Site icon Le blog de Bruno Gollnisch

Euro : le FN est-il audible et crédible ?

Alors que l’UE, la BCE et le FMI sont en train de passer autour du cou du peuple grec un nœud coulant pour tenter de sauver la monnaie unique –voir notre article en date d’hier- Marine Le Pen a noté qu’ «en s’entêtant dans leur folle idéologie de l’euro, l’UMP et le PS réservent à la France le même avenir que la Grèce. En s’acharnant avec l’euro, l’UMP et le PS transformeront à terme la zone euro en une Grèce géante. » Patrick Mignard sur le blog Cent papiers souligne que « la Grèce en est à son septième plan d’austérité et de liquidation des services publics, alors que les six précédents ont fait la preuve de leur parfaite inefficacité,… aux conséquences sociales dévastatrices.»

Bref, « On assiste aujourd’hui à l’acte final de la liquidation de l’économie grecque en tant que puissance économique en Europe. Le FMI dit vouloir éviter la faillite de la Grèce … formule d’un cynisme absolu car ne faisant référence qu’aux aspects financiers…(…). Les milieux financiers, les fonds de pensions, les banques, les Hedges Funds, se paient sur la bête,… autrement dit sur le peuple grec. »

« Dans la mesure où la règle du jeu consiste à protéger les intérêts financiers poursuit-il, à assurer l’ordre économique européen, et au-delà mondial, à exiger que l’endettement de l’État passe par le portillon ruineux de l’emprunt sur les marchés financiers, d’ailleurs devenus impossibles – par le taux d’intérêt obligataire inaccessible… Il ne reste plus au peuple grec qu’à payer l’addition. » Bruno Gollnisch prévenait nos compatriotes le 26 juin dernier depuis l’hémicycle européen que « la potion amère » administrée à la Grèce nous était à terme réservée : « Nous sommes sous tutelle de Bruxelles, mais les Français ne le savent pas encore ! »

C’est dans ce contexte chaotique, qu’une large majorité de Français serait sensible à la propagande autour des bienfaits de l’euro,  vu comme un amortisseur de la crise mondiale, voire comme le garant de la compétitivité économique des pays de l’euroland ! En mai 2010, au début de la crise de l’euro, un sondage indiquait que 38 % des personnes interrogées étaient favorables au retour au franc et à l’abandon de l’euro. En novembre dernier nous nous faisions l’ écho d’une autre enquête qui indiquait que ce souhait était aujourd’hui majoritaire dans les catégories populaires (52 % chez les ouvriers et 50 % parmi les employés,), et plus largement chez les sympathisants d’extrême-gauche (60 %) du FN (71 %), tandis que ce retour au franc était approuvé respectivement par 37 % et 27 % des proches du PS et de l’UMP.

 Le sondage Harris Interactive publié hier tend lui à prouver que 81% des Français interrogés se disent favorables à ce que la France reste dans l’euro et que l’euroscepticisme serait, de facto, en fort recul en quelques mois. 92% des « sympathisants de gauche » voudraient que la France reste dans l’euro, dont 67% qui souhaitent que la zone euro ne perde aucun pays membre. À « droite », ils seraient 94% à souhaiter que notre nation  reste dans la zone euro. Enfin, 48% des sympathisants du FN souhaiteraient une sortie de l’euro, et 45% une zone euro « réduite », ce dernier souhait étant partagé par 41% des sympathisants de « droite »…

 Ne nous le cachons pas, la propagande officielle qui donne de la voix sur le thème « or l’euro point de salut » est redoutablement efficace. L’accélération de la crise ne légitime peut être pas autant que nous le souhaiterions les avertissements du FN qui avait évoqué la disparition de l’euro dés 2004, tandis que Jean-Marie Le Pen prédisait plusieurs mois à l’avance la crise financière de 2008…

Il est certain que le souhait de notre Mouvement d’une sortie de l’euro inquiète jusque dans les rangs des électeurs de l’opposition nationale. Même si nous devrions peut-être expliquer plus avant que nous envisageons de conserver l’euro monnaie commune, l’euro ECU (European currency unit, ancienne unité de compte de la Communauté européenne qui était constituée d’un panier de monnaies). Car cet euro monnaie commune n’aurait pas l’inconvénient de la monnaie unique.

Enfin, et c’est là un argument sur lequel il s’agit d’insister, la crise de l’euro, est aussi une crise de la dette, laquelle frappe violemment les pays de l’euroland parce qu’ils sont plombés par une monnaie érigée en dogme intouchable. Un constat énoncé déjà par le prix Nobel d’économie Amartya Sen : « L’euro fait tomber l’Europe. »

Bruno Gollnisch a souligné à de nombreuses reprises que « l’endettement massif des pays européens est principalement la conséquence de la mondialisation sauvage et du soutien idéologique indéfectible qu’elle reçoit des dirigeants du système. La mondialisation a en effet provoqué, avec la désindustrialisation, un transfert de richesse des pays européens vers les pays émergents, qui se traduit par un appauvrissement relatif de l’Europe (…) nos gouvernants, qui n’ont cessé de vanter les mérites de cette mondialisation, n’ont jamais voulu admettre cette terrible vérité. »

Ce qui pose bien sûr la question de la mise en place d’un protectionnisme intelligent à nos frontières, auquel une majorité de nos compatriotes est favorable dans les récentes enquêtes d’opinion –voir notre article du 14 octobre dernier. François Thuillier résumait parfaitement le 24 novembre dernier l’alternative qui s’ouvre aux peuples de l’UE dans un article publié sur le site Polemia : « Ou bien on remet en cause la mondialisation sauvage par une régulation réelle aux frontières de l’Europe qui permettrait de réindustrialiser notre continent et de retrouver une prospérité suffisante pour résorber nos dettes. Ou bien on laisse les frontières grandes ouvertes et il faudra alors se résoudre, contraint et forcé, à réduire le niveau de vie et de protection de nos compatriotes et à organiser l’appauvrissement et donc la régression inexorable des nations européennes. »

C’est ce message crucial, martelé par le Front National depuis le début des années 90 qu’il s’agit aussi de rendre audible au cours de cette campagne présidentielle. Car il y a un risque, paradoxal peut être, qui pèse sur la candidature de Marine et qui a été pointé par Bruno Gollnisch. A savoir que cette crise suscite un réflexe légitimiste, conservateur, de mauvais aloi, pouvant faire redouter aux Français un vrai changement de politique; une crainte qui serait susceptible de favoriser le pouvoir en place… et sur laquelle table le Système UMPS.

Quitter la version mobile