Site icon Le blog de Bruno Gollnisch

« Pourris jusqu’à la moelle »

umpsUn « état de délabrement jamais vu par ailleurs ». Cet avis des experts mandatés par  la justice pour déterminer les causes de la catastrophe ferroviaire du 12 juillet 2013 à Brétigny-sur-Orge (Essonne) a été rendu public samedi. Il pourrait aussi parfaitement s’appliquer à la situation de l’UMP si on écoute le député-maire de Nice Christian Estrosi, candidat à la primaire à droite en 2016, qui répondait aux questions du Parisien. Un avis intéressant car M. Estrosi, comme beaucoup de « sudistes » UMP, a toujours été maître dans l’art de dire (à défaut très souvent de  faire …) ce que son électorat droitier voulait entendre. Si la dette de l’UMP est aussi élevée que l’annonce François Fillon (80 millions d’euros) «cela veut dire que la situation est extrêmement grave et que l’UMP est terriblement fragilisée » énonce-t-il. «Je vais même plus loin, nous avons un parti qui est déjà mort, un parti qui ne distribue plus que des investitures et ne produit plus d’idées nouvelles. »

 Démonétisée, plombée par les affaires, les grands écarts dogmatiques, stratégiques, idéologiques, « l’UMP est devenue un parti bourgeois et élitiste », « une instance où les places ont été partagées, il y a deux ans, entre Copé et Fillon » et qui « ne correspond plus à la carte politique d’aujourd’hui ».

 Le parti n’a d’autre choix que de «changer de nom». «Ce n’est pas une restructuration avec un congrès a minima qu’il faut, mais une véritable révolution !»  ajoute-t-il,  convoquant pour se faire les mânes du gaullisme originel.  Et si celle-ci ne se fait pas, M.  Estrosi se dit  « prêt à apporter (sa) contribution à une autre aventure collective, en espérant ne pas en arriver là ».

 Le seul sauveur  de la droite euromondialiste a-t-il pour nom Nicolas Sarkozy ? C’est pour l’instant un avis partagé par la majorité ( ?) des sympathisants de l’UMP. Et notamment par la Droite forte, ce courant de l’UMP cornaqué par  l’ex FN, l’ex MNR, l’ex MPF Guillaume Peltier,  et un membre du club de sarkozystes de gauche, La Diagonale, favorable au mariage homosexuel et au droit de vote des immigrés, Geoffroy Didier.

 Ces derniers organisaient ce samedi la deuxième Fête de la Violette à la Ferté-Imbault (Loir-et-Cher). Un rassemblement de soutien au mari de Carla Bruni,  en  présence de  Luc Chatel,  Rachida Dati et Brice Hortefeux .

 Précisons-le ici, l’exaspération des sarkozystes devant la manière dont sont mises en scène les affaires judiciaires dans lequel le nom de M. Sarkozy est cité peut apparaitre légitime. Sans se prononcer sur le fond, Bruno Gollnisch estime, comme Jean-Marie et Marine Le Pen l’ont également souligné, que la garde à vue diligentée récemment contre l’ex chef de l’Etat, «visait manifestement plus à humilier qu’à trouver la vérité» comme a eu l’occasion de le dire la présidente du FN. Bruno a eu aussi beau jeu de relever que la partialité militante du très extrémiste  Syndicat de la Magistrature (SM) , accusé aujourd’hui de mener une guerre contre M. Sarkozy, ne soulevait pas l’indignation de l’UMP quand ce même syndicat persécutait le FN…

 Balayant ses démêlés judiciaires, Geoffroy Didier a clamé samedi à la tribune qu’il  « est temps (…) que pour mettre un terme au chaos socialiste et au mirage extrémiste (sic), nous ayons au sein de la droite républicaine un leader solide, expérimenté, et doté d’une véritable autorité ». La simple question qui vaille est pourtant  simple :  Est-ce que  l’effroyable bilan de la gauche au pouvoir depuis deux ans, doit nous faire oublier la dégringolade de la France, dans tous les domaines, sous la présidence  Sarkozy  de 2007  à  2012 ? Certainement pas !

 Interrogé par Le Figaro le 20 juin à l’occasion de la sortie de son dernier livre « Marine Le Pen vous dit merci », le journaliste et essayiste  Jean-François Khan, a mis le doigt, comme d’autres,  sur le fond du problème (pour le Système). Certes, très loin s’en faut, nous ne partageons pas l’ensemble de ses analyses, Mais M. Khan donne le sentiment qui est celui d’une majorité de Français quand il explique que «le génie français, sa spécificité, c’est le pluralisme (…). Les gens qui ne se reconnaissent pas dans la bipolarité droite/gauche ont été étouffés. On ne leur a pas permis d’exprimer leur différence. Il y a une droite et il y a une gauche, mais il y a aussi autre chose ».

 Pour faire reculer le FN dit-il , « il faut que la gauche et la droite portent chacun une vision vraiment différente. Or on constate un alignement du PS sur l’UMP sur les questions économiques et inversement un alignement de l’UMP sur le PS sur le plan sociétal. Si bien qu’aujourd’hui, le PS et l’UMP ne portent plus rien. »

 « Ce qui va tomber il ne faut pas le retenir, mais le pousser » disait Nietzsche. Jean-François Khan est apparemment du même avis puisqu’il affirme encore qu’ «il faut adapter nos institutions et dissoudre les deux partis hégémoniques à droite et à gauche qui sont usés et pourris jusqu’à la moelle. Si on ne le fait pas, le Front National a encore de beaux jours devant lui. »

 M.  Kahn  comme M. Estrosi et les membres de l’UMP cités plus haut, appellent donc les partis du Système, ou au moins le leur, à ne pas se contenter de repeindre la façade de leurs boutiques respectives mais à se régénérer, à proposer des idées neuves, voire à changer leur logiciel euromondialiste et libéral-libertaire. En sont-ils capables ? Le veulent-ils seulement?

 Beaucoup de Français, désabusés, lassés, trompés, écœurés se réfugient dans l’abstention, les plus lucides  votent FN, d’autres encore votent  UMPS, souvent par peur du saut dans l’inconnu, tout en maudissant la situation actuelle.  A ceux là nous disons qu’ils n’ont rien à attendre de l’élection en  2017 d’un candidat du PS ou de l’UMP. Et nous leur rappelons cette phrase du grand Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes ».

 

Quitter la version mobile