Même un adversaire irréductible du courant national comme Yves Jégo s’est fendu tout récemment d’un rapport sur la question… qui n’est pas sans lien avec la proximité des échéances de 2012 et la tentative de captation des voix frontistes… Un rapport sur le « made un France », que M. Jégo n’a pas trouvé apparemment la force d’intituler en Français…
Nicolas Sarkozy à bien compris l’enjeu électoral de la question. En visite hier à l’usine Rossignol de Sallanches en Haute-Savoie, le chef de l’Etat a récité pour l’occasion son bréviaire patriotique : « Notre politique, c’est d’encourager les entreprises à produire en France, qu’elles soient françaises ou étrangères ». « Je ne suis pas par principe contre l’implantation d’usines françaises dans d’autres pays, c’est normal qu’on construise en Chine des voitures qu’on veut vendre en Chine », a-t-il poursuivi, « là où je ne suis pas d’accord, c’est qu’on fabrique à l’étranger des voitures pour les vendre ensuite en France ». Un désaccord que M Sarkozy n’a jamais exprimé pendant des années mais qui surgit à quelques mois du premier tour de la présidentielle, un pur hasard bien évidemment…
Autre coïncidence, il se trouve que selon un sondage Ifop réalisé pour le compte du Comité des entrepreneurs pour un développement responsable de l’économie (Cedre), 72% des Français interrogés se disent prêts à acheter plus cher un produit fabriqué en France, 82% relevant que les produits fabriqués en France sont plus chers que ceux fabriqués à l’étranger. Cette enquête prouverait aussi que les Français ont bien compris que nos achats sont nos emplois, puisque près de sept consommateurs sur dix (68%) estiment que l’Etat doit aider à la production nationale et à la relocalisation, quitte à les pénaliser en cas de délocalisation (25%).
Mais François Bayrou, qui essaye d’apparaître de nouveau comme un candidat « anti Système », a su capter l’attention médiatique en s’emparant de ce thème ces derniers jours, tout autant pour embarrasser Nicolas Sarkozy et François Hollande que dans l’espoir de grignoter des voix à la candidate national. Non pas que les réflexions de M Bayrou sur la production sur le territoire national soient stupides. Au-delà de la nécessité d’acheter Français, il a compris qu’il faut aussi contrôler plus avant les informations sur l’origine du produit.
Nous avons déjà évoqué sur ce blog les ruses employées notamment par les entreprises chinoises qui mettent en place sur notre territoire des unités d’assemblage -et non de fabrication- de pièces détachées dans le but de bénéficier du label made in France. Label France qui sera alors singulièrement démonétisé au vu de la piètre qualité, en général, des produits chinois…». Soit l’utilisation assez maligne du ressort du patriotisme économique français et/ou communautaire de nos compatriotes pour mieux pénétrer notre marché et le marché mondial…
Autant dire que les Français interrogés dans le sondage Ifop que nous évoquions plus haut ont raison d’estimer très majoritairement que le label Made in France, n’est pas « assez strict »…
Reste que ce pose le réel problème de la crédibilité qui est celle de MM Bayrou et Sarkozy à se faire les champions de ce patriotisme là, eux qui restent très largement incapables de s’affranchir des dogmes eurobruxellois. Ce sont eux pourtant qui sont grandement responsables de la désindustrialisation qui frappe notre pays -1 million d’emplois détruits sur 10 ans, 400 000 depuis 2007.
Au-delà même de la question du « produisons Français » qui n’est qu’un des aspects du problème, Bruno Gollnisch le rappelait devant le parlement européen, « la politique de concurrence de Bruxelles est l’expression d’une doctrine ultralibérale, celle de la Commission en lutte contre le patriotisme économique, appliquée paradoxalement par une bureaucratie tatillonne intervenant sans cesse dans les stratégies d’entreprise ou les politiques des États. Dans le contexte d’une concurrence mondiale sauvage, cela ne peut générer que du chômage. »