C’est aussi dans ce contexte que vient d’être publié, dans le quotidien gratuit 20 minutes, un sondage Harris commandé par le Club Averroès portant sur la « diversité en politique ». Un club présidé par Amirouche Laïdi, adjoint au maire UMP de Suresnes, lequel a bénéficié notamment , comme Hakim El Karoui, fondateur du Club XXIe siècle, Karim Zeribi, président de la Régie des transports de Marseille ou encore Sihem Habchi, la présidente de Ni putes ni soumises, des programmes de recrutement développés par le gouvernement américain et relayés par son ambassade à Paris. Ils sont destinés à repérer dans les quartiers pluriels et à former de futurs «leaders français issus des minorités » favorables à Washington.
Au terme de cette enquête rapporte Libération, «deux tiers des Français (66%) ne voient aucune amélioration en matière d’égalité des chances depuis l’élection de François Hollande » ; « 61 % des Français considèrent que la société discrimine les citoyens selon des critères de sexe, d’âge, d’origine géographique ou de couleur de peau ». Toutefois, la majorité des Français se contrefiche d’une « amélioration » de ladite diversité.
Ainsi à la question « la diversité (terme qui renvoie aux citoyens issus de l’immigration est-il précisé) de la population devrait elle être plus, moins ou ni plus ni moins représentée qu’aujourd’hui ? », que ce soit « au gouvernement, à l’Assemblée nationale, au Sénat » ou « dans les organes de direction des partis politiques », 53% des sondés répondent « ni plus ni moins qu’aujourd’hui ». Environ une personne interrogée sur cinq souhaite une représentation de la diversité plus importante « qu’aujourd’hui » ; à l’inverse 22% à 23% des Français interrogées souhaitent à l’avenir une représentation de la diversité « moins présente qu’aujourd’hui. »
Ce sondage tend à prouver implicitement, constate Bruno Gollnisch, le rejet par nos compatriotes de la mise en place de quotas artificiels ou de toute autre forme de « discrimination positive », les Français restant attachés à la méritocratie. Il est d’ailleurs intéressant de relever, et 20 minutes le souligne, que «les personnes dont au moins l’un des deux parents était de nationalité étrangère à leur naissance sont à peine plus nombreuses que la moyenne à revendiquer une meilleure représentation de la diversité : 53 % se disent favorables au statu quo au gouvernement et au Parlement et 54 % au sein des partis politiques. »
Le vrai clivage sur cette question de la diversité est bien d’ordre politique : «La pression de l’opinion publique n’est pas forte sur ce sujet-là, constate Jean-Daniel Lévy, directeur du département opinion d’Harris Interactive. Mais l’opinion est en réalité très polarisée. En effet, près de 48 % des sympathisants de gauche estiment que la diversité devrait être plus représentée au gouvernement ou au Parlement (45 % en ce qui concerne les organes de direction des partis politiques), contre à peine 9 % des sympathisants de droite. »
Autre exemple, nous l’avons vu, si « 61 % des Français estiment que l’égalité des chances (…) ne correspond pas à une réalité en France aujourd’hui (contre 35 % qui pensent le contraire), les sympathisants de gauche se montrent plus pessimistes. 79 % d’entre eux estiment que l’égalité des chances n’est pas effective, alors qu’à droite, une majorité des sympathisants (57 %) pensent qu’elle est une réalité. Cette perception de la société permet d’expliquer que les gens de droite se satisfont davantage de la représentation de la diversité en politique, décrypte Jean-Daniel Lévy. Mais c’est aussi leur regard sur les personnes immigrées qui est différent. »
Amirouche Laïdi, questionné dans ce même quotidien, a dit son souhait de « commander d’autres sondages deux fois par an environ tout au long du quinquennat et au-delà. Et nous nous attendons à ce que l’attente de l’opinion vis-à-vis de la diversité progresse ». Nous ne pouvons pas reprocher à M. Laïdi, une certaine logique, celle de prêcher pour sa vision du monde américanomorphe et obamaniaque, mais il serait plus intéressant d’entendre sur ce sujet les dirigeants de l’UMP…
D’un égalitarisme l’autre, l’Assemblée nationale a adopté le 20 février, malgré l’opposition de l’UMP, de l’UDI, d’EELV, des communistes, du FN, un projet de loi sur les élections locales voulu et défendu âprement par Manuel Valls. Soit la création du scrutin majoritaire paritaire pour les départements, avec deux candidats par canton, un homme et une femme. Ubu pas mort… L’article 3 prévoit la réduction de moitié du nombre de cantons, afin de garder le même nombre d’élus départementaux. Ce projet avait été rejeté par le Sénat en janvier. Les élections cantonales, au terme de cette réforme, seront rebaptisées élections départementales.
A l’évidence remarque Bruno Gollnisch, M. Valls prône la diversité ethnique, mais certainement pas la diversité politique dans les assemblées! Il entend en effet par cette réforme verrouiller à l’avance cette élection pour préserver le Système du danger d’une poussée du FN. Cette réforme sert en effet à asseoir la domination du bipartisme, du PS et de l’UMP. Le parti de MM. Copé et Fillon, a d’ailleurs joué pleinement son rôle de figurant en mimant l’opposition. Or, dans les faits, les avantages pour l’UMPS l’emportent grandement sur les inconvénients –la colère des supplétifs des petits partis servant de forces d’appoints. Faut-il rappeler encore que le mode de scrutin majoritaire en vigueur aux élections cantonales («départementales») donne en effet beaucoup plus de chance aux deux écuries qui se partagent le pouvoir de rafler des cantons. Espérons que ces tripatouillages se retournent rapidement contre leurs auteurs, en cas de tsunami électoral tricolore, la condition nécessaire au redressement de notre pays.