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Changer de cap, en finir avec la ligne bisounours

la-liberte-guidant-le-peuple-gros-planUn nouvel attentat-suicide revendiqué par la secte islamo-mafieuse Boko Haram, perpétré  par deux  fillettes d’une dizaine d’années,  a fait 15 morts et plus de 50 blessées hier dans un marché de Kano, du nord du Nigeria. De son côté l’Etat islamique a annoncé le même jour l’exécution de deux otages qu’il détenait, un Chinois et un Norvégien. Une atrocité qui parait presque ordinaire au vu des exactions quotidiennes de l’EI. Cette organisation vient de  de publier des images (info ? intox ?) de  la bombe artisanale qui a été placée sur l’avion russe qui s’est écrasé dans la péninsule égyptienne du Sinaï fin octobre 2015 et qui a causé la mort de  224 personnes. Au sommet du G20, qui s’est tenu du 14 au 16 novembre en Turquie,  Vladimir Poutine a  appelé à «(l’union) des efforts internationaux pour combattre ce groupe terroriste (Daech)». Le président russe a  indiqué avoir présenté des exemples de financement de l’EI  par des personnes physiques venant de 40 pays, y compris des pays-membres du G20…une pierre dans le jardin des pétromonarchies…

Il a ainsi  martelé l’urgence de taper l’Etat islamique  au portefeuille en  empêchant la vente illégale de pétrole, source de financement majeur de cette organisation.  Un juteux business, rappelons-le  dans lequel le propre le fils du Premier ministre turc  Erdogan avait été impliqué.

Dans un  entretien accordé  ces dernières heures à la télévision italienne, Bachar el Assad a affirmé  que les criminels se réclamant du takfirisme  qui ont ensanglanté  Paris sont  entraînés en Syrie. Et que leurs agissements ne sont rendus possible que  par  le  «soutien des Turcs, des Saoudiens et des Qataris, et bien sûr à la politique occidentale qui a soutenu les terroristes de différentes manières ».

L’EI  «n’a pas démarré en Syrie. Il a débuté en Irak et avant, en Afghanistan», a affirmé le président syrien, rappelant pour l’occasion une  citation de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, qui n’est guère contestée,  selon laquelle « la guerre en Irak a contribué à créer l’EI».  «Son aveu constitue la preuve la plus significative », a insisté Bachar el Assad.

C’est en effet toute l’ambiguïté, dans cet orient compliqué,   de la  lutte   des occidentaux, des Etats-Unis, de l’Otan et de ses alliés des pétromonarchies   contre l’EI,  qui est implicitement soulevée ici par le président russe comme par le président syrien (lui-même non exempt de reproches).

Aymeric Chauprade en son temps l’avait rappelé, nous savons qu’al Qaïda fut «une légion arabe», « d’idiots utiles  au service la CIA», dont les membres étaient persuadés de lutter contre le grand Satan américain alors  qu’ils étaient pilotés à distance, instrumentalisés par ceux qu’ils croyaient sincèrement combattre.

Il y a quatre ans le géopoliticien soulignait que comme  «l’Histoire l’atteste, le terrorisme, c’est d’abord un fait étatique, le fait de services de renseignement qui ont la volonté, la vision, les moyens, la logistique pour mener à bien ce genre d’opérations en utilisant les illuminés, les idéologues, les fanatiques». Et il existe des spécialistes très bien formés, rompus aux techniques de manipulations,  pour pénétrer des « cellules », utiliser tous les «moyens humains disponibles»,  repérer les profils psychologiques de ceux qui  ont de failles, des fragilités,  qui peuvent être conditionnés pour aller  jusqu’au bout, jusqu’à se faire exploser  au milieu d’une foule…

Alors  l’Etat islamique  est une organisation monstrueuse qu’il s’agit d’éradiquer, ce qui commande pour mieux la combattre de  percer de la nature même de cette entité, constate Bruno Gollnisch. Nous évoquions sur ce blogue les analyses du criminologue Xavier Raufer,  qui est tout sauf un obsédé paranoïaque du complot, invité de l’antenne de TV libertés samedi pour parler de tragiques attentats de la veille.

Concernant Daech, M. Raufer a fait part de son trouble : «aucun groupe terroriste dans l’histoire de l’humanité a eu plus de chars d’assaut que l’armée française (…). L’Etat islamique n’est pas un groupe terroriste ce n’est pas à l’échelle (…). Est-ce une guérilla? Non plus une guérilla attaque l’ennemi et se replie, l’EI ne se replie pas, se crée un fief, occupe le terrain  et y reste. Alors Qu’est ce que c’est?  La seule explication c’est que l’EI est une armée mercenaire. Au service de qui? A l’heure actuelle,  c’est tout sauf clair Pour le compte de qui frappe-t-elle? Tout cela est très bizarre, rien ne colle dans les pièces du puzzle (…). »

« Contrairement  au Hezbollah, à d’autres groupes, l’EI ne va pas de soi » affirme encore Xavier Raufer. « Cette entité a-t-elle son libre arbitre, décide-t-elle de frapper ici ou là ou il y a-t-il quelque chose de très trouble derrière? Les questions que posent Daech sont très lourdes et très inquiétantes (…) ». Bref on ne sait pas très bien ce qu’est l’EI : « une étude a été faite récemment par des officiels sur le sujet. Vous avez une organisation, l’EI, qui fait des signes dans toute sa propagande d’une absolue  dévotion à l’islam», «c’est pour sa pureté soi-disant qu’ils égorgent de individus et brûlent des enfants vivants».  Or, « une analyse biographique a été faite des cinquante personnes au sommet de l’EI» et elle révèle qu’ « il n’y a  pas un seul islamiste » en haut de la pyramide  comme en atteste l’étude de leur passé, « al Baghdadi est un leurre  (…)».

Alors « qu’est-ce que c’est que ce machin ?  Personne n’a de réponse,  y compris la présidence des Etats-Unis.»  Interrogé en novembre 2014 (sous serment)  par le «congrès américain» relatait encore M. Raufer, «le général commandant toutes les troupes américaines du Moyen-Orient   a dit : nous ne comprenons même pas le concept. Cette nébuleuse bizarre qui a des gros moyens est-elle le faux nez ou le paravent à des Etats  X ou Y de la région ? Mais lesquels?»  Les saoudiens  jurent qu’ils ont  rompu depuis deux ans avec l’EI.  « Qui est derrière ?  c’est une  vraie question et moi je n’ai pas la réponse ».

Ce qui est pour le coup certain c’est que l’EI frappe la France pour des raisons précises,  prioritairement en tant qu’adversaire militaire et politique qui contrarie ses plans, et non pas seulement  parce  qu’elle serait l’incarnation du vivre-ensemble, de l’hédonisme ou de l’existentialisme sartrien comme l’affirment  les  idéologues dépassés,  cramponnés à leurs certitudes,  les déboussolés, les naïfs qui luttent contre l’obscurantisme en envoyant  le symbole peace and love sur les réseaux sociaux.  Si l’EI s’attaque à notre pays sur notre sol, c’est certes parce qu’elle sait aussi que la société française est fragile, traversée par des tensions, des violences, la montée des communautarismes. Toutes choses qui sont bien évidemment en rapport  avec l’immigration de peuplement, la  babélisation de beaucoup de nos quartiers…où le vivre-ensemble cher à Roland Barthes a disparu depuis longtemps.

« Tolérance et apathie sont les dernières vertus d’une société mourante » notait Aristote qui serait aussi effaré que nous le sommes d’apprendre que dans ce contexte, la Commission européenne a annoncé voici quinze jours la venue de trois millions de migrants d’ici 2017.  

Lors d’une  conférence de presse à Berlin il y a deux jours, le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a juré qu’aucun élément formel ne permettait d’affirmer pour l’instant que des islamistes étaient arrivés en Europe parmi les réfugiés. Une certitude battue en brèche par les spécialistes du renseignement, d’autant que l’EI n’a pas fait mystère de l’aubaine que représentait  pour lui cette masse migratoire en mouvement vers les pays des croisés…

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban,  a  fait  part lundi de son pessimisme, en relevant  que  «de façon délibérée et organisée, les terroristes ont exploité les migrations de masse, en se mélangeant à la foule des gens quittant leurs foyers en quête d’une vie meilleure (…).»

Dans un entretien accordé au Kronen Zeitung, l’Autrichien Gert-Rene Polli, ancien directeur du Bureau fédéral de la préservation de la Constitution & de la lutte contre le terrorisme (Bundesamt für Verfassungsschutz & Terrorismusbekämpfung, BVT) a dit lui  aussi  exactement le contraire des assertions  de M. de Maizière et des tenants de la ligne bisounours.

«La situation sécuritaire ne peut plus être maintenue sous contrôle», a-t-il estimé, pointant l’afflux d’immigrés (« migrants», «réfugiés») vers l’Europe. «Cette  migration absolument incontrôlée »  est un facteur de très grand risque, car il  est évident soulignait-il  que des terroristes  profitent de ce torrent migratoire pour s’infiltrer dans les pays de l’UE. Les  djihadistes «n’attendent pas que les autorités les arrêtent sans hâte, ils attaqueront avant. Nous verrons cela dans cinq mois au plus tard », mettait-il  en garde.  L’heure est au changement de cap, et vite.

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