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« Serment d’allégeance aux armes de la France »: une bonne idée?

Dans sa course, aussi éhontée que pathétique, pour rattraper par le col les électeurs frontistes et autres déçus du sarkozysme décidés à voter Marine en 2012, l’UMP de Jean-François Copé ne fait pas vraiment dans la finesse. Après le débat truqué sur l’identité nationale qui a tourné à la confusion de la majorité présidentielle,  le discours de Grenoble, les effets de manche  de Claude Guéant, les petites phrases cocardières   du chef de l’Etat et les quelques mesurettes votées à l’Assemblée dans le domaine de l’immigration  et de l’insécurité, l’UMP dégaine son serment aux armées…effet médiatique garantie! Mais de là à séduire  le segment  électoral visé ici…

Cette proposition de l’UMP intervient plus de quinze ans  aprés la suppression par la droite du service militaire obligatoire qui était de l’avis quasi général un facteur d’intégration. Jeunes qui de surcroît, comme le rappelait encore hier soir l’historien Dimlitri Casali sur France 3, sont   confrontés  sur les bancs de l’école à un enseignement orienté vers « la criminalisation de l’histoire de France« . Pourquoi défendre alors ce « pays de salauds »?  Ladite proposition   vise  à imposer   à tout Français, au moment de sa majorité , un serment d’« allégeance aux armes de la France », ou  s’il n’est pas né Français, lors de sa naturalisation. La gauche a immédiatement crié au scandale, jouant ici le rôle que la majorité attendait d’elle, en fustigeant globalement ce  gros clin d’oeil des sarkozystes « au FN ».

Même à l’UMP cette annonce n’a pas faite  l’unanimité:  chargé de l’élaboration du projet de l’UMP pour 2012, Bruno Le Maire  a refusé de donner  son sentiment sur cette proposition;  Nadine Morano et   Luc Chatel, le ministre de l’éducation « nationale » ont  fait part de leurs réserves,   le  ministre de la Défense,  Gérard Longuet,  n’a pas été en  reste. Ce dernier  s’est dit hier  « un petit peu » gêné par cette proposition. « L’idée est bonne mais il faut travailler  la sémantique », a déclaré M. Longuet que l’on a connu moins frileux sur les questions « de sémantique »  dans sa jeunesse…M. Copé a jugé envisageable aujourd’hui de retravailler la formulation de cette proposition.

Philippe Randa a souligné dans son dernier éditorial un point qui n’a pas été  soulevé, et pour cause, par une gauche communiant très largement également dans la soumission au Nouvel ordre mondial et à  » l’atlantisme ». En effet  cet hypothétique  « serment » pose  aussi la question    de l’inféodation  croissante de la France à des intérêts  bien  peu nationaux, que réflétent nos engagements militaires. Pour quoi, pour qui les Français sont-ils prêts à faire la sacrifice de leur vie? 

Aujourd’hui,  note M. Randa ,  » de leur engagement au Kossovo, à leur présence en Afghanistan et à leur intervention récente en Côté d’Ivoire ou en Lybie, nos forces armées apparaissent au mieux comme des boucliers humains pour des missions prétenduement pacifiques, sinon comme de simples auxiliaires de l’armée américaine ou, pire encore, à des pillards (pour le compte de l’État) des richesses des pays dans lesquels elles interviennent ».

Quant à la politique de recrutement de nos soldats, dont la très   grande majorité  sont   d’un patriotisme et d’un professionnalisme irréprochables, elle a conduit aussi à quelques déconvenues.  En septembre 2001,  le Monde Diplomatique  publiait un article  de Karim Bourtel qui se faisait l’écho d’un rapport du Ministère de la Défense évoquant  “l’attitude intransigeante et revendicative tournant à la provocation” des JFOM (jeunes Français d’origine maghrébine) et  “la surdélinquance au sein même de leur régiment. les JFOM commettent 3,5 fois plus de désertions, 6 fois plus de refus d’obéissance, 6 fois plus d’outrages à supérieurs et 8 fois plus d’insoumission. »

Insoumisison qui peut entraîner le refus par certains  soldats français musulmans de combattre leurs « frères ». En 1999 , une mutinerie éclata à bord du porte-avions Foch, pour protester contre les frappes sur le  Kossovo , considéré comme une terre d’islam. En 2009, le journaliste Jean-Dominique Merchet,  responsable du blog Secret Défense, révélait que cinq  engagés volontaires de l’armée de terre (EVAT) ont exprimé, en 2008, le souhait de ne pas partir en opérations extérieures  (en Afghanistan) « pour des raisons confessionnelles. »

Pour marginales qu’ils soient encore, ces quelques couacs sont aussi révélateurs de l’échec de l’assimilation, y compris sous les plis du drapeau français…

Enfin, Bruno Gollnisch ne peut que constater une nouvelle fois que cette proposition UMP  de serment d’allégeance, serait apparue autrement plus crédible, cohérente,  sincère et fondée, si elle s’appuyait sur une démarche visant dans le même temps à supprimer la double-nationalité  pour les  Français concernés,  originaires  d’un  pays non  européen. Le FN  réclame la fin de cette double  allégeance là depuis des décennies. L’UMP ne veut pas en entendre parler…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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