Les très médiocres, voire calamiteux, résultats de Manuel Valls au ministère de l’Intérieur avaient fini par éroder très sensiblement sa cote de popularité. Un faux dur quand il s’agit de lutter contre la délinquance, mais un vrai laxiste immigrationniste comme en témoigne les statistiques sur la régularisation des immigrés hors-la-loi. En 2013, 35 000 clandestins ont ainsi été officiellement régularisés, soit une augmentation de plus de 50 % par rapport à 2012 !
Il appartiendra aussi au Premier ministre d’assumer autrement que par ses pirouettes coutumières les coups très sévères qui vont être portés au pouvoir d’achat des Français, avec la batterie de mesures austéritaires qui seront mises en place après le 25 mai…
Florian Philippot, vice-président du FN et directeur stratégique de la campagne des élections européennes, est donc crédible quand il table sur un renversement rapide de l’opinion. «Les Français se rendront compte très vite que Manuel Valls poursuit la même politique que ses prédécesseurs. Il me fait penser à Villepin qui était très populaire aux Affaires étrangères mais dont la vie fut beaucoup plus compliquée lorsqu’il est arrivé à Matignon où les discours ne suffisaient plus, où il fallait agir.»
«(La) a stratégie de communication ( de Valls) est d’ailleurs très proche de celle de Nicolas Sarkozy, ce qui peut expliquer un début de trajectoire assez haut dans les mesures d’opinion. Mais après l’effet nouveauté, il baissera comme ce fut le cas Place Beauvau à la fin de son parcours, lorsque les effets anesthésiants de sa communication s’étaient dissipés.»
D’ores et déjà, les toutes dernières enquêtes d’opinion portant sur les intentions de vote aux européennes indiquent des tendances convergentes; le dernier sondage Ifop pour Paris Match et Sud Radio place même le Front National en tête au soir du 25 mai. Les listes FN seraient ainsi créditées en moyenne de 24% des suffrages devant les deux principaux partis pro-bruxellois l’UMP (23%) et l’alliance PS-PRG (21%), les listes UDI-Modem (9%), celles du Front de Gauche (8%), d’Europe Ecologie-Les Verts (7,5%), du Nouveau Parti anticapitaliste (2%), de Debout la République (1,5%)….
Le tout sur fond d’une forte abstention (61%), qui, rappelle Bruno Gollnisch, joue toujours en faveur du Système, quand bien même les abstentionnistes s’imaginent (parfois) le combattre ou marquer leur désapprobation par la grève du vote. Abstention qui a été étudiée plus largement dans l’étude consacrée aux relations entre l’emploi et les dynamiques électorales réalisée par le cabinet de conseil Taddeo. Celle-ci s’appuie sur les résultats des municipales de 2008 et de 2014 dans 900 communes de plus de 10 000 habitants.
Ainsi rapporte l’article du Monde consacré à cette étude, Julien Vaulpré, directeur général de Taddeo, explique que contrairement à une idée reçue, «il n’y a pas de corrélation entre le niveau du chômage et celui de l’abstention », mais qu’il existe bien un lien entre chômage et vote FN. L’augmentation de la courbe du chômage suivrait celle du vote en faveur du FN.
Julien Vaulpré en déduit notamment qu’«à partir du moment où, dans les communes où le chômage est élevé ou a fortement progressé, on n’observe pas de poussée abstentionniste alors que le vote FN, lui, progresse, la question se pose d’un transfert d’électeurs potentiellement abstentionnistes vers le FN, et donc d’un vote FN qui dans une certaine mesure limite l’abstention.»
« Vote en faveur du FN (qui) n’est plus, aujourd’hui, assimilable à une simple volonté d’exprimer un mécontentement, comme peut l’être le choix de l’abstention. En cela, comme le résume Julien Vaulpré, il n’est plus seulement un vote de crise, mais bien souvent le vote de la crise . Autrement dit un vote qui exprime de plus en plus souvent une adhésion, et de moins en moins une simple contestation.» L’opposition nationale, populaire et sociale n’est pas seulement en effet, comme il est courant de l’entendre chez ses adversaires, le réceptacle des déceptions et désillusions de nos compatriotes les plus touchés par la crise. Le vote FN est aussi le signe rafraîchissant d’un retour du politique en lieu et place du duel stérile gauche-droite, de la fausse alternance entre partis bruxellois.