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Grandes oreilles

Aigle américainC’est aujourd’hui  que  l’Assemblée  nationale  adoptera  définitivement, par un  dernier  vote,  le très décrié  projet de loi  sur le renseignement. Une  loi Big Brother, soutenue globalement par l’RPS qui bafoue nos libertés publiques sans mieux protéger nos compatriotes des dangers du terrorisme islamique. La nécessité de lutter contre cette menace, dans la foulée de attentats de  janvier  fut  pourtant l’argument  massue, largement utilisé notamment  par Manuel Valls,  pour  vendre aux Français les bienfaits d’un  texte qui légitime et enrobe de l’onction du droit des pratiques éminemment critiquables inquiétantes et contestables…Coïncidence des dates, Médiapart et Libération ont fait état ces de dernières heures de nouvelles notes de  la NSA (National Security Agency) obtenues par WikiLeaks qui révèlent que Washington avait successivement  mis sur écoute les trois derniers locataires de l’Elysée: Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Révélations qui ont été très mollement démenties par les Etats-Unis.

Ces écoutes qui ont concerné plus largement  des diplomates, des ministres,  des haut-fonctionnaires, des parlementaires, les Américains s’intéressant notamment aux questions européennes,  seraient le signe, écrit  Mediapart, «d’un espionnage obsessionnel de la France par les États-Unis sur des questions diplomatiques, de politique locale ou économique de tous ordres».

Bien  sûr,  la pratique de l’espionnage entre alliés est aussi  répandue qu’ancienne constate Bruno Gollnisch . Même les plus disciplinés et obéissants amis de l’Amérique en font l’objet.   Nous nous faisions l’écho il y a quelques années des notes Wikileaks d’un diplomate yankee qui surnommait  l’actuel président des Républicains alors en poste  à l’Elysée « Sarkozy l’américain », lequel était également décrit  comme un  « frénétique », un  «impulsif», au «mauvais caractère», «autoritaire»,  «susceptible », mais surtout  comme  « le président français le plus pro-américain ». Depuis, François Hollande, qui n’a  remis  en cause ni  notre allégeance à l’Otan, ni  les actuelles négociations en faveur du  traité transatlantique,    a tout fait pour mériter le même éloge…

Bref, la sortie  du porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll  affirmant que « c’est difficile de comprendre ce qui motivait un allié à nous écouter » (sic),  ce concert d’indignations étonnées émanant de la classe politicienne  revient à prendre vraiment  les Français pour des imbéciles.  M. Le Foll comme beaucoup de ses semblables au sein de la classe politicienne, sait pertinemment ce que contient comme vérité cet aveu de François Mitterrand qui, peu de temps avant de mourir,  avait confié que  « nous sommes en guerre avec les Etats-Unis », « une guerre sans morts », mais impitoyable, sans merci, notamment sur le plan commercial.

Libération rappelle  que « l’Allemagne avait été choquée à l’été 2013 par les révélations de l’ancien consultant de la NSA, Edward Snowden, selon lesquelles le téléphone portable de la chancelière Angela Merkel avait été placé sur écoute par les services américains pendant plusieurs années. Inacceptable, s’était alors insurgée Angela Merkel » qui s’était indignée du fait que s’espionner entre amis, cela ne se fait pas (sic). C’était avant que l’on apprenne, de ce côté du Rhin, que des hauts fonctionnaires de l’Élysée et du Quai d’Orsay avaient été espionnés pendant des années par le BND, le renseignement allemand, dans le cadre d’un accord de coopération avec les services américains ».

Cette coopération américano-allemande  ne date pas d’hier mais bien  évidemment  des années de  guerre froide qui ont suivi l’écroulement  du troisième Reich.   Et il s’agit encore de se souvenir du soutien très actif   que les services secrets allemands  apportèrent notamment  au FLN  contre l’armée  française lors de la guerre d’Algérie, là encore avec le soutien et sur ordre de l’oncle Sam. Un travail de sous-traitance au service de Washington que l’on voit  à l’œuvre aujourd’hui en Ukraine, comme ce fut le cas  dans les années 90 lorsque  les services secrets allemands, le BND et le MAD, en pointe dans le travail de démantèlement de la Yougoslavie,  assurèrent  la formation et l’armement des milices albanaises islamo-mafieuses de l’UCK au Kosovo.

Selon le Suddeustche Zeitung du 30 avril 2015 « le BND a aidé la NSA à faire de l’espionnage politique » de « hauts fonctionnaires du ministère français des Affaires étrangères, du palais de l’Élysée et de la Commission européenne », écoutes réalisées  depuis la station d’écoutes bavaroise   de la NSA, à  Bad Aibling, passé théoriquement sous le contrôle de la BND au début des années 2000…   Selon ce journal allemand, , le document secret de la NSA et du BND comporte une liste de plus de 7000   personnes et entreprises européennes qui  ont été tout  particulièrement  espionnés.

Y compris au détriment de l’Allemagne ? Jacques Borde  le rapporte sur son blogue, « en avril 2002, lorsque la NSA et le BND ont  signé un  accord sur la surveillance des communications électroniques, les Américains s’engagent – promis, juré, craché – à n’entreprendre aucune action qui entrerait en contradiction avec le droit allemand. Dès 2005, le BND découvre (sic) que la NSA formulait des demandes concernant des entreprises européennes, à forte participation allemande (EADS, Eurocopter) qui plus est. Mais il faudra attendre  2008, pour que le BND balance à la chancellerie fédérale une note avertissant que les Américains poursuivent  en Europe leurs propres objectifs. Par la suite, le BND a bloqué jusqu’en 2013 près de 40.000 requêtes de recherche de la NSA. En mars 2010, le BND a présenté à la chancellerie des avertissements similaires pour la deuxième fois. Mais, ça n’est qu’en mars 2014, qu’une commission spéciale a commencé son travail au Bundestag sur les activités du BND en matière de la coopération avec la NSA ».

Autre signe de cette  puissance  américaine, de la  crainte qu’elle inspire à ses amis/alliés,  cela fait trois  ans que Julian Assange, fondateur  de Wikileaks est réfugié à Londres dans les locaux de   l’ambassade de l’Equateur pour échapper au châtiment des Etats-Unis, phare-de-la liberté-et-de-la-démocratie-dans-le-monde , pays dirigé  par le  prix Nobel de la paix  Barack Obama

Bruno Gollnisch l’affirmait  en juin 2013 dans une allocution  prononcée  au parlement européen «  rien ne montre mieux l’hypocrisie européenne en fait de droits de l’homme et de libertés que l’affaire Julian Assange. Ce militant australien a informé le monde sur les desseins secrets de la diplomatie américaine, affaire connue sous le nom de WikiLeaks. Bien sûr, les États-Unis cherchent à se venger en l’emprisonnant à vie. Mais pourquoi les y aider ? ». MM. Hollande et Valls   préfèrent  donner un passeport français à  Inna Shevchenko, dirigeante des Femen,  mais  refusent d’accorder l’asile politique à  Edward Snowden  et Julian Assange…chacun jugera.

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