Les médias se sont arrêtés assez largement sur la présentation officielle par la candidate de l’Opposition nationale de son directeur stratégique de campagne, poste qu’elle occupait en 2007 auprès de Jean-Marie Le Pen. En l’espèce un jeune énarque de 29 ans, venu de l’Inspection générale de l’administration (IGA) et mis en disponibilité de son ministère le temps de la campagne, le nordiste Florian Philippot. Le directeur opérationnel de la campagne est Louis Aliot, le directeur de la campagne des législatives, Steeve Briois.
Une équipe qui fait la part belle aux cadres « traditionnels » du FN, mais qui intègre aussi un certain nombre de personnalistes ralliées à la candidature de Marine le Pen comme le souverainiste du Rassemblement pour l’Indépendance de la France (RIF) et ex député villiériste Paul-Marie Coûteaux, un des porte-paroles de la campagne ; Bertrand Dutheil de la Rochère, ancien du MRC de Jean-Pierre Chevènement, conseiller République et laïcité ; Gilles Lebreton, professeur à l’université du Havre, conseiller Enseignement supérieur ; Bruno Lemaire, professeur honoraire de management à HEC, conseiller Economie, budget, fiscalité ; le jeune souverainiste Gaël Nofri, ancien du RIF de M. Coûteaux, conseiller Services publics ; l’ex socialiste, séguiniste et chevènementiste Jean Roux, conseiller Patrimoine…
Le Président d’honneur Jean-Marie Le Pen, continuera à jouer un rôle actif dans l’animation de cette campagne puisque il est membre du Bureau exécutif de campagne, une équipe de 12 personnes.
Ce qui n’a pas empêché Le Parisien de souligner avec malignité, citant ( ?) «un cadre » frontiste, que si Marine a emménagé dans des locaux de campagne « distinct du siège du FN et situé boulevard Malesherbes, dans le très chic VIIIe arrondissement de Paris, c’est peut-être aussi pour avoir les coudées un peu plus franches avec son père » ! Plus prosaïquement, les locaux en question matérialisent une évidence, qui est dans la logique même d’une candidature présidentielle, à savoir que Marine n’est pas comme elle l’a précisé par ailleurs hier, la candidate « du FN » mais la candidate « soutenue par le FN ». Louis Aliot affirmait par ailleurs à l’Afp cette semaine que cette décentralisation du QG de Marine Le Pen « peut faciliter les visites de personnalités qui hésitent à s’afficher. »
Des Français qui hésitent de moins en moins à afficher leur ras-le-bol des magouilles qui gangrènent une large partie de la classe politicienne, dés qu’elle est en situation de mettre la main dans le pot de confiture. La caste politico-médiatique s’est ainsi inquiétée ces dernières heures du résultat du sondage Harris interactive pour VSD diffusé hier. À la question « Selon vous, dans le cadre de la prochaine élection présidentielle, à quelles formations politiques ce climat des affaires est-il le plus susceptible de profiter électoralement ? », 48 % des personnes interrogées répondent le FN, loin devant le PS (20%) et EELV (10%).
52 % des sondés inscrits sur les listes électorales déclarent encore que ces affaires sont susceptibles de peser sur leur choix au moment du vote ; 82 % que les affaires judiciaires impliquant des personnalités politiques, de l’UMP ou du PS, reflètent ce qui se passe plus largement dans le monde politique.
Harris souligne, mais vous l’avez compris qu’ « à travers cette réponse, les Français indiquent qu’ils jugent que ce climat pourrait déboucher sur un vote protestataire et, par conséquent, sur un score élevé de Marine Le Pen. »
Encore faut-il que ce dégout ne débouche pas sur une grève du vote…qui consolide l’hégémonie des partis du Système. Cette enquête d’opinion indique ainsi que 19 % des électeurs affirment que ces affaires sont susceptibles de les conduire à l’abstention lors de l’élection présidentielle alors qu’il pensait initialement aller voter… Dans ce cas de figure, il y a cependant fort à parier que cette abstention serait autrement plus pénalisante pour les candidats de l’UMPS que pour la présidente d’un FN qui s’est toujours présenté tête haute et mains propres aux suffrages des Français.