Dans les faits, le « bloc islamique » a donc récolté 65% des suffrages des électeurs égyptiens : le parti Wassat recueille 4,2% des voix, le parti salafiste (encore plus rigoriste) près de 25%, les Frères musulmans 36% des suffrages.
Le 23 novembre, le blog de Bruno Gollnisch citait l’article de Jean-Claude Galli dans France Soir qui rappelait qu’ Alain Juppé expliquait qu’il ne faut « pas craindre les aspirations des peuples arabes à la démocratie et aux réformes » et « s’accommoder de la présence des Frères » en Egypte. A contrario, « le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Richard Prasquier, affirmait pour sa part que l’arrivée des Frères musulmans au pouvoir serait une catastrophe pour la paix et pour l’Egypte elle-même . Ces derniers représentant, selon lui, un danger pour l’ensemble de la civilisation .»
David Koskas, sur le site israelinfo, rapportait de son côté ce lundi que « si les Frères musulmans choisissaient de tourner complètement le dos à la démocratie en appliquant un Coran intransigeant, ils perdraient à l’extérieur le soutien de l’Occident, qui vaut au moins les 1,3 milliard de dollars que versent les Etats-Unis à l’Egypte chaque année et se confronteraient à l’intérieur à une large partie des électeurs, ainsi qu’à l’armée. Ils ont par ailleurs annoncé qu’ils ne s’allieraient pas au parti salafiste, crédité de 20% des votes, vraisemblablement pour ne pas effrayer leurs partenaires et une partie de leurs électeurs. »
Pour autant, « Israël est le plus grand perdant des élections législatives égyptiennes largement dominées par les Frères musulmans, a déclaré dimanche un responsable du Hamas en Cisjordanie, Hamed Bitawi, cité par l’agence de presse The Quds Press (…). Il poursuit en faisant l’éloge des Frères musulmans, qui ont annoncé vouloir reconsidérer le traité de paix entre l’Egypte et Israël. » « Les partisans du Hamas (…), se félicitent de la victoire annoncée des Frères musulmans au premier tour des élections législatives égyptiennes, et contemplent avec la même joie, celles des Frères version tunisienne et marocaine(…). Pour Mousa Abou Marzouk, vice-président du bureau politique du Hamas, « avec la victoire des Frères musulmans, l’Egypte va revenir à sa mission originale de soutien total à la cause palestinienne ».
Au nord d’Israël, la Syrie de Bachar-al-Assad est toujours en proie aux violences. Dans la guerre des opinions publiques menée actuellement, la publication d’un rapport de l’Onu la semaine dernière sur les violations des droits de l’homme en Syrie a été largement médiatisée. Il fait état de témoignages d’opposants sur des meurtres et des tortures de centaines d’enfants par les forces fidèles au régime – témoignages formellement contestés par Damas.
Offensive anti Bachar-al-Assad qui ne faiblit pas sur le terrain diplomatique. Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU de la résolution a condamné le régime de Damas, malgré l’opposition principale de la Russie et de la Chine. Le vice-président américain Joe Biden était d’ailleurs en Turquie samedi et son service de presse a affirmé que «Al-Assad et son régime sont actuellement la source d’instabilité en Syrie et posent le plus grand risque d’attiser les conflits confessionnels, pas seulement en Syrie mais au-delà », a rapporté.
« Une ligne de partage s’est dessinée au fil des mois entre la majorité du monde arabe et la Turquie d’obédience sunnite, qui soutiennent la révolte conduite par leurs frères de religion majoritaires en Syrie, et un croissant chiite partant de l’Iran, en passant par l’Irak, la Syrie et le Liban qui appuie le président Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite, une émanation du chiisme rappelle une dépêche de l’Afp. En outre, le Moyen-Orient, est composé d’une mosaïque de minorités, notamment chrétiennes, mais également chiites dans les pays sunnites du Golfe, comme Bahreïn et l‘Arabie Saoudite, et sunnites en Irak ou au Liban. »
Conflits religieux et des minorités ethniques que certains « faucons » américains et israéliens attiseraient à dessein dans le cadre d’une volonté de remodelage de cette région du monde, et dont l’Irak de Saddam Hussein a déjà fait les frais avancent de nombreux observateurs. Dans son numéro 14 (février 1982) la revue israélienne Kivounim évoquait ce que pourrait être la stratégie de l’Etat hébreu à venir, basée sur la « dislocation » de « l’Egypte », de la « Libye » et du « Soudan ». « L’éclatement de la Syrie et de l’Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux doit être à long terme, un but prioritaire pour Israël(…) ».
« Les structures ethniques de la Syrie l’exposent à un démantèlement qui pourrait aboutir à la création d’un Etat chiite le long de la côte, d’un Etat sunnite dans la région d’Alep, d’un autre à Damas, et d’une entité druze qui pourrait souhaiter constituer son propre Etat (…). Un tel Etat serait, à long terme, une garantie de paix et de sécurité pour la région » était il encore affirmé, mais ce n’est pas parole d’évangile et il est permis d’en douter !