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Quel avenir pour la Grèce, quel destin pour l’UE ?

athenesQuel avenir pour la Grèce, quel destin pour l’UE ? Un sommet réunissant dirigeants et  ministres des Finances des 19  pays membres  la zone euro se déroule aujourd’hui  avec comme objet  d’éviter à Athènes le  défaut de paiement. Le Monde le résume, «sans décision sur le déboursement d’une tranche de prêts de 7,2 milliards d’euros, Athènes à court d’argent risque de ne pouvoir honorer le 30 juin un remboursement de 1,5 milliard d’euros au FMI, un scénario aux conséquences imprévisibles. La possibilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro, même si ce processus inédit n’a rien de mécanique en cas de défaut, est désormais évoquée ouvertement ». Pour rassurer ses créanciers  de l’Union européenne, la Banque centrale européenne et du FMI, « le gouvernement grec est prêt à des ajustements, » comme « l’accélération des suppressions de pré-retraites et la baisse de l’un des seuils de taxation des entreprises ». «Mais la Grèce restera intransigeante sur plusieurs points, a signifié le ministre d’Etat, Nikos Pappas, l’un des chefs de file de la négociation (…): rétablissement du droit du travail, pas de baisse des salaires et des retraites, plan stratégique exhaustif sur le problème de la dette

Bien sûr, très loin s’en faut,  l’Europe  ne saurait être tenue comme seule responsable du marasme dans lequel la Grèce est engluée, avec les conséquences matérielles extrêmement dures que l’on sait  pour les hellènes  dans leur  vie quotidienne. Nous  avons déjà  pointé sur ce blogue les aberrations du système  grec. Ses gaspillages avec l’argent des contribuable français et européens,  l’irresponsabilité, la corruption,  les  fraudes  a répétition  à tous les niveaux sous le règne des deux partis qui se sont partagés le pouvoir,   depuis  la chute du régime des colonels en 1974 jusqu’à la victoire de Syriza.  Les Grecs qui ne s’embarrassent pas de politiquement correct  constatent d’ailleurs  amèrement que sous la dictature militaire des colonels les autorités ne piquaient  dans la caisse et que la junte avait quitté le pouvoir en laissant des finances saines et  des comptes en équilibre. C’était  bien avant l’adhésion de la Grèce à l’Europe en 1981   et que cette dernière  ouvre  toute grande les cordons de la bourse  …

Autre sujet d’inquiétude pour les instances  bruxelloises, le rapprochement  entre la Russie et la Grèce. Certes, il existe  des liens anciens entre les deux nations orthodoxes, liées historiquement  notamment  par une lutte et une  solidarité  commune  face à l’oppression qui faisait alors régner l’empire Ottoman sur les peuples chrétiens dans les Balkans.

Liens qui se sont renforcés depuis l’élection d’Alexis Tsipras, lequel était présent la semaine dernière au Forum  économique international de Saint-Pétersbourg  et qui se sont matérialisés et avec la signature  vendredi d’un accord  entre Moscou et Athènes pour  la construction d’un gazoduc russe sur son territoire,  qui devrait débuter en   2016.

Un article du quotidien La Croix commentant cet événement  donne la parole à  « Vladimir Fédorovski, romancier et ancien diplomate russe, proche du Kremlin » qui souligne :  L’Union soviétique, puis la Russie, a toujours été liée à nombre de dignitaires de la gauche grecque. »

« Un accord  avec la Grèce (qui)  permet (à la Russie) de lancer un défi à l’Europe et de tenter d’y rétablir l’influence qu’elle perd depuis l’établissement des sanctions.  Moscou souhaite extraire l’Europe du Sud de l’influence américaine, estime Vladimir Fédorovski. Un éventuel  Grexit, une sortie de la Grèce de la zone euro, irait dans ce sens. La revue américaine de relations internationales  Foreign Policy, dans son édition du 18 juin, ne s’y est pas trompée en qualifiant l’accord gréco-russe de  mauvais pour les États-Unis et l’Otan.Si la Grèce se tourne ouvertement vers la Russie, c’est peut-être aussi pour inciter l’Union européenne à la garder dans son ensemble. Barack Obama ( il l’a réaffirmé le 8 juin lors du sommet du G7 en Bavière, NDLR) a plaidé en faveur d’une plus grande souplesse envers Athènes. En menaçant de préférer Moscou à Bruxelles, les Grecs savent que le soutien russe n’est ni désintéressé, ni complètement fiable ».

Si  les Russes sont logiquement ici à la manœuvre pour défendre leurs intérêts, desserrer l’étau de l’alliance euro-atlantiste pilotée par Washington qui lui livre une guerre qui ne dit pas son nom, quels sont justement les intérêts bien compris de la Grèce ?  Bruno Gollnisch estime qu’il s’agirait comme préalable à tout redressement  que ce pays recouvre sa souveraineté monétaire.

En février dernier, le site Polemia publiait une tribune de Jacques Bichot, économiste, mathématicien de formation, professeur émérite à l’université Lyon3 à l’heure ou  « la dette grecque pèse  320 milliards d’euros ».

« Les gouvernements européens et les autorités bruxelloises tournent en rond à propos de la Grèce alors que la solution est, dans son principe, d’une extrême simplicité : que la Grèce abandonne l’euro et que sa dette soit convertie en drachmes au taux de change qui était celui de la drachme lors du passage de la Grèce à l’euro ».

« La drachme ne manquerait alors pas de chuter fortement relativement à l’euro, ce qui rendrait la dette grecque supportable (moyennant peut-être quelques rééchelonnements), et rétablirait la compétitivité de ce pays, sans avoir à réduire encore les salaires nominaux ».

« Le problème essentiel est de faire redémarrer la production en Grèce. Pour cela, il faut que les importations deviennent chères, donc que la Grèce sorte de la zone euro. L’adoption de l’euro par ce pays a été une erreur : il faut la corriger. Rappelons-nous le dicton : errare humanum est, sed perseverare diabolicum. Mais il ne servirait à rien de réaliser cette opération de retour à la drachme tout en maintenant une dette en euros impossible à rembourser ».

Tels sont les termes du problème et du défi à relever pour ce pays, mais l’Europe bruxelloise et son maître américain accepteront-ils le choc qui créerait ce précédent ? Ont-ils encore les moyens de l’éviter sachant qu’une sortie de la zone euro n’impliquerait pas automatiquement une sortie de l’UE ? Nous n’allons pas tarder à être fixé.

 

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