Il faudrait ajouter un chapitre au rapport annuel de la Commission sur la politique de concurrence : la concurrence entre travailleurs européens. Non seulement celle qui s’exerce à travers les stratégies d’entreprises, qui en toute légalité européenne, ferment à l’ouest pour délocaliser à l’est au nom de la compétitivité. Mais aussi celle des travailleurs détachés, qui s’exerce au sein de nos pays, dans des activités réputées non délocalisables.
On ne me fera pas croire qu’il faut des travailleurs ukrainiens, recrutés par une entreprise d’intérim française basée au Portugal pour construire la ligne à grande vitesse entre Rennes et Nantes. On les dit spécialisés mais beaucoup n’avaient aucune compétence spécifique pour le travail pour lequel ils ont été embauchés. Leur cas est emblématique : ils ont été recrutés parce qu’ils ne sont pas chers ; ils sont en grève parce qu’ils n’ont pas été payés et pendant ce temps, 5 millions de travailleurs français sont au chômage ! C’est la directive détachement dans toute sa splendeur : exploitation et chômage, esclavage moderne et précarité.
L’Union européenne est capable de créer des lois qui favorisent le dumping social et fiscal sur son propre territoire. Au nom de la concurrence et de la libre circulation. En fait, au nom du cynisme le plus total.