Date symbolique de cette rupture, on fêtait la semaine dernière les dix ans du NON au référendum du 29 mai 2005 sur la ratification de la Constitution européenne, laquelle fut imposée, sous un autre nom, par Nicolas Sarkozy dés son arrivé au pouvoir avec l’aval de l’UMP et du PS. Un NON, un sursaut des Français qui fut, comme l’a rappelé Le Figaro, « un cataclysme dans la vie politique française ». Or, selon le sondage Ifop réalisé pour l’occasion, «si François Hollande posait aujourd’hui la même question, ce serait pire encore. Une bérézina. 62 % des Français, qui étaient en âge de voter en 2005, diraient non, soit sept points de plus qu’il y a dix ans. Et seulement 38 % voterait oui, soit sept points de moins ». Il y a dix ans Nicolas Sarkozy et François Hollande posèrent ensemble en couverture de Paris-Match, exhortant les Français à voter OUI, PS et UMP s’engageant activement dans ce but, tout comme 99% des grands médias. Aujourd’hui encore, il n’y a aucune différence de nature entre l’Europe atlanto-mondialiste voulue, défendue, imposée par l’actuel gouvernement et le projet sarkozyste; l’RPS campe a peu de choses prés sur la même ligne.
Invité hier de de l’émission Controverse de France Bleu Orléans/France 3/République du Centre, le député FN Bernard Monot a eu l’occasion de souligner cette identité de vue entre la gauche et la droite. Il a rappelé le souhait de l’opposition nationale d’un retour au franc, une des conditions du « retour au plein emploi », en l’espèce le passage au « nouveau franc français, coexistant avec un euro monnaie commune», avec «une parité un euro=un nouveau franc » qu’il s’agirait d’obtenir dans le cadre d’une « renégociation du traité de Lisbonne». Traité, répétons-le, qui a été voté par les élus de droite comme de gauche qui ont bafoué la volonté populaire, puisqu’il est la transposition exacte du projet de traité constitutionnel de 2005 rejeté par nos compatriotes.
Des Français, a encore souligné le député frontiste, qui souhaitent sortir des entraves de Schengen, retrouver la maîtrise de leurs frontières. Une France qui gagnerait elle aussi à retrouver, comme le Royaume-Uni qui ne fait pas partie de la zone euro, une banque centrale française indépendante.
Tous sujets abordés qui n’ont pas empêché l’animateur de cette émission, Stéphane Barbereau, qui ne prenait guère la peine de dissimuler son parti-pris antifrontiste, d’ânonner quelques approximations historiques pour évoquer le cas Bruno Gollnisch… dans les mêmes termes que le magazine d’extrême gauche Politis…un hasard certainement.
Selon ce procureur-journaliste du service public, le député Gollnisch, défendu ici par notre camarade Monot, ce serait rendu coupable d’une sorte de crypto-maréchalisme. Il aurait repris des «arguments que l’on entendait sous Vichy», des «argumentaires pétainistes» (sic) pour évoquer le ministre du calamiteux Front populaire, Jean Zay, qui vient d’entrer au Panthéon –voir notre article en date du 28 mai. Interrogé sur le fait de savoir si Philippe Pétain avait « un bon bilan » à son actif ( !) , à croire qu’il s’agit d’un sujet essentiel chez certains journalistes, Bernard Monot a rappelé que ce dernier s’était vu confier les pleins pouvoirs par une majorité écrasante des députés de l’Assemblée nationale, dont des députés socialistes. Et que le vieux maréchal avait fait « ce qu’il a pu » dans un contexte pour le moins difficile.
N’en déplaisent aux obsédés et autres monomaniaques des « heures les plus sombres », sujet autrement plus angoissant, plus essentiel pour les Français, la question européenne sera en tout cas très prégnante dans la présidentielle de 2017. En 2012, elle ne fut abordée que par Marine et le FN, problématique européenne qui fut très largement mise sous le tapis, et pour cause, par les candidats Sarkozy et Hollande. Une occultation qui sera plus difficile à opérer dans deux ans. La campagne pour la conquête de l’Elysée se déroulera en effet certainement dans la foulée du referendum promis aux électeurs, à des fins tactiques pour couper l’herbe sous le pied aux souverainistes de UKIP, par le Premier ministre britannique David Cameron sur une éventuelle sortie de son pays de l’UE (« brexit »).
M. Cameron entend monnayer son maintien dans l’Europe en contrepartie d’aménagements avec les immortels principes bruxellois. Il entend ainsi imposer chez lui plus de restrictions sur la liberté de circulation des citoyens des pays membres, notamment vis-à-vis des ressortissants des pays de l’Est, et une baisse des droits sociaux accordés aux étrangers. Mais surtout, mesure phare de défense de la souveraineté nationale, que les élus britanniques aient un droit de veto sur les législations européennes.
Demandes qui ont été fermement rejetées par François Hollande qui a rencontré le Premier ministre conservateur lors de sa tournée européenne, vœux que M. Sarkozy aurait lui aussi pareillement balayé s’il avait été à la place de M. Hollande. Preuve de son embarras, d’habitude si prolixe, le président des Républicains n’a pas pipé mot sur cette épisode. Les exigences de M. Cameron apparaissent pourtant comme étant des souhaits de bon sens pour une majorité de Français qui, contrairement à leurs voisins d’Outre-manche, ont été de surcroit dépossédés de leur souveraineté monétaire et du contrôle de nos frontières par notre intégration à l’espace Schengen.
Alors, certes, Le Figaro avait raison de souligner la semaine dernière « les positions très contradictoires », de nos compatriotes « sur l’Europe », « présentée depuis des années comme une gage de prospérité et de sécurité ». « Côté face, ils réclament majoritairement (62 %) des politiques économiques et budgétaires propres à chaque État. Côté pile, 59 % se disent favorables à la création d’un poste de ministre de l’Économie et des Finances européen et 71 % sont opposés à une sortie de l’euro. En réalité, les Français ne veulent pas forcément moins d’Europe. 60 % de sondés sont ainsi favorables à l’élection d’un président de l’Europe au suffrage universel direct et 71 % à la création d’une armée européenne. Plus largement, 62 % des sondés estiment même que l’appartenance de la France à l’Union européenne est plutôt une bonne chose. Il y a, estime Jérôme Fourquet de l’Ifop, une acceptation résignée de l’Europe chez les Français. Beaucoup pensent en effet qu’une France seule et isolée ne ferait pas le poids.»
Une acceptation résignée des Français, des réponses antagonistes, voire schizophréniques parfois, qui s’expliquent par le flou qui entoure pour le plus grand nombre les mécanismes, les institutions de cette UE technocratique et totalitaire. Résignation, fatalisme qui sont aussi le résultat, constate Bruno Gollnisch, du décalage existant entre la propagande européiste intensive sur le thème « hors de l’UE, de l’euro, point de salut » et le choc du réel. Celui d’une Union dont le logiciel, à l’instar des familles politiques qui se succèdent eu pouvoir en France depuis quarante ans, a contribué à détruire nos entreprises, nos emplois, notre tissu économique, industriel, à paupériser et tiers-mondiser notre pays. Et ça, c’est vraiment un bilan désastreux dont les politiciens devront (devraient) répondre devant les Français en 2017.