Sur le site de l’hebdomadaire Marianne, Aurélie Rossignol a manifesté une attention touchante à l’égard de Bruno Gollnisch en s’inquiétant de ce que celui-ci « a dû passer un sale quart d’heure » (sic). Il se serait « fait rappeler à l’ordre » par Marine au sujet de la fameuse « liste noire » évoquée par une journaliste et attribuée à un FN se livrant à de sombres machinations contre les gentils élus de UMP –voir nos articles publiés hier. La journaliste de Marianne a sifflé surtout une partition assez peu originale, consistant à douter de la possibilité pour les électeurs du FN de faire battre dans leurs fiefs respectifs, lors des législatives de juin, les personnalités de l’UMP qui ont eu de propos désobligeants vis-à-vis de l’opposition nationale et /ou annoncé qu’ils voteraient pour la gauche en cas de duels au second tour entre un candidat du FN et un candidat de gauche…
Pourtant, en 1997, ces mêmes électeurs frontistes avaient fait mordre la poussière à Jean-François Copé dans sa citadelle de Meaux, mais aussi notamment à Eric Raoult, les exemples furent alors très nombreux…
Cet article indique également que « la menace de Bruno Gollnisch » « est même apparue comme contre-productive, à l’heure où Marine Le Pen veut s’imposer comme un leader capable de recomposer la droite autour de ses positions. »
C’est là également ne pas comprendre (?) les propos de Bruno comme ceux de Marine qui sont dans la parfaite continuité de ce qui est depuis toujours l’attitude de l’opposition nationale vis-à-vis de la « droite ». Déjà en 1998, Bruno Gollnisch avait été l’artisan, avec l’accord de Jean-Marie Le Pen et du Bureau Politique, de l’opération visant à faire élire plusieurs présidents de région de « droite » avec l’appui du FN pour faire barrage aux socialo-communistes.
Une stratégie dont il a failli résulter une redistribution générale des cartes de la vie politique française, qui avait achoppé officiellement sur l’opposition de Jacques Chirac et des (vrais) dirigeants du RPR … mais qui révéla la duplicité de l’Etat-major de la droite mondialiste. Les présidents de région élus grâce à l’appui du FN furent ostracisés, vilipendés, poussés à la démission par l’ensemble de la gauche… et de la droite libérale. En refusant la main tendue par le FN, du fait de ses engagements que l’on connaît, elle exposa au plus grand nombre sa nature profonde…
Ici, la situation est certes différente mais la présidente du FN l’a rappelé dans un entretien accordé à Valeurs actuelles et sur RTL, « tout élu UMP qui appellerait à voter pour (un candidat national) serait immédiatement exclu » -ce qui a été bien évidemment confirmé par M. Copé. Pour autant, « si discussions il doit y avoir (entre l’UMP et le FN) c’est à la base. » « Nous regarderons au cas par cas, notamment la sincérité du candidat UMP qui nous proposerait une telle entente. Je ne suis pas fermée, a priori, à ce type de discussions ». « Nous sommes prêts à avoir une discussion avec eux, dans le cadre d’un second tour où nous ne serions pas présents bien entendu »a-t-elle précisé
Si Nicolas Dupont-Aignan vient de refuser cette main tendue par Marine qui concernait également son petit parti, là encore l’attitude de l’Etat-major l’UMP, « une auberge espagnole sans ligne politique », a éclaté au grand jour. Particulièrement dans les derniers moments de la campagne, notamment avec cette déclaration de Nicolas Sarkozy, le 25 avril 2012 à Cernay, expliquant que « les candidats de l’UMP en position de se maintenir au second tour des législatives face à un candidat du Front National le feront (…) C’est un piège dans lequel je ne tomberai pas ».
Marine a souligné qu’elle pensait justement que si M Sarkozy « avait déclaré qu’entre un candidat PS et un candidat FN aux législatives, il aurait voté en faveur du candidat FN, il aurait été réélu »
Certes, nous touchons de nouveau du doigt ici les raisons profondes qui poussent l’UMP à préférer la défaite à la victoire. Le Bulletin d’André Noël rappelle fort opportunément que jusqu’ici « On nous disait que c’était à Jean-Marie Le Pen que la faute en incombait. Décidément infréquentable avec ses « dérapages » verbaux, ses jeux de mots douteux et ses nostalgies, il était hors de question de frayer avec lui. »
« Mais sa fille, elle, a rompu avec tout cela ! Lève-t-on alors l’interdit ? Nullement, Nicolas Sarkozy, à la fin de sa campagne, l’a réaffirmé et sa porte-parole Nathalie Kosciusko-Morizet, l’un des artisans de sa défaite, a expliqué qu’en cas de duel entre un socialiste et un frontiste, elle voterait pour le premier. Comment justifier cela si ce n’est par une connivence idéologique entre la gauche et la droite libérale ? «
« Mais le diable porte Pierre . Cette victoire de la gauche, si triste et inquiétante soit-elle, ne peut que provoquer un sursaut et donc une recomposition des droites, sauf à installer la gauche pour au moins une décennie en France pour le plus grand malheur de notre pays » prédit et espère cet article. « Rappelons que François Mitterrand a été quatorze ans au pouvoir après sa victoire de 1981 à cause de cet ostracisme et battu pourtant à certains moments des records d’impopularité. Souvenez-vous des conditions de la démission d’un certain Charles Milon qui avait accepté les voix du FN lors des élections régionales de 1998… »