la Turquie a en effet pris apparemment ces derniers mois ses distances avec le « bloc occidental », notamment avec «l’allié» israélien depuis l’offensive militaire de l’Etat hébreu sur Gaza en janvier 2009. Et surtout depuis le raid du 31 mai 2010 des commandos de Tsahal contre «la flottille humanitaire» naviguant vers Gaza qui a entraîné la mort de citoyens turcs.
Le site Israelvalley s’inquiète ainsi de «la nouvelle alliance qui semble se dessiner entre Ankara et le Caire ». « La presse turque affirmait hier qu’après sa visite en Egypte, M. Erdogan (le Premier ministre turc,NDLR) devrait se rendre dans la bande de Gaza. Une telle visite serait une gifle pour Israël même si de hauts responsables israéliens affirment qu’elle portera plus atteinte à Abou Mazen et l’Autorité palestinienne qu’à Israël. « Si Erdogan va dans la bande de Gaza ce sera pour soutenir et renforcer le Hamas qui est le principal adversaire de l’Autorité palestinienne. Ce sera un but contre son camp pourla Turquie et nuira aussi aux intérêts égyptiens et américains », ont déclaré ces responsables.
« Les Américains sont eux très inquiets est-il encore affirmé, de la crise entre Israël et la Turquie. Samedi, des responsables américains ont pris contact avec le bureau du Premier ministre à ce sujet et Washington devrait tenter de réconcilier les deux pays. Selon des responsables israéliens, les Américains ont fait part de leur mécontentement aux Turcs. La réaction turque les a mis en colère et ils l’ont bien fait savoir , a déclaré un responsable israélien.»
Les nouvelles ambitions géopolitiques turques, matérialisées ces derniers mois par le rapprochement avec la Syrie –du moins avant les récents événements…- l’Iran, son influence dans les Etas musulmans des Balkans, n’ont pas conduit Ankara à renoncer à son entrée dans l’UE… et à jouer le bon éléve de l’Otan lors de la réunion le 19 novembre dernier à Lisbonne de ses 28 pays membres.
Turquie que François Hollande et Martine Aubry veulent toujours faire entrer dans l’Europe, reprenant en cela le souhait énoncé par DSK. En 2004 celui-ci préconisait dans un rapport remis au président de la Commission européenne, une Europe fédérale et des abandons de souveraineté encore plus poussés, dessinant la carte d’une nouvelle Europe englobant les pays du Maghreb, la Turquie, Israël et le Liban…
En novembre 2010, le Choc du Mois, faisait état du dernier livre de T.J, « La nouvelle puissance turque, l’adieu à Mustapha Kémal », qui mettait en lumière les atouts d’Ankara, à l’heure où émerge dans ce pays « un islam des marchands », celui « d’une économie de marché contrôlée par une société civile reconfessionnalisée ». Une Turquie qui est « la pièce maîtresse de ce Grand Moyen Orient américain, terminal des réserves énergétiques eurasiennes. »
Or, « pour en contrôler l’accès, l’Amérique aimerait faire recouper les frontières de l’Otan avec celle de l’Union européenne. Rien de nouveau (…) à ceci près que l’AKP tient désormais tête à l’allié américain. Pour autant on se tromperait à croire que le divorce avec l’Occident est consommé. Erdogan et les néo-islamistes ont besoin des Etats-Unis pour museler l’armée. Pareillement, ils ont besoin de l’Union européenne pour détricoter la rigide construction kémaliste. La Turquie joue en réalité sur tous les fronts. Elle est en train de s’imposer comme le médiateur du monde musulman sans rompre avec les Etats-Unis, ni renoncer à intégrer l’UE ». Une situation qui invite les plus optimistes à ne pas craindre outre mesure une réelle confrontation autre que verbale de la Turquie avec Israël, laquelle releverait plus du discours homérique de l’AKP pour flatter sa base électorale et les foules arabes.