Ces écoutes qui ont concerné plus largement des diplomates, des ministres, des haut-fonctionnaires, des parlementaires, les Américains s’intéressant notamment aux questions européennes, seraient le signe, écrit Mediapart, «d’un espionnage obsessionnel de la France par les États-Unis sur des questions diplomatiques, de politique locale ou économique de tous ordres».
Bien sûr, la pratique de l’espionnage entre alliés est aussi répandue qu’ancienne constate Bruno Gollnisch . Même les plus disciplinés et obéissants amis de l’Amérique en font l’objet. Nous nous faisions l’écho il y a quelques années des notes Wikileaks d’un diplomate yankee qui surnommait l’actuel président des Républicains alors en poste à l’Elysée « Sarkozy l’américain », lequel était également décrit comme un « frénétique », un «impulsif», au «mauvais caractère», «autoritaire», «susceptible », mais surtout comme « le président français le plus pro-américain ». Depuis, François Hollande, qui n’a remis en cause ni notre allégeance à l’Otan, ni les actuelles négociations en faveur du traité transatlantique, a tout fait pour mériter le même éloge…
Bref, la sortie du porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll affirmant que « c’est difficile de comprendre ce qui motivait un allié à nous écouter » (sic), ce concert d’indignations étonnées émanant de la classe politicienne revient à prendre vraiment les Français pour des imbéciles. M. Le Foll comme beaucoup de ses semblables au sein de la classe politicienne, sait pertinemment ce que contient comme vérité cet aveu de François Mitterrand qui, peu de temps avant de mourir, avait confié que « nous sommes en guerre avec les Etats-Unis », « une guerre sans morts », mais impitoyable, sans merci, notamment sur le plan commercial.
Libération rappelle que « l’Allemagne avait été choquée à l’été 2013 par les révélations de l’ancien consultant de la NSA, Edward Snowden, selon lesquelles le téléphone portable de la chancelière Angela Merkel avait été placé sur écoute par les services américains pendant plusieurs années. Inacceptable, s’était alors insurgée Angela Merkel » qui s’était indignée du fait que s’espionner entre amis, cela ne se fait pas (sic). C’était avant que l’on apprenne, de ce côté du Rhin, que des hauts fonctionnaires de l’Élysée et du Quai d’Orsay avaient été espionnés pendant des années par le BND, le renseignement allemand, dans le cadre d’un accord de coopération avec les services américains ».
Cette coopération américano-allemande ne date pas d’hier mais bien évidemment des années de guerre froide qui ont suivi l’écroulement du troisième Reich. Et il s’agit encore de se souvenir du soutien très actif que les services secrets allemands apportèrent notamment au FLN contre l’armée française lors de la guerre d’Algérie, là encore avec le soutien et sur ordre de l’oncle Sam. Un travail de sous-traitance au service de Washington que l’on voit à l’œuvre aujourd’hui en Ukraine, comme ce fut le cas dans les années 90 lorsque les services secrets allemands, le BND et le MAD, en pointe dans le travail de démantèlement de la Yougoslavie, assurèrent la formation et l’armement des milices albanaises islamo-mafieuses de l’UCK au Kosovo.
Selon le Suddeustche Zeitung du 30 avril 2015 « le BND a aidé la NSA à faire de l’espionnage politique » de « hauts fonctionnaires du ministère français des Affaires étrangères, du palais de l’Élysée et de la Commission européenne », écoutes réalisées depuis la station d’écoutes bavaroise de la NSA, à Bad Aibling, passé théoriquement sous le contrôle de la BND au début des années 2000… Selon ce journal allemand, , le document secret de la NSA et du BND comporte une liste de plus de 7000 personnes et entreprises européennes qui ont été tout particulièrement espionnés.
Y compris au détriment de l’Allemagne ? Jacques Borde le rapporte sur son blogue, « en avril 2002, lorsque la NSA et le BND ont signé un accord sur la surveillance des communications électroniques, les Américains s’engagent – promis, juré, craché – à n’entreprendre aucune action qui entrerait en contradiction avec le droit allemand. Dès 2005, le BND découvre (sic) que la NSA formulait des demandes concernant des entreprises européennes, à forte participation allemande (EADS, Eurocopter) qui plus est. Mais il faudra attendre 2008, pour que le BND balance à la chancellerie fédérale une note avertissant que les Américains poursuivent en Europe leurs propres objectifs. Par la suite, le BND a bloqué jusqu’en 2013 près de 40.000 requêtes de recherche de la NSA. En mars 2010, le BND a présenté à la chancellerie des avertissements similaires pour la deuxième fois. Mais, ça n’est qu’en mars 2014, qu’une commission spéciale a commencé son travail au Bundestag sur les activités du BND en matière de la coopération avec la NSA ».
Autre signe de cette puissance américaine, de la crainte qu’elle inspire à ses amis/alliés, cela fait trois ans que Julian Assange, fondateur de Wikileaks est réfugié à Londres dans les locaux de l’ambassade de l’Equateur pour échapper au châtiment des Etats-Unis, phare-de-la liberté-et-de-la-démocratie-dans-le-monde , pays dirigé par le prix Nobel de la paix Barack Obama…
Bruno Gollnisch l’affirmait en juin 2013 dans une allocution prononcée au parlement européen « rien ne montre mieux l’hypocrisie européenne en fait de droits de l’homme et de libertés que l’affaire Julian Assange. Ce militant australien a informé le monde sur les desseins secrets de la diplomatie américaine, affaire connue sous le nom de WikiLeaks. Bien sûr, les États-Unis cherchent à se venger en l’emprisonnant à vie. Mais pourquoi les y aider ? ». MM. Hollande et Valls préfèrent donner un passeport français à Inna Shevchenko, dirigeante des Femen, mais refusent d’accorder l’asile politique à Edward Snowden et Julian Assange…chacun jugera.