A l’heure ou nous écrivons ces lignes, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, sur 45,2 millions d’inscrits, mais avant la comptabilisation des votes des Français de l’étranger (1,15 million d’ inscrits sur les listes électorales consulaires), François Hollande a réuni 28,63% des suffrages, devant Nicolas Sarkozy 27,08%, premier président sortant de la Vé République à être devancé au premier tour. Certes, les victoires à cette première manche de François Mitterrand en 1974 et de Valery Giscard d’Estaing en 1981 n’avaient pas eu d’issues heureuses pour eux dans les duels finaux, mais le candidat Sarkozy sort inéluctablement affaibli de cette première confrontation.
Marine parvient à totaliser 18,01% des voix, elle arrive en seconde position dans quinze départements, en première dans le Gard (avec plus de 25%), réalise son meilleur score régional en Picardie (25,03%) et au niveau départemental dans le Vaucluse (27,03%). Elle distance largement au niveau national Jean-Luc Mélenchon (11,13%) et François Bayrou (9,11%). Les autres candidats en lice sont réduits au rôle de figurant : Eva Joly (2,28%), Nicolas Dupont-Aignan(1,80%), Philippe Poutou (1,15%) Nathalie Artaud – (0,57%), Jacques Cheminade ( 0,25%)…
Les reportages publiés par les journaux et les différents médias, ont relayé les propos de certains militants frontistes, présents salle Equinoxe hier soir, qui ont manifesté leur déception de ne pas voir Marine au second tour ou dépasser la barre des 20%. Ils ont accusé notamment les sondages d’avoir minimisé le score final de Marine et démobilisé ainsi de nombreux électeurs potentiels. Il est clair que les sondeurs se sont (beaucoup) trompés, notamment sur le taux de participation plus fort qu’indiqué (plus de 80% de votants, au lieu des 30% d’abstentionnistes supposés) et bien sûr sur le résultat de la candidate de l’Opposition nationale, même si les votes hier des 20-25% « d’indécis » repérés dans les dernière enquêtes, ont forcément joué un rôle, difficile à comptabiliser en amont…
Pour autant, sur le site du magazine Le Point, « Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite, affirme que le score de Marine Le Pen est un mini-tremblement de terre sur la scène politique française.»
« À titre de comparaison rappelle le magazine, en 2002, Jean-Marie Le Pen avait obtenu 16,86 % des suffrages (4 800 000 voix, NDLR) tandis que son ancien bras droit devenu son rival, Bruno Mégret, lui aussi candidat, avait recueilli 2,34 % des voix (667 000 voix) . L’extrême droite avait donc totalisé 19,20 % des voix lors de ce scrutin. En 2007, Jean-Marie Le Pen, victime de la campagne très droitière menée par Nicolas Sarkozy, avait chuté à 10,44 % des suffrages (3 834 000 voix, NDLR). » Ce 22 avril Marine a obtenu 6,4 millions de voix, soit près de 900 000 de plus que Jean-Marie Le Pen lors de son second tour face à Jacques Chirac il y a dix ans…
Un certain nombre de commentateurs ont noté que cette poussée du FN a pu être contenue par la stratégie du conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, qui a incité son candidat à droitiser son discours, à « parler au peuple ». D’autant que beaucoup d’analystes indiquent aussi que ce succès de Marine s’explique par le fait qu’elle répond aux préoccupations principales de l’électorat traditionnel du FN qui sont l’immigration, l’insécurité et le pouvoir d’achat.
Ce serait d’ailleurs selon les mêmes spécialistes, la remise en avant par Marine de ses fameux fondamentaux au lendemain de la tragédie de Toulouse qui expliquerait cet éclatant succès. Paradoxalement, c’est d’ailleurs cette forte droitisation du pays qui laisse espérer à l’UMP une petite chance de victoire le 6 mai prochain, face à un candidat socialiste plus laxiste sur l’immigration, favorable au droit de vote des immigrés ou encore au mariage homo…
Nous avons dit et répété ces derniers mois sur ce blog qu’il fallait cultiver la vertu du doute au sujet des sondages, que le vote national était lié plus que jamais à notre opposition frontale à la submersion migratoire et aux maux qu’elle engendre ; nous avions encore raison lorsque nous avons pronostiqué que M. Mélenchon ne se relèverait pas de l’attitude qui fut la sienne au moment de l’affaire Mérah.
Dans ces conditions, si la révolte populaire et patriotique a été portée par Marine, Jean-Luc Mélenchon a lui lourdement échoué dans sa tentative de captation du vote de la France d’en bas. Ce qui fut sa force ces derniers mois (c’est le seul candidat qui a doublé hier les intentions de vote dont il était l’objet en début de campagne) fut aussi sa limite. A savoir que ce tribun de premier plan, au verbe haut, a axé toute sa stratégie sur une attaque violente de la droite nationale. Une offensive avec laquelle il ne pouvait espérer mobiliser le pays réel, paupérisé et en voie de tiers-mondisation accélérée, et qui fait de la défense de son identité menacée une question centrale…
Comme l’a dit Bruno Gollnisch dès hier soir, à partir de ce socle des voix qui se sont portées sur Marine, il s’agit maintenant de construire, de bâtir pour la France et les Français d’abord. Bref , « Il faut transformer l’essai aux législatives », compétition dans laquelle Bruno s’est lancé avec un solide appétit et de grandes ambitions. La campagne ne fait que commencer !