Observations presentées dans le cadre de l’enquête publique sur le projet « Aqua Renova »
N° e13000115 /83 du 03-12-2031 au 06-01-2014
Par MM. :
-Bruno GOLLNISCH, député au Parlement européen, 56 avenue Gambetta, 83400 HYERES
-Gérard COMPARETTI
I. BREVE SYNTHESE DU PROJET « AQUA RENOVA »
Le projet porte sur la protection et la restauration de la nappe phréatique du Gapeau qui est confrontée à l’intrusion du biseau salé, mettant en péril l’ensemble des usages liés à l’eau.
Cela avait déjà été mis en évidence en 1971 par une étude du BRGM, mais aucun décideur en place n’en avait fait alors cas.
Le projet actuel consiste à réaliser une canalisation de 3kms environ, qui pomperait l’eau du Roubaud avec apport du canal Jean Natte, aux environs du gymnase des Rougières, et ce par l’intermédiaire d’une station de pompage à créer.
Cette eau serait refoulée jusqu’à deux bassins d’infiltration à créer au quartier du Père Eternel, où se trouve actuellement la station de pompage de la nappe phréatique.
Le coût prévisionnel est d’environ 2.831.000 €, le pilote de cette opération est « Suez Environnement ».
Nous constatons qu’une enquête importante est diligentée en fin d’année – période de fêtes – et qu’en Mairie, la consultation du dossier n’est pas facile – attente à l’accueil, recherche du dossier, peu d’affichage pour information du public.
II. NOS OBSERVATIONS
A) Quelques points sensibles qui appellent réponses :
1 – En période estivale le Roubaud et le Canal Jean Natte sont à leur plus bas niveau de l’année. Il est permis de se demander comment le pompage pourra alors réalimenter la nappe phréatique.
2 – L’eau pompée pour infiltration ne présente aucune garantie sanitaire, puisque provenant du Roubaud et du Canal Jean Natte, (12 km depuis La Crau). Ces canaux d’irrigation séculaires sont vétustes et pas toujours bien entretenus (rejets d’eaux vannes).
3 – Les travaux prévus sont coûteux et pas forcément pérennes. Sachant d’autre part que la plaine d’Hyères est fournie par le Canal de Provence, pourquoi ne pas l’utiliser aux fins de réalimentation de la nappe ? Cette solution impliquerait il est vrai une négociation avec la Société Canal de Provence, qui est liée à la Société SEERC totalement impliquée sur ce projet. Il est donc douteux a priori que la Société Canal de Provence aille contre les intérêts de la SEERC…
4 -Le maire de Hyères a demandé, pour que ce projet soit conforme aux classements «Natura 2000» et « Grand Site », une dérogation à l’article L.411-2 du code de l’environnement en raison d’une atteinte à l’espèce protégée : Phalaris Aquatica (Lettres du Maire aux membres du Conseil Régional du Patrimoine Naturel, DREAL PACA)
B) Risques inhérents au projet non abordés dans le dossier
1 –Il existe un risque pour l’équilibre hydrologique de la nappe alluviale du Gapeau. Il est patent que le fait de soustraire une quantité d’eau d’infiltration importante de la zone du Palyvestre – via le pompage du Roubaud – pour la ré-infiltrer 4 kilomètres plus loin, risque d’aboutir à un effet contraire à celui recherché (nouvelle intrusion du biseau salé), 87% de l’eau du canal Jean Natte retournant actuellement au milieu naturel.
2 – Il existe également un risque d’insuffisance d’eau pour les riverains et utilisateurs de l’eau du canal Jean Natte qui seront les premiers touchés par ce projet – 429 adhérents, dont 12 % d’agriculteurs ou horticulteurs professionnels, et le reste de jardiniers particuliers.
C) Nécessité d’étudier des solutions alternatives.
Il semble qu’il n’y ait pas eu réellement à ce jour d’études sur toutes les alternatives qui pourraient être envisagées par la commune.
Ainsi, une solution, durable pour l’avenir, serait de revoir le projet « Aqua Renova » à partir de l’eau rejetée en mer – donc perdue – provenant de la station d’épuration qui serait une source intarissable, l’eau retournant à son origine, la nappe phréatique du Gapeau par infiltration.
On pourrait, alors, parler vraiment de « projet innovant »
Le projet Aqua Renova doit être repris à la base pour faire enfin de la vraie politique de développement durable.
Pour terminer, nous espérons que cette enquête ne masque pas une 2° tranche du projet qui serait : la réalimentation de la nappe phréatique du Gapeau par injection.
Une telle action pourrait en effet être comparée par certains de ses effets à la fracturation hydraulique, interdite aujourd’hui.
Nous présentons donc notre opposition au projet tel que présenté.