), a offert l’occasion aux adeptes des « ligues de vertu » et autres gardiens de la bienséance de donner de la voix.
«Je vais déposer cet après-midi plainte auprès du procureur de la Républiquede Paris pour injure à caractère raciste», a déclaré ce matin sur France Inter Jean-Vincent Placé, évoquant des propos «stigmatisants, condescendants, idiots, vulgaires, imbéciles». «C’est scandaleux politiquement et très blessant personnellement. » Il affirme avoir reçu des messages de solidarité de Daniel Cohn-Bendit, François Hollande et Martine Aubry. Existe-t-il plus consolant ?
Candidate EELV à l’Elysée, Eva Joly s’est signalée comme à son habitude par son sens de la mesure et sa grande finesse en affirmant sur France info qu’ « on voit bien qu’il y a une lepénisation des esprits qui autorise des remarques et des actes ignobles », déplorant «des paroles excluantes, qui soulignent des différences entre les Français », évoquant encore le cas des pauvres « binationaux »…
Cette tempête dans un verre d’eau illustre surtout l’incroyable chape de plomb orwellienne qui s’est abattue sur notre pays, avec son vocabulaire autorisé et ses formules proscrites, ses références obligatoires ou interdites, son puritanisme sémantique. Une évolution dangereuse pour nos libertés, pointée par Bruno Gollnisch, typique de notre dictature molle, ou toute formule un peu « corsée » (selon les critères actuels), même intervenant dans le cadre de la joute politique, peut vous emmener devant les tribunaux.
Cette judiciarisation de la vie publique, des rapports sociaux n’augure rien de bon, et elle monte logiquement en puissance avec la babélisation accélérée de notre société dont les écolo-gauchistes d’EELV sont, entre autres, d’enthousiastes partisans.