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C’est pas pour rire

hypocritesMarseillaise entonnée à l’assemblée (une première depuis 1918 !); discours martial  et républicain sur le  vivre ensemble  de Manuel Valls, ovationné  debout par les députés; Najat Vallaud-Belkacem applaudit par les mêmes pour le simple fait d’avoir (enfin!!!) réclamé le retour d’un peu d’autorité à l’école et pour n’avoir pu nier  les centaines d’incidents qui ont émaillé dans les établissements scolaires pluriels la minute de silence en mémoire des vicitmes des attentats;  François Hollande exaltant la « fierté d’être Français » et sa « fierté » devant la mobilisation de nos compatriotes …Le chef de l’Etat, la majorité, et plus largement les partis du Système, c’est dans l’ordre des choses,   vont tenter de surfer le plus longtemps possible la vague de l’unité. Il s’agit de  faire oublier leurs échecs, leurs  responsabilités, leurs turpitudes…et d’essayer de re-ghettoïser le FN, de le maintenir « à distance » de cette concorde nationale. Il est tout aussi logique, dans ce contexte de réflexe régimiste qui suit généralement une attaque majeure, une tentative de déstabilisation de notre pays , que le Premier ministre ait enregistré une progression de sa cote de popularité (41%, + 7 points) dans le  dernier  sondage TNS Sofres/Figaro Magazine. Pour les mêmes raisons, le « premier flic de France », le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, gagne 12 points et François Hollande 5. La gestion de la crise par  ce triumvirat  est saluée par plus de 80% des Français dans le sondage Harris Interactive publié également mardi. Pour autant,  il n’y aura pas de miracle à attendre  pour l’exécutif,  dans notre pays, plongé dans une crise profonde, multiforme dont le pire est certainement à venir. Ainsi selon un sondage CSA pour BFMTV pour 67% des personnes interrogées, les attentats de la semaine dernière  n’ont rien changé à l’image (mauvaise)  qu’ils avaient du chef de l’Etat.

Florian Philippot, l’a dit, étant « un des responsables de la situation actuelle, avec ses camarades de l’UMPS, Valls ne mérit(ait) (hier à l’assemblée)  aucun applaudissement». Le secrétaire général du FN, Nicolas Bay,  était tout  aussi fondé à relever  que  «Valls fait son numéro. L’UMP applaudit. Rien de nouveau à l’horizon: maintien de Schengen, immigration massive, laxisme judiciaire».

 Les actes terroristes sanglants de la semaine dernière vont être utilisés jusqu’a la corde nous l’avons dit,  pour tenter de marginaliser le FN qui a eu le grand tort de ne pas avoir trompé les Français, d’avoir prévenu depuis plus de trente ans des conséquences  des politiques menées par la droite et la gauche au pouvoir . Cela n’a pas empêché d’ores et déjà   le  Front National  d’ enregistrer  ces derniers jours  une vague  record d’adhésion…

 Bruno Gollnisch le notait dans Présent et le souligne de nouveau dans son entretien vidéo  depuis le Parlement européen mise en ligne hier sur notre blogue,   l’un des « objectifs » de la manifestation de  dimanche était de « préparer à une union sacrée de nature à contrer la montée du Front National ».

 Ancien responsable de l’officine antinationale SOS racisme, député PS, Malek Boutih en en fait l’aveu implicite. Dans un entretien accordé au site du Point, il  déroule  les éléments de langage qui seront ceux de la campagne anti FN de ces prochains mois.

 «  Je ne crois pas à l’automaticité de la montée du FN dit-il. Au contraire, le drame que nous venons de vivre vient complètement perturber sa conquête politique. Elle (Marine, NDLR) avait son plan. Et, en quelques heures, elle a dû décider si elle se joignait à la marche républicaine ou pas. Première erreur : elle a refusé de défiler à Paris. C’est qu’elle n’a pas compris ce qui se passait. Elle n’a pas mesuré le sursaut républicain, ce besoin d’être ensemble et de se parler. Marine Le Pen a commis une erreur stratégique à un moment où les Français sont attentifs à la moindre fausse note politique. Sa faute est lourde, car elle survient à un moment historique. Par son attitude, elle a démontré qu’elle n’avait pas encore la dimension de son ambition. Et elle commet une deuxième faute en préférant défiler en province, brouillant ainsi son message initial… Hollande n’est pas tombé dans le piège de la division. Il l’a reçue à l’Élysée. Elle va ramer maintenant… ».

 Une grille le lecture dont M. Boutih ne paraît pas pourtant si convaincu puisqu’il confesse quelques lignes plus bas, juste avant de tresser des lauriers à Sarkozy pour son antifascisme, son angoisse de ne pas voir se vœux se réaliser : «L’esprit des Français est disponible à une offre politique nouvelle, à nous d’être à la hauteur. Et si la classe politique actuelle n’apporte pas les réponses, c’est le FN qui le fera »…

 Sociologue, politologue, spécialiste es FN, Sylvain Crépon douche plus lucidement les espoirs antifrontistes de l’UMPS dans l’entretien accordé au site du Nouvel Obs.  « Passés la sidération dit-il, le deuil et les réflexions sur ce qu’il s’est passé, le FN va revenir à ses thématiques et récupérer ses électeurs. Si les élections avaient lieu demain, peut-être que François Hollande ferait un meilleur score mais je ne pense pas que ça aura d’incidence (…).La symbolique et la concorde nationale ne nuisent pas au Front National ».

 Lui nuisent d’autant moins ajouterons nous, que les Français qui sont descendus dans la rue ne l’ont pas fait tant pour défendre la ligne éditoriale de Charlie hebdo  que pour dire ni non au chantage du terrorisme islamiste et oui à la liberté  d’expression. Ce sont ces dernières raisons qui ont conduit nos compatriotes à se ruer sur le nouveau numéro de Charlie mis en kiosque mercredi pour, à travers cet achat,  manifester symboliquement  leur résistance à l’agression .

 Mais pour faire de la liberté d’expression  un bien commun, il convient de parler le même langage,  de partager peu ou prou la même vision du monde. Et c’est là toute la difficulté dans une France à laquelle les belles âmes antiracistes, cosmopolites, immigrationnistes, internationalistes refusent  son identité helléno-chrétienne,  mais qu’elles veulent  « pluriculturelle » et « métissée ».  Mots magiques, mantras répétés sur tous les tons comme un gage de progrès et d’avenir indépassable. Dans les faits, une France  qui ne parvient plus à assimiler des populations  immigrées trop nombreuses,  en voie de babélisation, multiconflictuelle,  dont les communautés ne partagent pas (plus) forcement les mêmes valeurs, les mêmes repères mais que les dogmes  républicains, la laïcité,  sont censés réunir, fédérer.

 Pour autant,  aujourd’hui, c’est la doxa libérale-libertaire célébrée au sein de notre république post soixante-huitarde, largement responsable du déclin français, qui  heurte la sensibilité, l’intelligence, le bon sens de très nombreux Français. Elle  est d’ailleurs  encore plus  largement inaudible et /ou choquante pour une large partie de l’humanité…que «nous» avons invité à venir s’installer et vivre  chez nous.

 RFI a interrogé à travers le monde des personnes afin qu’elles réagissent  à la sortie de Charlie Hebdo dans les kiosques et à sa Une mettant en scène le prophète. La réponse d’un étudiant malien, mise en ligne sur le site de cette radio,  résume assez bien un jugement très répandu dans les pays musulmans: «Je condamne ce qui s’est passé. On ne doit pas aller assassiner des innocents parce qu’ils ont fait des dessins. Mais d’un autre côté, ce n’est pas bon, dans la religion musulmane, que les gens fassent des caricatures du prophète Mahomet. Ça heurte les sensibilités. Il faut aussi respecter, parce que la liberté d’expression a aussi ses limites. »

 Des « limites» ou plus exactement d’absence de limites, il était question dans la chronique qu’Eric Zemmour a consacrée jeudi 8  janvier  sur RTL à la tuerie dans les locaux de Charlie Hebdo. Il y voyait la fin d’un cycle,  « notre 11 septembre »,  l’acte de décès de « la parenthèse enchantée » dixit Françoise Giroud, «née en 68 ». «Charlie Hebdo symbolisait cette volonté farouche d’oublier le tragique de l’Histoire, incarnait l’esprit pacifique,  l’utopie libertaire, désireuse de s’affranchir de toutes les contraintes, de repousser  toutes les limites ». «Depuis quarante ans on n’avait  pas refermé cette parenthèse,  quitte à prendre tous les risques, à entretenir toutes les illusions, a refuser tous les  avertissements, a brûler tous les prophètes… ».

 Egalement journaliste, écrivain et essayiste, Jean-Michel Vernochet,  sur Kontre Kulture,  poursuivait la réflexion  là ou Eric Zemmour s’était arrêté,  sachant que « l’esprit pacifique » de Charlie  évoqué par ce dernier était tout de même fortement à géométrie variable…

 « Faire de l’humour ce n’est pas humilier» dit-il, un constat que  le pape François a rappelé  hier aux médias qui l’interrogeait, dans l’avion qui le conduisait   aux Philippines.  La liberté d’expression est un «droit fondamental», a-t-il souligné. «Tuer au nom de Dieu est une aberration». Mais la liberté d’expression n’autorise pas tout et elle doit s’exercer «sans offenser».  «Car si un grand ami parle mal de ma mère, il peut s’attendre à un coup de poing, et c’est normal. On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision!», a-t-il insisté.

 Or, explique M. Vernochet  «Charlie hebdo humiliait les musulmans.  Cela n’excuse en rien (cette tuerie épouvantable, NDLR)  mais il faut comprendre que parfois il y a des relations de cause à effet». Est-il nécessaire de rappeler, ouvrons ici une parenthèse, qu’au nombre des dessins parus dans l’hebdomadaire, qui concentrait quasi exclusivement ses attaques  les plus salissantes sur les catholiques, la papauté, l’islam,  celui représentant le prophéte dans une posture sexuelle avec une tête de porc? Comment cela peut-il être appréhendé, même par le croyant le plus modéré, le plus  pacifique?  Comme de l’humour potache?

 « La ligne éditoriale de Charlie avance  encore Jean-Michel Vernochet, n’était pas celle de véritables journalistes mais de  gens qui justement prêchaient la haine, creusaient la fracture sociale, entretenaient une certaine forme d’islamophobie et ce n’est pas républicain. On nous dit que Charlie hebdo n’était pas politiquement correct. Or Charlie était profondément,  absolument et totalement politiquement correct». D’où «la mobilisation» (financière notamment) de «l’Etat» au profit d’un journal soutenu par  le  « groupe Lagardère qui est une vaste entreprise commerciale privée  supercapitaliste Arnaud Lagardère qui est déjà au nombre des mécènes du quotidien L’Humanité, NDLR-  et qui jouait sur l’obscénité et la provocation». Alors «ceci n’excuse pas cela, cela ne justifie pas cela, déplorons les morts mais attention à ceux qui veulent jouer avec le feu surtout quand les braises sont tout à fait ardentes.»

La responsabilité et l’honneur  du Front National résident dans ce refus de hurler avec les loups et d’attiser les tensions rappelle Bruno Gollnisch. Un FN qui n’a jamais attaqué les immigrés, pas plus que leur religion, mais qui continuera à dénoncer la folle politique d’immigration et les extrémistes, de toute obédience, qui entendent s’attaquer à la France et à son âme pour en détruire  la nature et la physionomie.

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