Hier en meeting dans la capitale phocéenne le candidat socialiste s’est adressé « aux cités » sur le mode communautariste et clientéliste prescrit par le think-tank socialiste Terra nova : « Je salue Marseille et tous ceux qui l’ont peuplé (…) Je pense aux Juifs et aux Arméniens, Algériens, Sénégalais (…) Je pense aussi aux Italiens chassés par la misère et le racisme … Soyez fiers de votre ville et votre histoire à l’image de Gaston Deferre… »
François Hollande a promis également de ne plus placer les familles d’immigrés clandestins en centre de rétention et de déverser une manne financière encore plus importante dans les zones plurielles. Il a ainsi reproché à M. Sarkozy de ne pas avoir fait aboutir le « plan Marshall pour les banlieues » concocté par Fadela Amara. Toujours dans le catalogue des menaces, ce partisan du droit de vote des immigrés a brandi la grosse matraque en exigeant une dispersion de l’immigration à l’ensemble des villes françaises : « je porterai de 20 à 25 % le nombre de logements sociaux par commune et je multiplierai par cinq les amendes. »
Certes, le sarkozysme n’est pas en reste, quand il s’agit de manger à tous les râteliers et de miser sur tous les tableaux à la fois celui du patriotisme, du protectionnisme, tout en rassurant les « milieux qui comptent » sur la poursuite de la mise en place d’une société « métissée et ouverte » à tous les mauvais vents de la mondialisation. Quitte à se prendre les pieds dans le tapis.
Suite aux informations révélées mardi par Le Canard Enchainé, Le Parisien s’arrêtait à son tour sur « ce bus affrété par l’UMP emportant à son bord uniquement des fidèles musulmans pour participer au meeting géant du candidat Sarkozy (à Villepinte). La scène s’est répétée une quinzaine de fois dimanche dernier en Seine-Saint-Denis, vingt-cinq fois en Ile-de-France. » Une opération « confirmée par le secrétaire général de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93), M’Hammed Henniche, qui a participé (à celle-ci) ».
« En octobre, Patrick Karam (NDLR : en charge de la diversité pour le candidat Sarkozy) m’a demandé à être mis en contact avec des mosquées et des associations musulmanes explique encore M. Henniche au Parisien. En janvier, il est revenu pour nous demander d’organiser une démonstration de force avant les élections. Nous avons passé le message : beaucoup d’associations ont accepté de jouer le jeu. Et puis la polémique sur la viande halal a affaibli la dynamique. »
Patrick Karam est-il encore indiqué, défend « une démarche républicaine ». « Je refuse tout marchandage, je ne parle pas aux salafistes ou aux Frères musulmans. Je cherche simplement à faire revenir dans la République les exclus de la politique» a-t-il déclaré.
Rappelons que M. Karam, ex délégué interministériel « à l’égalité des chances des Français d’outre-mer», défend avec moins d’hypocrisie que certains dirigeants sarkozystes, une vision communautariste totalement assumée. Il fut chargé lors des dernières élections régionales en Ile-de-France, à la demande de la tête de liste UMP Valérie Pécresse, de draguer le vote des domiens et plus largement des franciliens de couleurs en sa double qualité de guadeloupéen et d’homme ayant « une sensibilité d’extrême gauche. » « On a l’intention de jouer un rôle majeur dans la campagne, de faire basculer le vote en région parisienne, et l’élection devra beaucoup aux Français des diversités », déclarait-il alors…on a vu le résultat.
Au cours de cette même élection, M. Karam avait réuni sur la péniche de campagne de Mme Pécresse, des représentants des communautés africaines, antillaises, arméniennes, asiatiques, comoriennes, haïtiennes , indiennes, libanaises, maghrébines, mahoraises et réunionnaises. Une démarche clientélo-communautariste, trahissant la vision d’une France atomisée, que l’on retrouve trait pour trait dans le discours marseillais de M. Hollande.
Mais schizophrénie et/ou double langage, cette démarche de l’UMP est en tout cas vouée à l’échec puisque les électeurs d’origine extra-européenne sensibles à ce type de racolage préféreront toujours, en tout cas très majoritairement, voter pour une gauche supposée plus généreuse et laxiste que pour une droite supposée plus ferme car obligée, même a minima, de tenir compte du poids électoral du FN.
Electeurs qui, espère plus largement Bruno Gollnisch, ne se laisseront pas abuser et seront confortés après la mascarade de Villepinte dans leur volonté de préférer l’original à la copie.