Site icon Le blog de Bruno Gollnisch

Sacré Gérard ! Pauvre UMP !

Dans les années 80, lors des défilés Jeanne d’Arc à Paris, il n’était pas rare de voir des militants facétieux brandir des pancartes demandant à « Alain » (Madelin) ou à « Gérard » (Longuet) de payer « leur cotise », les renvoyant ainsi à leur passage (actif) dans les rangs de l’extrême droite (Occident) mais aussi du FN pour M. Longuet. Il participa notamment à l’élaboration du premier programme du Mouvement de Jean-Marie Le Pen, notamment de son chapitre économique. Depuis M. Longuet comme beaucoup de ceux qui ont eu son parcours et qui ont rallié les partis de l’établissement, a donné beaucoup de gages en tenant des propos très durs voire outrageants vis-à-vis de l’opposition nationale.

En février dernier tout le monde félicitait Gérard Longuet quand il expliquait, à l’instar des officines antinationales : « Pourquoi les maires — il y en a 36.000 — pourquoi il n’y en a pas 1% d’entre eux qui acceptent de signer pour Mme Le Pen ? Sans doute parce qu’elle dit des choses difficiles et inacceptables »

Dans un entretien divulgué hier accordé l’hebdomadaire Minute, qui titre en Une sur la nécessité de « faire barrage à François Hollande » le 6 mai, l’actuel ministre de la Défense fait cette fois « scandale » en affirmant qu’ « Il y a une différence notable entre Marine Le Pen et son père. Tout le monde sait que je connais Jean-Marie Le Pen et il est certain que ce dernier n’a jamais pu résister au plaisir des provocations. Sa fille ne souffre pas de ce handicap et nous n’aurons pas, avec elle, de Durafour crématoire et autre détail. Il sera désormais possible de parler de sujets difficiles avec un interlocuteur qui n’est pas bienveillant, mais qui, au moins, n’est pas disqualifié.»

Il n’a pas été jusqu’à dire dans les colonnes de l’hebdomadaire s’il était partisan d’une alliance avec le FN pour faire justement barrage à la gauche socialo-communiste. Il a préféré botter en touche en énonçant quelques vérités qui ne mangent pas de pain : «la gauche n’a jamais eu aucun droit moral à nous imposer quoi que ce soit », au vu des « millions de morts » provoqués par les régimes communistes. Et. « Pour le présent, entre la fesse et le fric, entre DSK et Guérini, la gauche n’a de leçon de morale à donner à personne! » affirme-t-il sans crainte d’être contredit.

M. Longuet évoque encore le score « très respectable » (sic) de Marine au premier tour, lance un appel aux « patriotes », qui doivent « faire bloc » contre François Hollande et « la politique qu’il prône en matière d’immigration ». Il opéré aussi la distinction classique entre les immigrés « les plus courageux », qui viennent en France pour « des perspectives économiques », et « les moins courageux » attirés, par « des avantages sociaux ». Sans bien voir d’ailleurs que dans un pays qui compte des millions de chômeurs et de pauvres, même les immigrés courageux, n’ont plus vocation à venir en France…

Ce simple entretien, bien anodin, a suscité une tempête bien ridicule…mais révélatrice de la persistance de la diabolisation. Responsable de l’organisation dans la campagne de François Hollande, Stéphane Le Foll, a déclaré sur Europe 1 que « la droite française aura un choix, celui de basculer vers une ligne extrêmement dure ou de rester une droite républicaine. Vous avez déjà noté que Gérard Longuet avait fait son choix. Il sera dans une droite proche de l’extrême droite. »

Un pseudopode du PS, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), a appelé « les dirigeants de la droite républicaine à dénoncer toute stratégie d’alliance avec le Front National ». «Considérer le FN comme un interlocuteur possible, c’est mettre en cause les acquis fondamentaux d’une lutte contre l’extrême droite »

Dans son propre camp, M. Longuet est copieusement éreinté : l’ex-ministre UMP de la Justice, Rachida Dati, s’est dite « choquée » : « Je n’adhère absolument pas au fait qu’on puisse dire que Mme Le Pen est un interlocuteur. (…) De même que je suis pour l’intégration des immigrés venus légalement en France, et non pas pour le tri entre bons et mauvais immigrés. »

Ministre du travail et membre de la secte du Grand Orient, Xavier Bertrand a enfoncé le clou sur France 3 soulignant qu’il « ne pense pas » que la présidente du FN soit « un interlocuteur » possible pour l’UMP. « Je l’ai toujours dit. Ma position est constante. Le prénom a peut-être changé mais le reste n’a pas changé. »

Le (catastrophique) ministre de l’Education nationale, Luc Chatel a renchéri sur BFM TV : « Marine Le Pen n’est pas plus un interlocuteur à mon sens que ne l’était son père. »

Même son de cloche des autres bobos de l’UMP comme Valérie Pécresse : « Non, non, jamais, il n’y a jamais eu d’alliance (…) et il n’est pas question de s’allier avec le Front national. Je crois que Marine Le Pen n’est pas plus un interlocuteur que son père. » Quant à l’inénarrable Rama Yade, ex-secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, elle a qualifié de « faute » les propos de M. Longuet, ajoutant qu’ »il n’y a rien de patriotique au Front National, un parti qui abaisse la France » !

« Comment peut-on déjà accorder une interview à Minute ? Et comment peut-il dire une chose pareille sur Marine Le Pen alors qu’elle fait tout pour faire battre Sarkozy ? a réagi, offusquée, une source gouvernementale » rapporte Le Figaro. Le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, affirme dans ce même quotidien qu’il n’accorderait jamais d’entretien à cet hebdomadaire…feignant d’ignorer que depuis 2002, des dizaines d’élus UMP se sont livrés à l’exercice dans les colonnes de Minute! « Il n’y a jamais eu – c’est l’honneur de la droite – et il n’y aura jamais d’alliance avec l’extrême droite », explique encore M. Copé dans Le Figaro ce mercredi.

Gérard Longuet y a donc été de son mea culpa sur BFM en précisant ultérieurement qu’il ne cautionnait en rien « le programme extrême et incohérent du FN ». Invitée d’Europe 1 et interrogée sur cette polémique, Marine n’a pas manqué de relever plus globalement que « M. Longuet n’est pas l’arbitre des élégances, et ce n’est pas à M. Longuet, ni à personne d’autre, de considérer que mes électeurs sont ou ne sont pas républicains, qu’ils méritent d’être méprisés ou pas méprisés, qu’ils méritent d’être dans la République ou pas dans la République. »

Enfin, Bruno Gollnisch constate que la schizophrénie de l’UMP, sa navigation à la godille, ses contradictions mortifères, ses insultes et son comportement hautain vis-à-vis du FN, ressemblent à un suicide et ne rendent pas la tâche aisée pour ceux des électeurs nationaux qui, dans un réflexe anti socialo-communiste, seraient tentés de voter Sarkozy le 6 mai.

Quitter la version mobile