La fébrilité hargneuse de nos adversaires progresse à mesure que la défiance vis-à-vis de la machine bruxelloise à broyer les peuples augmente. Selon un sondage de l’Institut CSA pour BFMTV et le groupe Nice-Matin, le pourcentage de Français satisfaits par la construction européenne a baissé de 16 points en dix ans ! A peine un Français sur deux (51%) estime que l’appartenance de la France à l’Union européenne est une bonne chose. 38% des sondés estiment que c’est une mauvaise chose.
47% des des personnes interrogées se prononcent en faveur d’un renforcement des pouvoirs des Etats membres ( 22% y sont opposés ), y compris au détriment de l’UE. 41% estiment que l’appartenance de la France à l’UE a été un inconvénient pour faire face à la crise économique (25% seulement jugent que cela a été un atout). 48% se sentent inquiets en pensant à la construction européenne. Seuls 20% sont enthousiastes (13% sont indifférents et 10% sont hostiles).
Sept Français sur dix (70%) craignent que l’actuelle construction européenne génère davantage de chômage et moins de protection sociale (63%). 78% jugent que les institutions européennes sont trop éloignées de leurs préoccupations.
Selon cette même enquête, les craintes et jugements négatifs sur l’UE sont très majoritaires au sein des catégories populaires, du monde ouvrier, qui indique aussi que 80% des sympathisants du Front National sont défavorables à l’appartenance à l’UE. A contrario, cette adhésion est approuvée par 73% des sympathisants du PS, 63% de ceux de l’UMP, 46% de ceux du Front de Gauche…
Dans ce contexte, Jean-François Copé a attaqué violemment le FN mercredi lors du lancement à Meaux de sa campagne pour les élections européennes, en présence du fédéraliste européiste Alain Lamassoure, incarnation de « cette Europe dont personne ne veut plus » dixit le député UMP Henri Guaino…
Reprenant les argumentaires diffusés par le PS et EELV, le patron contesté de l’UMP a réaffirmé son combat prioritaire contre « le populisme ». « Le discours de Le Pen est irresponsable préconiser la sortie de l’euro c’est acter la ruine de nos compatriotes». M. Lamassoure a embrayé dans le même registre : «le choix du Front National, c’est de détruire l’Europe (…) Ils sont bien peu patriotes, ceux qui veulent détruire l’Europe, car l’Europe, c’est d’abord une construction française » (sic).
François Hollande, pas en reste, a lui aussi lancé le signal de l’attaque contre l’opposition nationale. Il a signé une tribune dans Le Monde, publiée symboliquement le huit mai, pour vanter « l’Europe du progrès »; tribune qui aurait pu parfaitement être rédigée à l’identique par un Juppé, un Copé, un Sarkozy, une NKM, un Fillon ou l’un de leurs collaborateurs…
Le chef de l’Etat y débite l’habituel plaidoyer pro-européiste avec un aplomb mensonger et la description des cataclysmes qui attendraient nos compatriotes s’ils entendaient recouvrer leurs libertés, leur souveraineté. Et notamment s’ils abandonnaient l’euro monnaie unique, qui asphyxie la France, ses forces vives, nos entreprises, pour retrouver leur monnaie nationale. Tout en gardant d’ailleurs à l’échelle de l’Europe une monnaie commune comme l’a expliqué de nouveau Bruno Gollnisch dans l’entretien qu’il a accordé à TVlibertés.
M. Hollande a donc manié les formules creuses sur l’UE, «plus vaste ensemble d’Etats démocratiques», «plus grande économie du monde » dont la renaissance exceptionnelle après 1945 serait due « à l’union des citoyens, à l’union des économies, à l’union des nations ».
Il a promis pour demain une «Europe de la volonté » proche des peuples, « une Europe qui, à partir de la zone euro, redonne de la force à l’économie, met fin à l’austérité aveugle, encadre la finance avec la supervision des banques, fait de son grand marché un atout dans la mondialisation et défend sa monnaie contre les mouvements irrationnels.»
Il a surtout attaqué très précisément le FN , sans jamais le nommer, le désignant clairement comme adversaire principal et en maniant l’inversion accusatoire de manière assez puérile et lourdaude : « à la faveur de la crise économique, dans plusieurs pays et en France même, des forces cherchent à la défaire en spéculant sur la déception, en misant sur le découragement, en exhumant les peurs. En désignant l’étranger comme un bouc émissaire. En misant sur la discorde religieuse. En opposant les identités nationales à l’engagement européen. Ces manœuvres pernicieuses prospèrent sur un terreau fertile ».
« Voulons-nous revenir à la guerre commerciale, à l’affrontement monétaire, au repli national ? » (…). « La fin de l’euro, c’est une austérité implacable. La fin de l’euro, c’est la disparition de la solidarité financière, c’est une monnaie livrée à la merci des spéculateurs ». «Sortir de l’Europe, c’est sortir de l’Histoire ». « Se couper non pas de l’Europe, mais du monde. Ceux-là, qui se prétendent patriotes, ne croient plus en la France ».
Et dans le même registre anxiogène, en pleine pensée magique, notre grand prêtre du culte européiste convoque l’enfer et les mânes du mitterrandisme pour dissuader les Français de reprendre en main leur destin. «Nous devons nous rappeler l’avertissement solennel de François Mitterrand, dans son dernier discours devant le Parlement européen : Le nationalisme, c’est la guerre ! Nous l’avons vu il y a soixante-dix ans, quand la civilisation a failli succomber. Nous l’avons encore vu, hélas, dans l‘ex-Yougoslavie déchirée par une guerre ethnique. Nous en observons encore aujourd’hui la menace, aux confins de l’Ukraine et de la Russie. Alors répétons cette évidence fondatrice : l’Europe, c’est la paix ! »
En 2008, alors que les Etats-Unis, avec l’appui plus ou moins actifs de leurs vassaux de l’Otan en Europe, tentaient de déstabiliser la Russie dans le Caucase, Bruno Gollnisch avait publié une tribune qui n’a rien perdu de sa pertinence à la lumière des tensions et des propagandes actuelles .
«C’est grâce à la menace d’anéantissement nucléaire mutuel notait-il, qui ne lui devait rigoureusement rien, que l’Europe de Bruxelles a pu faire croire pendant des années qu’elle était un facteur de paix indispensable sur le continent et François Mitterrand pouvait affirmer en 1992 : le nationalisme, c’est la guerre . Mais c’est au contraire la négation du fait national qui a toujours conduit aux conflits armés (…).»
« Les traités européens placent clairement la politique étrangère et de sécurité de l’UE sous l’égide des engagements atlantiques de ses membres. Alors qu’il est de l’intérêt de la France, et de l’Europe, d’entretenir d’étroites relations avec leur voisin Russe, nous sommes entraînés contre lui dans des affrontements diplomatiques et peut-être demain pires encore, au nom du maintien de l’ordre mondial unipolaire». Et Bruno Gollnisch de conclure: «Il est vraiment temps de faire autre chose que cette Europe-là ».
Oui, il est grand temps d’en finir avec cette Europe de la soumission et du déclin!