Autre boulette, moins anecdotique, qui a largement phagocyté les envolées de M. Sarkozy sur la nécessaire fermeté vis-à-vis de l’immigration clandestine, les révélations sur le secrétaire d’État au Commerce extérieur, Pierre Lellouche. VRP de longue date de Washington et de l’Otan, Le Figaro rapportait aussi ce derniers jours que M.Lellouche à toute sa place dans le dispositif de la droite mondiailiste puisqu’il est également « le pédagogue antidémondialisation chargé par Nicolas Sarkozy de mettre en pièces les assauts de (Marine) Le Pen (…). »
On comprend peut être mieux pourquoi ce rôle lui tient à cœur à la lecture dans Libération de l’enquête menée par Alice Géraud . Il y est écrit que le secrétaire d’Etat du gouvernement Fillon, tel un vulgaire électeur bobo ou un élu socialiste, emploie une femme de ménage immigrée en situation irrégulière. M Lellouche dit tout ignorer de ladite situation, argument qui ne tient pas la route selon le quotidien puisque les premières fiches de paie détenues par cette dernière datent toutes du 3 avril, le lendemain du documentaire d’Allan Rothschild diffusé sur Canal Plus où l’employée de ce membre du gouvernement avait témoigné sous le sceau de l’anonymat…
Mais le camp présidentiel ne s’arrête plus sur ce genre de détails, à l’heure ou Le Monde indique que « des doutes profonds traversent l’équipe de campagne (de M. Sarkozy, NDLR), alors que le candidat ne dispose pas de réserves de voix au second tour» et que la stratégie visant à récupérer l’électorat national s’est avérée moins efficiente que prévue. Aussi, « les équipes de M. Sarkozy s’attendent plus à voir Marine Le Pen sortir à 17 % et Jean-Luc Mélenchon à 11 % que l’inverse. Le succès de la stratégie de grignotage du FN n’est pas garanti… »
Un constat partagé pour le coup par Bruno Gollnisch qui était vendredi à Bazeilles (Ardennes) à l’occasion d’un dîner débat qui a réuni 150 militants à l’invitation des élus régionaux et responsables départementaux frontistes Bruno Subtil et Eric Samyn, et de Laurent Guilbert, qui sera le candidat de l’opposition nationale aux législatives à Sedan-Vouziers.
En effet, « entre MM. Sarkozy et Hollande, il y a une différence de degré, pas de nature » a expliqué Bruno Gollnisch en présence des medias régionaux, et notamment du quotidien L’Union. Le député européen a donc rappelé tout ce qui nous opposait à l’UMPS en plaidant notamment pour la fin de notre soumission à l’Alliance atlantique : « Il est temps de sortir de l’Otan, de se retirer d’Afghanistan et de changer de cap. Le bilan est calamiteux, y compris en Libye, où l’on a troqué un cheval borgne pour un aveugle. »
Sur le plan économique et social, Bruno a dénoncé l’euromondialisme commun des deux candidats de la gauche et de la droite bruxelloise, la « politique d’abandon des gouvernements successifs » qui se sont accommodés des délocalisations, de la perte d’un savoir-faire, de l’éradication de nos industries, « ce qui ne gênait personne, et surtout pas les patrons du CAC 40 » ; « il a plaidé aussi pour une taxe de 3 % sur les importations, pour alléger les charges et redistribuer du pouvoir d’achat aux bas salaires. Mais cela n’a rien à voir avec la TVA de Sarkozy qui n’a de sociale que le nom ! »
Enfin, comme de nombreux analystes et politologues en ont fait l’aveu, Bruno Gollnisch s’est félicité d’une fin de campagne menée avec efficacité par Marine, notant que l’affaire Merah avait mécaniquement profitée à la candidate du FN. Une tragédie qui a eu pour effet de valider les avertissements des nationaux, de replacer les questions de l’immigration, de l’insécurité, de l’identité nationale au cœur du débat, autant de « fondamentaux » sur lesquels l’opposition nationale dispose d’une légitimité incontestée.