Je me suis abstenu sur ce texte. Le secteur bancaire a effectivement besoin d’une réforme profonde, et le texte contient quelques bonnes propositions. Mais je m’étonne qu’après avoir souligné le rôle de la loi Glass-Steagall dans la résolution de la crise de 1929, et les conséquences désastreuses de son abolition en 1999, sous administration Clinton, tout le rapport consiste en fait à éviter qu’on en vienne à cette solution raisonnable et nécessaire : la séparation réelle des activités bancaires.
Si la législation en préparation à la Commission est conforme à ce qui se dessine dans le rapport, alors le gouvernement français est tranquille : sa réforme cosmétique de la « banque-casino » sera euro-compatible.
Le lobby financier aura gagné. Les activités risquées et spéculatives seront simplement cantonnées dans des filiales, et l’on aura maintenu la garantie publique implicite. On n’aura donc pas changé grand’ chose. Le grand perdant, et grand payeur final, de tout nouvel incident bancaire – et il y en aura – restera le citoyen européen.