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Grèce : plus dure sera la chute

athenesBruno Gollnisch l’a constaté comme beaucoup, pendant la campagne présidentielle un consensus muet s’est établi dans les médias et chez les deux principaux candidats du Système pour ne pas parler DU sujet qui fâche, en l’occurrence de la pérennité de la zone euro, plus que jamais menacée. Il s’agissait aussi de ne pas donner du grain à moudre à ceux qui, comme au Front National, sont classés dans le camp des eurosceptiques, à ceux qui doutent légitimement de la viabilité de la construction bruxelloise sous sa forme actuelle. Or la terre n’a pas arrêté de tourner ces derniers mois. La dégradation de la situation de la Grèce que nous avions annoncée, relayant ici les analyses de nombreux économistes, s’est matérialisée brusquement avec le résultat des élections législatives dimanche.

Les deux partis dominants à la Vouli, (le Parlement grec) et qui se partagent tous les pouvoirs depuis quarante ans (ça ne vous rappelle rien ?) , les conservateurs de Nouvelle Démocratie et les socialistes du Pasok, ont vu le cumul de leur score s’effondrer , passant de 77% des voix aux élections de 2009 à un petit 32%.

Les cinq autres partis qui ont fait campagne contre l’austérité, tous vent debout contre les conditions de l’aide internationale à la Grèce et  les représentants de la « « troïka » européenne (Union européenne, FMI et Banque centrale européenne),  ont remporté de nombreux suffrages.

Antonis Samaras,  dirigeant de Nouvelle Démocratie qui a recueilli moins de 20% des voix,  s’est trouvé dans l’impossibilité de regrouper une majorité de parlementaires. Alexis Tsipras, le « Mélenchon grec », à la tête de la coalition d’extrême gauche anti austérité Syriza, qui devance le Pasok avec 18% des voix, a dû lui aussi renoncer hier à former un gouvernement. Evangélos Vénizélos du Pasok, a repris le flambeau jeudi  et va tenter dans les prochaines heures de  monter une alliance entre partis pour obtenir une majorité absolue au sein des 300 parlementaires.

En cas d’échec il faudra retourner aux urnes, mais qui peut prédire que les Grecs voteront différemment dans quelques semaines ou dans quelques mois ?

Bien sûr les médias ont aussi fait leur choux gras de l’entrée au parlement de deux partis nationalistes, dont une dizaine d’élus pour le Laos (« Alerte populaire orthodoxe », Laos étant un acronyme signifiant peuple ) mais qui avait obtenu 16 députés aux législatives de 2007, premier mouvement de la droite nationale hellénique à entrer au parlement depuis 1982. Un score en retrait dimanche dernier, puisque les électeurs lui ont fait payer sa participation au gouvernement d’union nationale mis en place ces derniers mois, dont le principe avait  été approuvé par une partie du Laos.

Mais c’est bien sûr l’arrivée au parlement du mouvement dit néo-nazi appelé l’Aube dorée, dirigé par Nikos Michaloliakos, qui a obtenu 6,9% des voix et une dizaine de députés (les mouvements néo-nazis seraient donc autorisés en Grèce et notamment à concourir aux élections ? ) qui a créé l’effervescence médiatique. Un nom de parti en tout cas aux références assez peu…orthodoxes puisque l’Aube Dorée fut le nom d’une société secrète anglaise (Golden Dawn) fondée à Londres par William Wynn Westcott en 1888, se présentant alors comme une école consacrée à l’étude et à  l’enseignement des sciences occultes…

Toujours est-il que si les résultats de ce scrutin ont fait tousser les bruxellois, lesquels ne manquent pas de rappeler que si la Grèce sous pavillon de l’Euroland ne reçoit plus l’aide d’un montant total de 130 milliards d’euros décidée  dans le cadre du plan de l’UE et du FMI, elle fait faillite. Une somme de 4,2 milliards d’euros a été versée à la Grèce jeudi par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), un autre milliard d’euro sera donné plus tard «en fonction des besoins de financement de la Grèce».

Car la Grèce (et François Hollande par la même occasion) a été prévenue dés mercredi par la voix du ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle. Athènes se verra couper les vivres si elle renonce à l’austérité. «L’Allemagne aimerait que la Grèce demeure dans la zone euro mais le fait de savoir si elle y restera ou non n’est pas de notre ressort»a déclaré M. Westerwelle.

Alors, le quotidien La tribune le rappelait cette semaine,  « la question de la sortie de la Grèce de la zone euro se pose de façon de plus en plus concrète » et « n’est plus taboue ».

Certes,  « sur les marchés, une sortie de la Grèce créerait un précédent extrêmement dommageable pour les autres pays. Très clairement, les investisseurs ne seront pas incités à prêter au Portugal, à l‘Irlande ou même à l’Espagne s’il y a un risque qu’ils abandonnent un jour l’euro résument les économistes d’Aurel BGC. De quoi dissuader les gouvernements de la zone de laisser la Grèce retourner à la drachme. Au moins pour un temps. »

Mais «pour les pays européens, un des avantages indéniable de la sortie de la Grèce de la zone euro serait de mettre un terme à la fuite en avant consistant à allouer toujours plus de moyens au sauvetage du pays. Elle entraînerait néanmoins des pertes immédiates importantes pour les Etats de l’Union européenne et le FMI (qui se retournerait vers les Etats), dont tout ou partie des créances ne seraient pas remboursées. Sans parler de l’exposition de la BCE… »

« Une chose est sûre est-il encore relevé: pour les tenants de la construction européenne, une sortie de la Grèce créerait le doute sur la viabilité même du projet d’intégration. Mais dans le meilleur des cas, l’incapacité à trouver une solution pour un pays qui ne représente que 2,5% du PIB de la zone euro pourrait peut-être aussi inciter Bruxelles à davantage prendre en compte les attentes des citoyens européens. »

Quant à la monnaie unique en elle-même, le site Agefi le notait, relayant l’enquête PMI de Markit pour le mois d’avril, « l’activité en zone euro se dégrade à un rythme rapide (…) La demande intérieure est mal orientée, et la croissance mondiale pas assez forte pour sortir la zone euro de l’ornière... »

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