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Le Front National a-t-il gagné la bataille du vocabulaire ?

Dans son livre «Manifeste pour une droite décomplexée » à paraître vendredi mais dont certains extraits ont déjà  été dévoilés, Jean-François Copé, bien conseillé dans sa stratégie de séduction de la France de droite et patriote par l’ex frontiste  Guillaume Peltier, n’a pas hésité à évoquer l’existence d’un « racisme anti-blanc ». Le MRAP certes (petite révolution),  en avait fait l’aveu il y a quelques mois,  mais c’est surtout parce que cette réalité là était jusqu’alors décrite et analysée uniquement par le Front National  au sein des grands partis, que les commentateurs ont vu dans cette saillie du député-maire de Meaux un  précédent fâcheux.

  « Un racisme anti-blanc se développe dans les quartiers de nos villes où des individus -dont certains ont la nationalité française- méprisent des Français qualifiés de Gaulois au prétexte qu’ils n’ont pas la même religion, la même couleur de peau ou les mêmes origines qu’eux » souligne  ainsi le secrétaire général de l’UMP.  Une réalité que François Fillon, son grand  rival dans la compétition interne visant à   prendre la tête du parti (toujours donné gagnant dans les sondages),  a pris grand soin de ne pas contester…

 Nous rappellerons incidemment que Jean-François Copé, qui découvre aujourd’hui avec 25 ans de retard les ravages du racisme anti-gaulois, participe pourtant de ce climat francophobe lorsqu’il a refusé, à l’instar de  NKM, de  saluer Marion Maréchal-Le Pen lors de la séance inaugurale de la nouvelle session parlementaire.

 « L’intervention de Copé et le soutien de Fillon frappent d’autant plus qu’à l’exception de quelques tentatives marginales, les autres partis n’ont jamais repris à leur compte un sujet considéré comme hautement miné rapporte L’Express. En mars 2005, après des dérapages en marge de manifestations lycéennes, quelques personnalités alors marquées à gauche Bernard Kouchner, l’éditorialiste Jacques Julliard ou le philosophe Alain Finkielkrautavaient bien lancé un appel contre des ratonnades anti-Blancs –une réalité perçue également par  Eric Zemmour, Elizabeth Lévy ou encore Robert Ménard, NDLR…

 « Motif invoqué poursuit cet article,  ne pas laisser aux racistes blancs le monopole de la dénonciation de cet autre racisme. Mais les politiques s’étaient bien gardés de s’associer à une démarche qualifiée de communautaire par de nombreux intellectuels. A l’UMP, la même année, le terme était aussi apparu dans la bouche de l’ex-député de Moselle François Grosdidier, dans un appel à poursuivre sept groupes de rap, coupables selon lui d’inciter au racisme anti-blanc»

 Mais comme souvent à l’UMP, la posture et à comparer aux faits, tant il est vrai que ce parti dit souvent tout et son contraire. Nous avions relevé  que M. Grosdidier, ne fut pas seulement le seul parlementaire à se rendre au  Congrès annuel de l’Union des organisations islamistes de France (UOIF), l’auteur d’une proposition de loi visant à  « à modifier la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat (en permettant) aux collectivités locales de construire des lieux de cultes pour répondre aux besoins de leur population… »

Alors   député-maire  de Woippy (Moselle), cet ancien militant d’extrême-droite avait d’ailleurs financé dans sa commune, avec des fonds publics, la construction d’un  centre islamique et d’une mosquée (dont la gestion a été confiée à une filiale locale de l’UOIF). Une   volonté bien malheureuse au final,  au regard des résultats des dernières législatives,  d’opérer une  OPA  sur l’électorat beur.

 M.  Grosdidier, dans le domaine qui nous intéresse ici,  était surtout au nombre des  80 députés de l’UMP  –notamment  Eric  Raoult, Claude Goasguen,  Nicolas Dupont-Aignan, Thierry Mariani, Richard Cazenave, Guy Tessier…– qui déposèrent en avril 2006 une proposition de loi visant à aggraver la loi liberticide d’essence stalinienne, dite Fabius-Gayssot. Celle là même qui vise notamment à empêcher toute critique de la politique de substitution de population…politique pourtant directement responsable du développement exponentiel du  racisme anti-blanc !

 L’Express  cite encore  le sociologue spécialiste es extrême droite,  Erwann Lecoeur, qui affirme que  la récupération  de  ce constat du racisme anti desouche par MM.  Copé et  Fillon « procède  de la même course à l’échalote des dirigeants de l’UMP qui ont multiplié, depuis 2007, les emprunts sémantiques au Front National. Il y a clairement aujourd’hui une tentative de préempter cette posture par les deux candidats à la présidence de l’UMP, et de parler à une portion de l’électorat frontiste »  analyse-t-il.

 Reste que le relais par des figures du système  d’un  vocabulaire assimilé au FN, Mouvement qui doit aussi  son succès  au fait qu’il   décrit la réalité telle qu’elle est et non telle que l’appréhende le microsome politico-médiatique, est forcement une bonne nouvelle. D’autant que l’original est souvent préféré à la copie.

 Bruno Gollnisch a souvent rappelé que nous devons mener la bataille du vocabulaire, combat  central, essentiel,  pour lutter contre   le  terrorisme intellectuel qui sévit dans notre pays. « Terrorisme intellectuel qui consiste notamment  à mettre en face d’une catégorie de suspects de coupables présumés, la plupart du temps les défenseurs de l’identité française qui refusent l’immigration de peuplement, une catégorie accusatrice, les grands prêtres du culte cosmopolite et autres  autorités morales ».

 « Preuve de cette dérive sectaire et totalitaire, il est d’ailleurs significatif que derrière l’emploi de termes comme  raciste  et  antiraciste , nous ne trouvons pas une doctrine susceptible d’être réfutée. Il s’agit d’une pure logomachie, jusqu’ici d’une surprenante efficacité, bref d’une réussite dans une de ses opérations de guerre sémantique qui caractérise notre époque. »

 Bruno écrivit  il y a quinze ans déjà  une tribune libre dans Le Figaro consacrée justement à « la bataille du vocabulaire », aux mots piégés que veulent nous imposer nos adversaires. Nous n’allons donc pas nous plaindre quand à l’inverse  nos mots sont repris, diffusés, popularisés…Et puisque  les analyses et critiques du FN se diffusent toujours plus avant dans la société française,  il est bon également de rappeler les travaux  du   théoricien  communiste italien  Antonio  Gramsci (1891-1937), qui  a bien vu  que les victoires idéologiques précèdent les victoires électorales.

Nos adversaires  ont lu de longue date les analyses de  Gramsci selon lesquelles   il n’y  a pas de prise possible  du pouvoir politique dans les sociétés développées, sans prise préalable du pouvoir culturel. Prise du pouvoir qui  passe  certes par le contrôle  de l’Etat, mais aussi par un travail idéologique dans la société civile ( la juridiction, l’administration, les différentes corporations, le monde associatif, les médias, le  domaine intellectuel, religieux et moral) qui permet de préparer le terrain,   de mener à bien la subversion des esprits.

 Le pouvoir tombe alors comme un  fruit mûr. La victoire de la gauche en 1981, précédée par le grand basculement de mai 68,  en fut d’ailleurs l’illustration avec une droite qui avait déserté le terrain culturel au sens  large depuis l’après-guerre,  laissant  le  champ libre  à une  gauche hégémonique.

A cette aune, ne nous  cachons pas que la bataille sera rude et que nos moyens paraissent dérisoires eu  égard à l’orientation générale du microcosme  intellectuel , singulièrement verrouillé, et de ses  relais d’opinions qui ne le sont pas moins .

Mais les lignes bougent rapidement  et Jean-Yves Le Gallou se félicitait dernièrement du nombre d’authentiques intellectuels qui sont en train de basculer à droite comme Richard Millet, Christophe GuilluyChantal Delsol, Philippe Nemo, Jean-François Mattéi, Aymeric Chauprade, Michèle Tribalat,  Régis Debray, Jean-Louis Harouel, Jean Clair, Michel Maffesoli, Aude de Kerros, Christine Sourgins

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