« Evacuer nos 3 400 soldats ne devrait nécessiter qu’une douzaine de rotations d’Airbus Paris-Kaboul. Mais c’est le matériel qui pose un problème (…) : 900 véhicules (dont 500 blindés), 1 400 conteneurs, 3 Mirage 2000 et 14 hélicoptères. Techniquement, ce retrait prendra du temps et coûtera cher. D’autant plus que la France ne dispose pas d’avions-cargos et devra sans doute louer des Antonov à 35 000 € l’heure de vol. La France pourrait aussi se heurter à l’engorgement des aéroports de Kaboul et de Bagram par lesquels transitent les 23 000 soldats américains devant quitter le pays d’ici à la fin de septembre.»
Sur le blog Secret défense, Jean-Dominique Merchet indiquait qu’ «il y aura toujours des militaires français en Afghanistan en 2013… et sans doute après. Tout l’enjeu est de trouver la bonne formule, celle qui satisfera tout le monde : les Afghans, les militaires français, les Américains, la gauche française, etc. C’est avant tout une question de vocabulaire : à la Maison Blanche, François Hollande a évoqué le retrait des troupes combattantes. Celles qui resteront seront-elles des troupes non-combattantes? »
Europe 1 signalait encore que « des garanties sur trois sujets » ont été données par les socialistes à Barack Obama, des « engagements (qui) ont été reformulés au mois d’avril à Bruxelles, devant les responsables de l’Otan. C’est ce qui a permis que le sommet de Chicago soit considéré comme un succès diplomatique. »
Les «garanties» en questions sont « d’abord que François Hollande élu ne sortirait pas la France du commandement intégré de l’Otan. Ensuite, que le départ d’Afghanistan ne serait pas une retraite et que les troupes françaises resteraient dans la coalition jusqu’en 2014. Enfin, que la France ne s’opposerait pas par principe au projet de bouclier antimissile, le grand projet des États-Unis»
Et il est d’ailleurs intéressant de noter que la sortie du guêpier afghan occulte opportunément ce ralliement français au développement du système ABM, au projet yankee de bouclier antimissile en Europe. Une mesure soi-disant essentielle pour protéger les populations des menaces balistiques des « Etats voyous » selon la terminologie américaine, et notamment de l’Iran.
Sur le blog Réalpolitik.tv, Emmanuel Archer, expert français installé à Moscou, indiquait qu’ «en février 2012, ( Vladimir) Poutine alors encore premier ministre déclarait que le bouclier antimissile américain qui est en train d’être déployé en Europe, vise la Russie ».
La Russie a en effet « proposé à plusieurs reprises une alternative plus efficace consistant au déploiement de missiles intercepteurs à proximité immédiate des frontières de l’Iran, en Turquie, au Koweït, ou même encore en Irak. Propositions restées lettres mortes. Ensuite parce que la Russie ne partage pas les craintes des États-Unis concernant la politique extérieure iranienne. Enfin, parce que nombre de spécialistes s’accordent à dire que l’Iran ne possède ni la technologie ni le potentiel industriel permettant de concevoir et de fabriquer des missiles intercontinentaux capables de parcourir les quelques 10000 Km qui les séparent des États-Unis. »
«La confiance que la Russie accorde aux États-Unis et à l’Otan est aujourd’hui sapée par de lourds antécédents », elle « reste méfiante sur la politique étrangère du BAO, à qui elle reproche une attitude générale belliciste et d’ingérence. »
Moscou « n’a pas digéré les libertés que l’Otan a pu prendre en Libye pour renverser le gouvernement en place » et « le refus de l’administration américaine de fournir des garanties juridiques attestant que le système déployé ne sera pas dirigé contre les forces de dissuasions russes, inquiète le Kremlin. »
Bref, « la Russie considère que l’implantation du bouclier antimissile en Europe est une tentative de prendre un avantage stratégique structurel décisif sur la Russie au profit de la puissance américaine »
Enfin, M. Archer note que l’implantation du bouclier antimissile en Europe est perçue « comme un danger mortel » par l’Iran, la Russie et la Chine. L’Iran, parce qu’il craint que ce bouclier défensif ne puisse se transformer en un bouclier offensif pour une future attaque contre son territoire. La Russie par sa crainte de voir son potentiel stratégique neutralisé et donc son influence sur la scène internationale diminuer. Et enfin la Chine, qui craint avec l’affaiblissement de ses principaux alliés, de se retrouver dans une situation d’isolement à la fois économique et stratégique. »
Ainsi, l’implantation du système ABM, pourrait devenir (…) le symbole d’une ligne de démarcation, voire même de fracture entre deux conceptions du monde qui s’affrontent aujourd’hui sur la scène internationale. D’un côté celle des américains soutenue par l’Alliance Atlantique, perçue par de plus en plus de pays, comme interventionniste et unipolaire. Et d’un autre côté, celle des pays comme la Russie, la Chine ou encore l’Iran, favorable à un monde multipolaire et à un équilibre des forces.»
En promettant d’ores et déjà à Washington que la France ne s’opposerait pas au projet de bouclier antimissile et resterait au sein du commandement intégré de l’Otan, François Hollande note Bruno Gollnisch a donc donné sa « conception du monde ». Il a confirmé qu’il serait comme son prédécesseur un féal bien soumis au bras armé du Nouvel ordre mondial. Mais le PS et ses dirigeants nous ont-ils déjà donné des raisons d’en douter ?