Signe emblématique de ce malaise, nous assistons au retour sous les feux des projecteurs de la crise grecque dont nous avons dit et répété ici qu’elle ne pouvait être résolue par les mauvaises potions euromondialistes qui lui ont été imposées de force.
Si les Européens voulaient une nouvelle preuve de ce que les peuples ne sont pas vraiment souverains mais sous le joug d’organismes financiers transnationaux, ils l’ont eu avec l’annonce le 29 décembre que le Fond Monétaire International (FMI) suspendait son aide financière à Athènes. L’objectif est de faire pression sur le corps électoral grec afin de le dissuader de voter pour l’extrême gauche anti UE et favorite des sondages, le parti Syriza, à l’occasion des élections législatives anticipées du 25 janvier. Le dirigeant de Syriza, Alexis Tsipras, fait campagne en promettant de mettre fin à l’austérité et d’arracher une nouvelle restructuration de la dette publique.
L’économiste Bertrand Chokrane affirmait dans Le Point cette fin de semaine que «quel que soit le résultat, à gauche ou à droite (des élections NDLR), la Grèce fera de toute façon défaut en 2015. Le FMI et la BCE en ont conscience depuis plus d’un an (…). Depuis le début de la crise en 2009, la situation de la Grèce n’a cessé d’empirer. La gestion du problème a été calamiteuse, tant par la BCE que par les autorités grecques. Résultat: la dette grecque, malgré les différents plans de soutien octroyés en 2010 puis en 2012, s’élève désormais à 175 % de son PIB, alors qu’elle était de 129 % en 2009. Les politiques drastiques d’austérité qui lui ont été imposées, loin d’améliorer la situation, n’ont fait que l’empirer. Les capacités de la Grèce à rembourser ses dettes, au lieu de se renforcer, n’ont fait que fondre comme neige au soleil (…). L’économie grecque est (donc) plus pauvre qu’avant le début de la crise. Et désormais, 30 % de la population grecque vit en dessous du seuil de pauvreté ».
Une situation qui impactera bien évidemment l’UE en son entier rappelle encore l’économiste : « Les créanciers de la Grèce sont la BCE, le FMI et les pays européens contributeurs au MES (Mécanisme européen de stabilité), parmi lesquels nombreux sont endettés. Si un pays comme la France, déjà lourdement endettée, devait faire face au non-remboursement de plusieurs milliards d’euros par la Grèce, comment la Commission européenne, si exigeante en matière budgétaire, pourrait-elle accepter une telle situation ? (…). C’est pourquoi la restructuration de la dette grecque mènera immanquablement à un problème financier grave mais aussi à une crise politique. La Grèce n’aura pas d’autre choix que de sortir de la zone euro ».
Une « solution » inéluctable ? Le Monde rapportait l’information publiée samedi sur le site du magazine Spiegel citant des «des sources proches du gouvernement allemand», selon lesquelles celui-ci « juge quasiment inévitable une sortie (de la Grèce) de la zone euro, si le chef de l’opposition Alexis Tsipras dirige le gouvernement après les élections (législatives), abandonne la ligne de rigueur budgétaire et ne rembourse plus les dettes du pays».
Le ministre des finances allemand Wolfgang Schäuble a publiquement déclaré avec cette morgue qui irrite tant les Grecs, qu’il n’y avait pas de plan B souligne Le Monde, «que la Grèce était tenue de continuer sur la voie des réformes déjà engagées, sans aucune alternative , quel que soit le résultat du futur scrutin ». De là à penser que Mme Merkel et son entourage souhaitent effectivement une victoire de l’extrême gauche en Grèce pour être débarrassé du problème…Mais l’effet de contagion en Europe de la victoire d’un parti anti austérité aux élections, l’ émergence du parti populiste Podemos en Espagne sur la même ligne anti austérité et qui a également le vent en poupe, le dynamisme de UKIP en Angleterre ou encore bien sur du Front National en France, font surtout craindre le pire à Bruxelles et Berlin.
Pourtant, alors que l’Allemagne montre elle aussi à son tour des signes inquiétants d’essoufflements, elle n’échappe pas à une montée en flèche de la pauvreté. Il ya un an en décembre 2013 Le Point citait le rapport «de la très respectée Paritätische Gesamtverband, une fédération qui regroupe environ 10 000 associations actives dans le domaine de l’aide sociale et de la santé. Le taux de pauvreté, à 15,2 %, a atteint un nouveau et triste record en 2012, souligne l’édition 2013 du rapport annuel de cette organisation, qui s’appuie sur des données de l‘institut allemand des statistiques (Destatis). Une personne sur sept est pauvre ou menacée de pauvreté, avec un revenu inférieur à 60 % du revenu médian ». Un taux de pauvreté en hausse constante depuis 2006 et qui « dépasse 20 % dans plusieurs États du nord (Berlin, Brême, Saxe-Anhalt et Mecklembourg-Poméranie-Occidentale) ».
En juillet dernier c’était La Tribune qui se penchait sur le cas de l’Italie et rapportait que la «pauvreté absolue » qui frappait «4,81 millions d’italiens (8%) en 2012 concernait désormais 9,9% de la population, soit 6,20 millions d’entre eux». C’est dans le sud de la botte, qui est confrontée actuellement au débarquement massif d’immigrés clandestins, que la pauvreté a augmenté le plus.
Autre «malade» de l’Europe, l’Espagne dont les habitants ont perdu comme les Grecs un quart de leur pouvoir d’achat depuis 2009. Selon la dernière enquête sur les conditions de vie réalisé par l’Institut national de la statistique (INE), publiée en mars 2014 mais portant sur l’année 2011 (et la situation s’est dégradée depuis), les personnes pauvres représentent 6,4% de la population du pays. Le taux de pauvreté aurait doublé au cours des six dernières années.
La France avec sa dette publique abyssale, ses huit millions de pauvres et ses cinq millions de chômeurs est confrontée elle aussi aux conséquences de ce système inique, à bout de souffle. Alors que selon la Croix Rouge, 8,9% des personnes avec un emploi en Union européenne (UE) se trouvent au seuil de la pauvreté, il faut s’attendre à ce que le chômage continue de croître, en France comme chez nos voisins. Il n’en sera pas autrement tant que nous accepterons la règle d’une concurrence mondiale débridée ; le diktat idéologique de l’ouverture des frontières sans régulations ni protectionnisme.
Le catastrophique (sur bien des plans) Valéry Giscard d’Estaing, le rédacteur de la constitution européenne, dont le septennat a ouvert la voie (et beaucoup contribué) à l’affaissement de la France, tirait, toute honte bue, la sonnette d’alarme dans Le Figaro du 25 octobre :«Depuis dix ans, la France, comme tous les pays de l’Europe latine, s’est laissée aller au dévergondage budgétaire (…). Les déficits ont des conséquences invisibles sur la dette. L’opinion ne les mesure pas. Elle croit qu’il existe un trésor caché qui paiera la dette (…).Aujourd’hui, nous sommes protégés par des taux d’intérêt très bas mais c’est provisoire (…). Le changement de la politique monétaire américaine aura des conséquences sur les taux d’intérêt exigés par les créanciers de l’État français. Ce jour là, notre pays risque de se retrouver dans la situation qu’a connue la Grèce. Les pouvoirs publics seront conduits à demander l’aide du FMI. »
Ce n’est pas être un oiseau de mauvais augure que d’affirmer que les Français vont être confrontés à des années difficiles constate Bruno Gollnisch. Dire la vérité à nos compatriotes, ne pas les enfumer et les bercer d’illusions consisterait à expliquer notamment que la crise financière dite des subprimes, qui s’est ouverte aux Etats-Unis en 2008 n’est pas derrière nous.
La crise que nous voyons se dérouler en Europe est en quelque sorte l’aboutissement logique du systéme fou, délétère auquel nos économies ont été soumises. Le résultat d’une déconnexion assumée, sans précédent dans l’histoire, de la finance de marché par rapport à l’économie réelle, d’une désubstantialisation du capital.
Nous sommes passés d’une crise de la dette privée aux Etats-Unis à une crise de la dette publique et à partir d’un certain seuil les dettes ne sont plus payables. En France, 50 milliards d’euros sont nécessaires chaque année pour payer les intérêts de la dette ce qui correspond pratiquement au budget de l’Education dite nationale. Le principal de la dette ne pouvant évidemment être réglé, nous assistons à un effondrement programmé. Nous sommes en plein dans une pyramide de dettes, puisqu’on ne peut se sortir de la dette qu’en empruntant, une sorte de système à la Bernard Madoff élevé au rang du collectif .
Là aussi Marine Le Pen, Bruno Gollnisch, les dirigeants du FN avaient prévenu : les politiques d’austérité, loin de nous sortir de la crise en ont augmenté les effets ravageurs car qui dit austérité dit baisse du niveau de vie, du pouvoir d’achat et donc de la demande et de la production entraînant à son tour désindustrialisation, montée du chômage et une baisse des rentrées fiscales…
Comment sortir de ce cercle vicieux ? Chacun l’aura compris, nous estimons que seul le modèle alternatif, la révolution patriotique et souverainiste défendue par le FN peut encore nous permettre d’échapper au pire. C’est tout l’enjeu des années à venir dont 2015 sera un jalon important.