Les agences de notation n’émettent pas de simples avis, comme le démontrent amplement les communiqués publiés par Standard and Poor’s et Moody’s après l’accord budgétaire américain : elles jugent des politiques, et veulent dicter leur conduite aux gouvernants et aux parlements, sous menace de sanctions.
Votre règlementation, même si elle vaut mieux que l’inaction, ne change fondamentalement rien à cet état de fait. Tant que tout le système de financement des Etats et de nombreuses entreprises de premier plan reposera sur la désintermédiation et les marchés, une évaluation des risques restera indispensable pour « éclairer » le choix des investisseurs. Et ce d’autant plus que vos tentatives de mieux encadrer l’activité financière ont pour conséquence d’encourager les banques à se désengager. Elles continuent d’officialiser les notations, en cherchant juste à limiter leur impact automatique. Y compris le présent texte.
Pendant encore très longtemps, cette évaluation dépendra donc de trois agences à la crédibilité pourtant entachée, entre autres, par l’affaire Enron et la crise actuelle. Je ne crois ni en la création d’une agence publique européenne, soumise aux conflits d’intérêt avec la Commission et/ou les Etats, ni en la multiplication de petites agences privées qui souffriront d’un déficit de réputation, d’expérience et de surface.
Je crois au changement radical de système.