La cohérence est une des condition indispensables du succès en politique. Depuis son accession, incontestable et incontestée, à la présidence du FN, avec le soutien de Jean-Marie Le Pen, Marine défend une ligne politique, stratégique, programmatique qui possède incontestablement sa cohérence.
En l’espèce bien sûr, le maintien du socle fondamental de ce qui est le combat historique du FN. La défense de notre identité et souveraineté nationales, que l’on peut synthétiser sous le vocable de Priorité nationale. Et la volonté d’axer notre discours sur les questions sociales et économiques pour élargir notre audience, en défendant une alternative à ce que l’on pourrait appeler, pour faire simple, l’euromondialisme.
L’accélération du déclin français, de la crise sociale, économique, identitaire, légitime comme jamais cette constance du FN, le programme qu’il porte depuis des décennies. C’est cette cohérence, cette alternative là répétons-le, qui permet d’agréger, de fidéliser des électeurs, d’engranger les sympathies des Français.
Avec un succès indéniable depuis 2011 comme en atteste la montée en puissance électorale du FN, élection après élection. Le FN a aujourd’hui atteint la masse critique des 25-30% qui lui permet de remettre en cause l’hégémonie gauche-droite, de se retrouver de fait en tête-à-tête avec le parti unique UMPS. Certes, il reste du chemin à parcourir et les élections départementales ont été ainsi l’occasion de constater que la fausse alternance entre partis du Système, ce clivage artificiel gauche-droite restait structurant et gardait une certaine pertinence pour de nombreux Français. Mais cet échafaudage est de plus en plus branlant, si l’on en juge par le scrutin du mois dernier qui a vu moins d’un électeur inscrit sur trois voter pour les formations de l’Etablissement.
Dans ce contexte, Bruno Gollnisch, comme d’autres, a parfois fait entendre quelques divergences, ou, à tout le moins, exprimé des points de vue différents sur tel ou tel aspect de nos prises de position, tant il est vrai que le FN n’est pas une secte. De sensibilité peut être moins étatiste en matière économique, pouvant aussi regretter parfois que l’accent mis sur la défense des valeurs traditionnelles soit moins prégnant qu’avant, Bruno reste aussi fondamentalement attaché à la défense de la liberté d’expression, à la lutte essentielle contre le terrorisme intellectuel, les fausses idoles, les lois liberticides.
En l’espèce un combat pour des valeurs civilisationnelles, difficile, clivant certainement, car il expose particulièrement à l’hystérie hargneuse de la Caste ; mais un combat mené là aussi depuis toujours par l’opposition nationale. Toutes choses qui bien évidemment ne doivent pas brouiller pour autant la clarté du message frontiste visant à répondre aux désarrois, aux problèmes pratiques, quotidiens, subis par nos compatriotes et encore moins nuire à la cohésion du FN. C’est sur cette ligne de crête que campe Bruno Gollnisch.
Cette différence d’état d’esprit, d’idéal, entre le Mouvement national et les partis du Système, a d’ailleurs été illustrée par le publicitaire, cofondateur de l’agence Euro-RSCG et proche ami de Nicolas Sarkozy, Jacques Séguéla. Un fils de pub particulièrement bien introduit au sein des Etats-majors de l’UMP et du PS. On lui doit notamment la campagne d’inspiration pétainiste de Mitterrand en 1981 (« la force tranquille », avec son visuel terroir et clocher , très France éternelle), celle désastreuse de Jospin en 2002, ou encore la pathétique formule : « celui qui n’ a pas de Rolex à cinquante ans a raté sa vie »…
M. Séguéla se félicite ainsi aujourd’hui dans le quotidien 20 minutes de la volonté de M. Sarkozy de rebaptiser l’UMP par « Les Républicains », « le seul nom possible ». « Les Républicains, c’est chargé de sens et d’histoire. Cela rappelle les vertus républicaines, dont la première est de rassembler les Français. C’est porteur d’apaisement ».
Il propose dans la foulée au PS de se rebaptiser … « Les Démocrates, ou pourquoi pas, les Socialistes ». Un ravalement de façade nécessaire, un coup marketing nécessaire dit-il, car «les Français ne supportent plus (le) mot (parti) ». « Ils rejettent la classe politique. Ils en ont assez également des sigles, l’UMP, le PS, le RPR. Le FN ne pourra plus renvoyer ces partis dos-à-dos avec la formule UMPS… ». « Entre Républicains et Démocrates, il n’y a pas de place pour (le FN). Les Patriotes ? C’est guerrier. Tout le contraire de l’apaisement ».
Puisse M. Séguéla être entendu dans sa volonté de clarifier le débat ! Formations atlanto-bruxelloises, Républicains et Démocrates d’un côté, parti-pris sémantique américanomorphe, s’inspirant d’un système états-uniens ou les candidats sont les porte-drapeaux, les prisonniers, les pions des multinationales, des lobbies divers et variés, qui font et défont les impétrants à la Maison Blanche. Et de l’autre, les patriotes du FN qui se lèvent contre la mort plus ou moins douce et apaisée de notre nation que portent en germe les politiques de l’UMPS. Voilà l’enjeu, le seul qui vaille: faire échec au mondialisme, porter nos idées de renaissance nationale au pouvoir. C’est cet idéal qui lie entre eux les hommes et les femmes du Front National, anciens ou nouveaux militants, dans une lutte dont l’importance dépasse de loin nos petits intérêts personnels. Il convient à chacun d’entre nous de ne pas l’oublier.