L’ex magistrat Philippe Bilger dans une tribune publiée sur le site du Le Figaro 15 septembre émettait lui aussi des doutes sur la qualité et l’efficience politique du champion de la droite atlanto-bruxelloise. « Quand Nicolas Sarkozy présidera l’UMP et que les processus judiciaires, même sans aboutir, feront de lui un interminable présumé innocent, on verra alors quelle déplorable et sale lumière sera projetée sur ce parti qui s’est délité avec Jean-François Copé. Je ne suis pas étonné que ce dernier soutienne Nicolas Sarkozy. Il y a une logique ».
Evoquant les propos prêtés à Sarkozy déclarant qu’il ne ferait pas abroger la loi Taubira et traitant de « fascistes en loden » les opposants à celle-ci (propos démentis par ce dernier, en plein rétropédalage si l’on en croit l’association Sens Commun…), Philippe Bilger relève que «cette désinvolture affichée à l’égard d’un combat qui a mobilisé de manière novatrice, bien au-delà des clivages politiques, une part du peuple français est révélatrice de ce qui sera sans doute l’attitude prochaine du président de l’UMP (…). Il est clair que pour surprendre il va adopter une ligne centriste qui sera de sa part une mue de plus et l’occasion de nous ressasser son sempiternel j’ai changé».
Avec comme difficulté majeure «l’irruption » d’un Alain Juppé adoubé par François Bayrou, « qui va continuer à proposer une vision tentant de constituer la droite classique et le centre comme un bloc homogène. Avec le refus constamment renouvelé de tout compromis, de toute compromission avec le FN. (…). Ce sera à mon sens un tour de force des deux rivaux s’ils freinent la progression du FN en lui laissant un énorme espace à cause de l’humanisme et de la naïveté centristes, dans une version caricaturale, et d’une aspiration patiente au consensus le plus large possible qui sera par conséquent frappé de faiblesse et de langueur ».
Hier le site d’Europe 1 dévoilait « Comment Sarkozy veut lutter contre le FN ». Le moins que l’on puisse dire est que les arguments développés pour discréditer le Mouvement national et la candidature de Marine en 2017 apparaissent bien pauvrets et singulièrement émoussés.
Il s’agirait ainsi, d’assurer que « le FN est une création de François Mitterrand » -comme c’est original !- d’utiliser le slogan « FNPS » pour tenter de faire pièce à celui, d’une réalité autrement plus tangible pour nos compatriotes d’UMPS. Le politologue de sciences-po, militant anti FN (pléonasme ?) Thomas Guénolé est séduit d’avance : « c’est une bonne idée », « Sarkozy est tout à fait fondé à dire cela ». Pour l’ex journaliste de l’Humanité et de Globe , de TF1, France 2 et multi-invité des plateaux politiques, Jean-Luc Mano, « spécialiste de la communication», « cela peut fonctionner. Mais on ne sait qu’à l’usage si un slogan est efficace ». Quelle puissance d’analyse…
Sarkozy expliquerait aussi « que si Le Pen n’avait pas appelé à voter blanc au second tour, François Hollande n’aurait pas été élu. La responsable des errances du socialiste au pouvoir, c’est donc (aussi) elle ». Les Français qui n’ont pas voté pour Sarkozy en 2012 peuvent lui rétorquer aujourd’hui que ce sont ses propres errances, ses échecs, ses mensonges, sa soumission au parti de l’étranger, son incapacité à réformer la France qui expliquent que Marine ait été suivie dans son vote blanc. Pour Jean-Luc Mano, c’est cependant « une bonne intuition car Sarkozy ne veut plus chasser les électeurs sur les terres du FN, mais chasser le FN de ses terres ».
Chasser le FN de ses terres … Comment va-t-il s’y prendre ? En faisant sien peu ou prou le programme centriste de Juppé comme le croit Philippe Bilger cité plus haut? Par la réitération des promesses plus ou moins nationales, identitaires, patriotiques de la ligne du maurrassien Patrick Buisson qui n’ont pas été tenues lors du précédent quinquennat ? En manœuvrant à la godille entre ses deux pôles, se contentant de capitaliser sur son expérience du pouvoir, sur les échecs du duo Valls-Hollande et sur la peur de l’inconnu que représenterait l’accession de Marine à l’Elysée ?
Une chose est certaine, les candidats du Système savent qu’ils peuvent s’appuyer sur le quatrième pouvoir médiatique, tous les rouages de la propagande de l’Etat profond, pour marteler avec constance, quotidiennement, implacablement d’ici 2017 que l’accession au pouvoir de l’opposition patriotique entraînerait la ruine et le chaos. L’enjeu portera donc sur la poursuite de l’efficacité de cette propagande là auprès des Français mais aussi sur les capacités du FN à présenter son projet pour la France avec pédagogie, clarté et intelligence.
Sarkozy espérerait aussi, comme le croit un de ses lieutenants, la délicate girouette de La droite forte (sic) Geoffroy Didier que Marine « (se fasse) prendre au piège de la dédiabolisation. » « Elle se systémise et devient comme les autres ». Une analyse qui prouve qu’il n’y a pas qu’un Emmanuel Macron pour prendre les Français pour des crétins incapables de réflexion, pour des « illettrés ».
Il est en effet évident que cette appartenance au Système les Français la juge en fonction des idées défendues par les candidats et non sur la prétention qui est la leur d’accéder au pouvoir. « Pour dégonfler le FN, il faut préempter les thèmes avant eux », estime encore Brice Hortefeux ». Chiche mais pour en dire quoi ? Au mieux pour plagier la lecture qu’en fait le Front National comme cela a été fait dans le passé avec la duplicité que l’on sait?
Pascal Perrineau, spécialiste es FN, met cependant en garde ses petits camarades : «déclarer que le FN est un parti de gouvernement comme les autres suscitera des réactions chez nos voisins européens. Souvenez-vous du tollé lorsqu’en Autriche, le FPÖ autrichien s’est allié avec la droite modérée ! ». Un tollé au sein de la caste bruxelloise et à l’extrême gauche mais qui n’a pas du tout empêché les Français et les Européens de dormir! Il est dommage que M. Perrineau ait « oublié » de le préciser…
«En revanche, pour Thomas Guénolé, banaliser Marine «n’est pas idiot » car « il y a plusieurs contradictions qui sont des angles d’attaque porteurs : vous ne pouvez pas à la fois à la fois être anti-système et mener une stratégie de normalisation ».
Une réflexion d’une bêtise assez crasse, et nous ne pouvons croire que M. Guénolé pense vraiment ce qu’il affirme. En effet, ce qui est appelé ici stratégie de normalisation, est plus prosaïquement et justement une volonté des dirigeants frontistes de faire apparaître le FN pour ce qu’il est vraiment, débarrassé des masques, des caricatures dont il est affublé par ses adversaires.
La poursuite de ce travail de dédiabolisation, n’est rien d’autre qu’une volonté d’explication et de pédagogie renouvelées, afin que nos compatriotes s’intéressent à tous les aspects du programme porté par l’opposition nationale. Or nous l’avons dit, ce sont ses idées alternatives qui font du FN un mouvement anti Système en ce qu’elles sont souvent radicalement opposées à celles défendues par les partis dits de gouvernement.
Le but proclamé du FN depuis toujours, contrairement à ce qui est répété ici ou là, a toujours été d’amener nos idées au pouvoir, ce qui est la finalité de toutes les formations politiques. Il n’y a donc aucune contradiction entre ladite normalisation et un positionnement anti Système.
«La diabolisation du mouvement de Marine Le Pen est une paresse intellectuelle des politiques et des médias (…) . Il doit être jugé sur son programme » notait Ivan Rioufol en juin dernier sur son blogue. Nous ne demandons pas mieux , et c’est heureusement ce que de nombreux Français font déjà sans en demander l’autorisation aux hiérarques de l’UMPS.
Comme l’a en effet souvent rappelé Bruno Gollnisch, notamment sur ce blogue, cette diabolisation n’est pas le fait du FN mais une arme de ses adversaires. Tant que le Mouvement national continuera de défendre notre identité, notre souveraineté, la civilisation helléno-chrétienne, une vision géopolitique de « troisième voie », et s’opposera frontalement aux forces obscures du mondialisme, il sera par définition toujours l’ennemi à abattre pour une large frange du microcosme.
C’est pourquoi nous devons tous être conscients que le salut de la France ne peut venir que de notre capacité de résistance au discours dominant, de notre capacité à (r)éveiller l’instinct de survie du pays réel, par delà le barrage dressé par le Système entre le FN et les Français. Pour toutes les raisons invoquées ici, nous savons donc que la dédiabolisation du FN aura toujours ses limites.
Bruno Gollnisch assure encore que c’est le tranchant, la singularité de nos idées qui font notre succès croissant, car ce sont les faits qui valident le bien fondé de nos avertissements et de nos réponses à la crise multiforme que nous subissons . La normalisation du FN tient donc tout autant au talent de Marine qu’à l’immense déception engendrée par le quinquennat Sarkozy et aujourd’hui par le «hollandisme », par la dégradation continue de la situation économique, sociale, identitaire, sécuritaire de nos compatriotes.
C’est ce climat qui achève de faire tomber les préventions contre les idées défendues par le FN car elles sont grandement confirmées par les faits et elles seules n’ont pas encore été appliquées au sommet de l’Etat.