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Politique d’abord

agoraPlus la «menace» FN apparaît importante, plus la caste politico-médiatique donne de la voix. Le cas est symptomatique, il est assez piquant d’entendre un soutien engagé de la droite républicaine, Charles Consigny,  dans la dernière émission vidéo de débat du site du Point «Ne nous fâchons  pas», où il dialogue avec Michèle Cotta, prendre les mêmes accents terrifiés qu’un éditorialiste de l’Humanité. M. Consigny a parlé de «catastrophe», de «violence» dans l’hypothèse d’une  victoire frontiste dans une région,  appelant au  «front  républicain » en cas  de nécessité. C’est pourtant le même Charles Consigny  qui, en juin de l’année dernière,  soulignait implicitement dans Le Point le bilan épouvantable des quinquennats Chirac et Sarkozy  sur le terrain de la gestion des flux migratoires: «un refus d’intégration (ne parlons pas d’assimilation) des populations immigrées», «conséquence, à laquelle on pouvait et on devait s’attendre d’une politique migratoire délirante qui fait entrer tous les ans en France deux cent mille personnes venues de l’étranger». En fait de politique  violente et catastrophique, celle de la droite dite républicaine, notamment dans ce domaine,  a fait toutes ses (mauvaises) preuves…

Dans son dernier éditorial publié dans Challenges, le tout aussi antifrontiste transfuge de Marianne, Maurice Szafran, évoque le cas du recours  aux pipoles et assimilés (Levai, Benamou, Arcady, Adler, Gallo, Macias…),  d’un Christian Estrosi  pour lutter contre le FN en PACA.

«Combattre Marion Maréchal Le Pen en la contournant sur la droite était voué à l’échec et Estrosi, qui ne fait pas dans la demi-mesure, en est revenu à la politique façon années 80, façon années Mitterrand, façon stars et people qui, à leur façon, s’en prennent au danger FN et le dénoncent.» La tête de gondole LR-Modem-UDI a donc «estimé indispensable, tel autrefois, d’appeler les people à la rescousse.»

Le dernier en date, à le rejoindre est l’animateur de jeux sarkozyste  Jean-Pierre Foucault, qui certes n’est pas réputé pour son esprit d’analyse mais  qui a résumé « le sens de cet engagement : Je n’ai pas envie de donner les clés de notre région à n’importe qui... Le niveau zéro du langage politique ? Pas forcément tempère Maurice Szafran. Une manière, avec des mots simples, avec des mots forts, de ramener Marion Maréchal Le Pen à ce qu’elle provoquerait, la ruine économique et morale d’une région essentielle a l’image de la France ».

«Ce retour à la politique-people est d’autant plus intéressant qu’on pourra juger sur pièces de son efficacité ou, selon les augures en vogue, de son inefficacité, de ses effets soi-disant contre productifs sur tout ou partie de l’électorat». Continuer  à prendre les électeurs  pour de bons sauvages, des  imbéciles achetables  avec de la verroterie et des paillettes, en agitant devant leur nez ceux qui sont chargés de capter leur temps de cerveau disponible?  Ce n’est  pas (plus)  très efficace, nous pouvons déjà l’affirmer à M. Szafran.

Sur le site du magazine  Marianne,  Eric Conan  a  tapé  méchamment sur Jean-Marie Le Pen en ressassant toujours les mêmes lieux communs mais  a  estimé surtout,  avec plus de  lucidité, qu’il est peut être un peu  tard  pour ce genre de combinazione à la Estrosi.

« Des trois offres politiques (gauche, droite, FN, NDLR), celle du Front National, déjà majoritaire chez les salariés du secteur privé de moins de 35 ans, remplit la fonction la plus claire écrit-il.  Récupérer l’ancien vote de classe des catégories populaires que la gauche a laissé tomber. Marine Le Pen s’est installée sur le socle sociologique du Parti communiste et entame celui du Parti socialiste. L’anomalie politique réside désormais dans ce faux clivage d’une gauche et d’une droite défendant à peu près le même programme. La gestion au fil de l’eau et des traités européens. L’adaptation aux règles de la mondialisation sauvage. Le point de convergence d’une gauche qui a lâché le peuple et d’une droite qui a lâché la nation ».

Certes, poursuit-il, «François Hollande  cherche à rejouer en 2017 le coup gagnant du cynisme mitterrandien de 1988. Cibler et favoriser le Front National pour pourrir la vie de la droite. Avec le soutien de Libération à la place de Globe. Nicolas Sarkozy fait de même. Attaquant moins François Hollande et ses ministres que (Marine). Lui cherche à rejouer son coup gagnant de 2007. Siphonner l’électorat lepéniste. Mais, des deux côtés, ces combines recuites sont à bout de souffle (…). Aujourd’hui, les plus cyniques stratèges hollandais se disent que quelques régions conquises par le Front National peuvent ressouder la gauche pour 2017… Quant à Nicolas Sarkozy, il s’illusionne en pensant récupérer les votes frontistes qu’il avait engrangés en 2007 avant de les trahir. Ces électeurs cocus ne se feront pas berner deux fois».

«Avec son pragmatisme habituel, Alain Minc vient de le reconnaître  (entretien dans La tribune en date du 20, octobre, NDLR): il n’y a plus selon lui que le refus de l’euro pour maintenir le Front National à l’extérieur du  cercle démocratique » note encore Eric Conan.

Dans La tribubne M. Minc, conseiller successif de MM. Mitterrand, Chirac et  et Sarkozy, affirme qu’il votera pour Juppé en 2017 et livre de  manière très révélatrice  le fond de sa pensée : «Marine Le Pen est une vraie femme politique. Elle se fiche du fond, et je pense qu’elle finira par accepter l’euro. Si un tel scénario se produit, alors elle cassera en deux la droite française. Car la monnaie unique est encore la dernière ligne qui sépare la partie dure de la droite républicaine et le Front National (…) idéologiquement. Si elle se convertit à l’euro, qu’est-ce qui différenciera Marine Le Pen de la CSU allemande ?.» La CSU de Mme Merkel? Laquelle?  Celle qui refuse d’engager une politique nataliste autochtone condamnant l’Allemagne au déclin? Celle   qui a ouvert en grand les vannes de l’immigration pour satisfaire les besoins   d’un certain patronat  en main d‘œuvre à bas prix ?

Nous pourrions conseiller à M. Minc de relire le programme du FN et le projet présidentiel de Marine pour mesurer le caractère pour le moins aventureux de ses propos souligne Bruno Gollnisch. Mais cet  archétype de l’économiste combattant le fait national,  à l’instar de l’hyperclasse mondialiste, est aveuglé par son mépris  de la chose politique, certes bafouée, avilie par la classe politicienne qu’il entend subordonner aux questions économiques. Elle est déjà loin l’époque où l’on entendait un chef d’Etat Français affirmer, en le  croyant vraiment,  que « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille »…

Cette manière de voir de la Caste dominante n’est pas nouvelle. Dans son livre intitulé «Aphorismes», l’homme politique allemand d’avant-guerre  Walter Rathenau (1867-1922),  qui ne fut pas  sans mérites,  rapportait cet épisode : «Napoléon a dit à Goethe, à Erfurt : la politique c’est la destinée. Cette phrase, certes, est restée vraie  mais pour un  temps limité. Le jour est proche ajoutait Rathenau, où il faudra dire : l’économie c’est la destinée».

C’est bien pourtant la Politique qui a décidé, in fine,  dans l’entre-deux guerres  du destin ô combien terrible de l’Allemagne (et de l’Europe)  et même du sort  tragique de Walter Rathenau qui a fini sous les balles de militants extrémistes. Malheur aux nations qui confient leur destinée à des dirigeants qui veulent réduire les peuples et les questions qui les meuvent aux seules questions matérielles.    

 

 

 

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