Selon le sondage Ifop/Fiducial pour Paris Match publié le 27 janvier, au premier tour 28% des sondés voteraient François Hollande (+1 point), 22% Nicolas Sarkozy (- 1 point), 20,5% Marine Le Pen (+0,5 points), 13,5% François Bayrou, 8% Jean-Luc Mélenchon.
Cette progression de la candidate national est infirmée par deux autres enquêtes réalisées après l’intervention télévisée du chef de l’Etat et publiées aujourd’hui. Dans un sondage BVA pour la presse régionale, RTL et Orange, M. Hollande creuserait l’écart au premier tour avec (34 % des intentions de vote (+ 4 points), loin devant M. Sarkozy, (25 %, +2), Marine Le Pen (15 %, – 3 points), M Bayrou (12 %, – 1 point) et Jean-Luc Mélenchon (8%, + 1 point)
Selon le sondage TNS Sofres pour le Nouvel Observtateur et i-TELE, au premier tour le candidat du PS (31,5%, +0, 5%) devancerait de 5,5 points Nicolas Sarkozy (26%, -2 points), Marine Le Pen (16%, -0, 5%), François Bayrou (12%, + 5 points) et Jean-Luc Mélenchon ( 9%, +1 point).
Sur le site du Nouvel Obs, François Bazin en tire comme conclusion, à notre avis bien prématurée, que « la candidate du FN ne parvient pas à troubler ce qu’elle appelle le duopole UMPS (…). Dans d’autres enquêtes d’opinion, Marine Le Pen avait donné le sentiment que cet espoir-là n’était pas hors de portée en raison, notamment, de la faiblesse supposée de Nicolas Sarkozy. Au moment où les grosses machines de l’UMP et du PS se mettent en branle, la force lepéniste ne paraît pas suffisante pour faire turbuler le système. Un peu comme si, au moment décisif, les règles classiques de la compétition élyséenne retrouvaient leur vigueur, en excluant du même coup les hypothèses baroques (sic) évoquées par certains, courant janvier ».
Nous avons souvent cité ici la formule heureuse et imagée de l’homme politique israélien Shimon Peres à propos des enquêtes d’opinion : « les sondages c’est comme le parfum, il faut les humer mais ne pas les boire ». Bref il faut savoir raison garder, analyser pourcentages et tendances avec le recul nécessaire. A moins de cent jours du premier tour constate Bruno Gollnisch, cette prise de température de l’humeur politique des Français par les instituts indique surtout que Marine reste bien le « troisième homme » de cette élection, que le jeu reste très ouvert et le résultat final bien incertain.
Nous en voulons pour preuve les difficultés traditionnelles des instituts à mesurer le vote FN, l’indécision même des Français (près d’un électeur déclaré sur trois de MM. Sarkozy et Hollande, plus de deux sur trois de M. Bayrou affirment pouvoir encore changer d’avis), mais aussi l’incertitude qui pèse sur la candidature même de Marine qui n’est pas sans conséquence sur les intentions de nos compatriotes.
En présence de Paul-Marie Coûteaux et Gilbert Collard qui ont aussi pris la parole, la candidate national a ainsi prononcé hier une allocution devant le Sénat –voir le site du Front National- pour alerter de nouveau sur ses difficultés à récolter les 500 parrainages d’élus, les maires subissant des pressions. Ce même jour le Sénat examinait, dans le cadre d’ un projet de loi voulant faire diminuer le remboursement des frais de campagne, un amendement du (courageux) sénateur divers droite Jean-Louis Masson, demandant l’anonymat des parrainages.
Celui-ci ne sera pas voté à prévenu d’ores et déjà Marine qui a déclaré qu’il fallait donc « que le Président de la République prenne des dispositions pour que soit levée l’obligation de publication des signatures. » En 2006 déjà, Jean-Louis Masson avait déposé deux propositions de loi pour que la publication des parrainages soit abrogée et afin que soit confié à un groupe indépendant de hauts magistrats le contrôle de la sincérité des parrainages .
Pourtant, « Mme Le Pen et son équipe ne ménagent pas leur peine pour recueillir les paraphes qui leur manquent a rapporté un article du Monde. Pour l’heure, ils ont 340 promesses de parrainages. C’est entre 70 et 80 de moins qu’en 2007 à la même époque. (…) Le rythme actuel n’est pas suffisant a précisé la présidente du Front National. »
Le site de l’hebdomadaire Marianne livre de son côté une explication assez pauvrette des difficultés rencontrées par Marine dans le recueil des signatures. Elles découleraient du fait que les maires qui avaient accordé leur parrainage au candidat du FN en 2007 n’ont pas été réélus en 2008 et par l’absence de démarchage réel des maires par les militants frontistes ! Une grille de lecture qui ne résiste guère à l’examen et qui n’explique pas en tout cas comment le candidat Jacques Cheminade -0,28% des voix au premier tour de la présidentielle de 1995, absent en 2002 et en 2007 faute des 500 signatures requises- a pu annoncer hier qu’il avait atteint le nombre nécessaire de parrainages…