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Barrès reviens, ils sont devenus fous…

barrèsCes dernières années, le processus visant à éradiquer de notre mémoire collective les hommes politiques, écrivains, essayistes, scientifiques jugés  politiquement incorrect s’est accéléré. C’est vrai dans l’enseignement, le monde de l’édition, les médias bien sûr, mais aussi  dans les communes détenues par la gauche et/ou sous la pression de lobbies divers et variés, dans l’espace public par l’éradication de noms de rues, boulevards, places, écoles, bibliothèques, hôpitaux etc, donnés à des personnalités jugés hors des clous de la pensée unique, progressiste pour faire court. Il fallait donc s’y attendre, à Cogolin (Var) le vœu du maire FN, Marc-Etienne Lansade, de dénommer un futur parking du nom de l’homme de lettre, député nationaliste et académicien  Maurice Barrès (1862-1923), a soulevé l’indignation de son opposition municipale, des partis et groupuscules de gauche et autres fraternelles humanistes.

 «Nous sommes en désaccord sur ce choix idéologique d’un membre de l’extrême droite » a ânonné un élu UMPS. Ce monsieur semble ignorer que le nom du lorrain Barrès, arabophile et islamophile comme beaucoup d’hommes de droite de son époque, écrivain apprécié de Léon Blum et dont Louis Aragon avait demandé la réhabilitation littéraire  dès la fin de la seconde guerre mondiale, est honoré notamment dans de grandes villes comme  Neuilly,  Paris,  Metz, Perpignan ou Nancy.

 En décembre 2009, au nom de la soumission au diktat idéologique exercé par certains lobbies, Nadine Morano, alors secrétaire d’Etat à la famille,  avait déjà  tenu à s’excuser publiquement  de tenir une réunion politique sur les terres de l’écrivain précisant qu’il ne s’agissait « pas de réhabiliter Maurice Barrès » !

 Nos bonnes âmes qui s’émeuvent du choix de la majorité municipale FN de Cogolin n’ont bien évidemment jamais protesté pour exiger que soit débaptisé, exemple parmi beaucoup d’autres, les rues portant le nom d’un traître antifrançais et d’un  déserteur comme Maurice Thorez.

 Que reproche-t-on à Barrès ? S’il s’agit de ce qu’il faut bien appeler son antisémitisme, l’honnêteté convient de rappeler que celui-ci fit  très largement place pendant la Grande guerre à  une volonté de fraternisation dans l’épreuve avec les juifs de France .  La fiche que lui consacre wikipedia le rappelle fort justement.  Dans son ouvrage Les familles spirituelles de la France (1917),   il rend hommage au patriotisme de nos compatriotes  juifs tombés au champ d’honneur –Amédé Rothstein, Roger Cahen, Robert Hertz, le rabbin Abraham Bloch « frappé à mort au moment où il tendait un crucifix à un soldat mourant »-,  Barrès « les place au côté des traditionalistes, des protestants et des socialistes comme un des quatre éléments du génie national ».

L’antisémitisme athée, bien réel, de figures de la gauche comme  Voltaire, Auguste  Blanqui,  Jean Jaurès,  Pierre-Joseph Proudhon  pour ne rien dire de  Karl  Marx, n’empêche pas qu’ils soient toujours célébrés sur les plaques de nos rues.

 D’autres lui reprochent de ne pas s’être engagé en 14  (il avait alors plus de cinquante ans) l’affublant alors du cruel  surnom de « rossignol des cimetières ». Un épisode que rappelait le barrésien  Jean-Yves Le Gallou en mai dernier  sur le blog toujours actif du regretté Dominique Venner,  mettant en exergue les  éditoriaux patriotiques de Barrès dans La Cocarde avec  la geste d’ « Émile Driant, député, qui avait 59 ans en 1914. Il s’est néanmoins engagé et est mort en héros à la tête de ses chasseurs, au bois des Caures, en retardant de manière décisive l’avance allemande sur Verdun ».Mais gageons que ce bémol là n’est pas celui mis en  avant  par les opposants à la mémoire de Barrès.

Non, ce que l’on reproche à celui qui fut  surnommé le prince de la jeunesse c’est bien d’être le chantre de l’enracinement, de l’énergie nationale. Entendons  nous bien, il y a des aspects potentiellement  problématiques à la pensée barrésienne. En conviant au  dépassement du moi individuel  par le moi lié indissolublement à la nation, par le   culte du paysage national, il appelle  de ses vœux un  nationalisme intransigeant,  exigeant  le retour des Français sur eux-mêmes,  le  rejet   des  influences étrangères.

 Nous le relevions sur ce même blog en 2010, le compatriote lorrain de Jeanne d’Arc,  mettait déjà en garde de manière prémonitoire contre les conséquences de l’afflux de populations inassimilables voulant « nous imposer leur façon de sentir ». Il rappelait aussi dans « Scènes et doctrine du nationalisme »que  « le nationalisme est acceptation d’un déterminisme » qui fait que « nos ancêtres pensent et parlent en nous. Toute la suite des descendants ne fait qu’un même être ». Bref qu’il n’y a pas de moi véritable sans le « support de la collectivité ».

 Cela peut aussi déboucher sur un nationalisme, il faut aussi en convenir, qui n’est pas celui du FN, soit un chauvinisme haineux, bêtement  raciste et antisémite, qui bouillonna dans ses écrits publiés lors de l’affaire Dreyfus ; quand bien même  il s’agit de les remettre  dans le contexte de la grande violence des affrontements littéraires et politiques de l’époque.

 Il faut aussi  se méfier des lectures historiques anachroniques, consistant  à faire dire au passé ce qui n’est perceptible qu’à la lumière d’enseignements postérieurs. Les travaux bien connus et étayés de l’historien israélien  Zeev Sternhell ont fait de Barrès, qui resta fidèle au régime républicain,  parlementaire assidu et respectueux qui  exécrait… le parlementarisme,  l’un des pères intellectuels du fascisme. Il est  rappelé  qu’il fut élu député pour la première fois en 1894 en se revendiquant d’un socialisme nationaliste, certains n’hésitant pas à  inverser les deux termes de l’étiquette…

 Pour notre part, au-delà de la puissance et des fulgurances de son œuvre littéraire,  nous retenons du Barrés politique les éléments intemporels qui parlent au cœur de tous les patriotes français, à savoir que notre identité nationale n’est en aucun cas réductible à   la seule idéologie des droits de l’homme, abstraite et désincarnée.

 Cette conception charnelle, enracinée de la nation et du devenir de notre peuple,  constate Bruno Gollnisch, est bien en effet une des différences majeures de notre courant de pensée avec l’idéologie dominante. C’est bien parce que nous voulons rester nous-mêmes,  transmettre ce que nous avons reçu que nous sommes attaqués avec la virulence haineuse que l’on sait.  Etre et durer

 

 

 

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