Voilà qui devrait mettre du baume au cœur du président socialiste du parlement européen, Martin Schulz qui hier, dans le journal Die Welt, essayait de faire trembler dans les chaumières en expliquant que «l’Union européenne est en danger. Des forces sont à l’œuvre » (suivez son regard…) «qui cherchent à nous éloigner les uns des autres (et) les conséquences serait dramatiques »… Dramatiques pour les amis de M. Schulz, comprenons-nous bien…
Ce qui est proprement dramatique, c’est surtout la pauvreté des arguments avancés pour tenter de démolir le projet frontiste. Ces dernières heures, les commentaires, les articles, les analyses outrancières de pseudo spécialistes, volontairement mensongères, ont déferlé, du Figaro à France Culture, pour expliquer que le programme économique du FN –alors même que les habitants des villes frontistes plébiscitent la gestion de leur commune- correspond peu ou prou à celui de la Corée du Nord !
Ce qui est tout aussi affligeant, c’est l’infantilisation des électeurs par les dirigeants de LRPS, à laquelle, et c’est tout à son honneur, a voulu résister Jean-Pierre Masseret qui lui considère les Français comme majeurs, responsables, libres de leur choix. Malgré les pressions de l’ensemble du microcosme politico-médiatique, et notamment de ses «amis» de la rue de Solferino qui l’ont privé de l’investiture socialiste, M. Masseret a finalement déposé hier sa liste au second tour en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine.
Un député PS comme Malek Boutih, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, qui n’ont pas de mots assez durs pour conspuer M. Masseret, appellent dans le même élan à voter pour un Bertrand, pour un Estrosi dont Cambadélis dénonçait il y a quelques semaines sur tweeter « le discours» qui «reprend mot à mot (celui) du FN.»
Ce qui est également certainement écœurant pour Jean-Pierre Masseret, comme pour les hommes et les femmes de gauche sincères, c’est le spectacle pathétique auquel se livre sous nos yeux les gamellards du Parti communiste et les écolos à la sauce Cécile Duflot et Emmanuelle Cosse. Ces derniers qui tiraient à boulets rouges sur la politique « de droite » du PS, se sont ralliés au candidat socialiste dans les régions concernées, dans un même élan grégaire et boutiquier, sous le prétexte commode et putassier de la lutte contre la Bête immonde.
Notons-le aussi, Jean-Luc Mélenchon a refusé de se livrer à cette mascarade en ne donnant aucune consigne de vote en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Paca où la gauche s’est retirée et a dit comprendre « la réaction d’honneur blessé » de Jean-Pierre Masseret. L’ex candidat à la présidentielle du Front de Gauche enrobe le tout de son fielleux petit couplet antifrontiste habituel, mais son attitude reste infiniment plus digne, plus morale aussi que celle du député communiste André Chassaigne qui a déclaré qu’il voterait Bertrand ou Estrosi face au FN s’il était électeur dans une de ces deux régions.
Chacun a bien compris que les appels au barrage républicain émanent sans grande surprise des adversaires les plus sectaires du Mouvement national, à commencer par la secte du Grand orient –à laquelle sont affiliés un Xavier Bertrand, un Manuel Valls, mais aussi un Mélenchon ici en rupture de consigne…- dirigée par le très extrémiste Daniel Keller. «Si ce scrutin ne provoque pas un profond réveil des partis républicains, alors nous aurons assisté dimanche à la répétition de ce qui se passera en 2017», a pronistiqué le grand sachem Keller dans le JDD.
Plus largement rapportait Le Figaro, «Dès dimanche soir, c’est la Fraternelle parlementaire, composée des élus francs-maçons des deux assemblées et dirigée par le député PS du Nord Christian Bataille, qui se prononçait pour le Front républicain. Les élections régionales, partout en France, créent une situation grave pour la République et les valeurs humanistes que défend la Fraternelle parlementaire (…). Il faut impérativement barrer la route au Front National qui porte en lui l’intolérance et la guerre sociale. Face au parti de la haine, le camp de la République doit être solidaire. Personne ne peut avoir la prétention de l’emporter seul. Partout, tous les républicains et démocrates doivent se rassembler sous toutes les formes possibles (…) , pouvait-on lire dans le communiqué des parlementaires francs-maçons. »
Dans Le Point, le politologue Nicolas Lebourg rappelle pour sa part plus prosaïquement que c’est «manifestement» au sein de l’électorat de droite que les oukases antinationales ne fonctionnent plus, dans cette catégorie que le FN engrange le plus de voix : «Il existe même des zones aujourd’hui où le FN est devenu LA droite. C’est le cas par exemple en Languedoc-Roussillon comme l’a expliqué Emmanuel Négrier, chercheur du Centre d’études politiques de l’Europe latine (Cepel) de Montpellier. Ces électeurs de droite sont partis au FN, car la ligne idéologique des Républicains est floue ».
«Chez les Républicains», constate M. Lebourg comme Bruno Gollnisch avant lui, «il n’y a ni ligne idéologique ni ligne stratégique. Nicolas Sarkozy vibrionne en fonction des sondages. Le résultat est illisible pour les électeurs (…). Christian Estrosi, symbole de cette droite qui court derrière le FN, s’est fait écraser par Marion Maréchal-Le Pen au premier tour. Et en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, Dominique Reynié – à mon sens sur une ligne proche de celle du ministre Emmanuel Macron, plutôt centriste – se fait écraser par le frontiste Louis Aliot. Bref, si la droite ressemble au PS, l’électeur glisse un bulletin FN dans l’urne pour voter à droite et si la droite ressemble trop au FN, l’électeur va préférer l’original à la copie. Les Républicains ne tiennent pas une vraie ligne de droite, simplement mais pleinement de droite.»
Autant dire qu’il n’est guère étonnant que dans un pays comme la France où, comme dans le reste de l’Europe, les demandes de protections, les valeurs de libertés, d’identité, d’enracinement, de traditions ont le vent en poupe, le FN fasse de moins en moins peur. Malgré la haine tremblotante de la Caste, la dernière enquête réalisée par l’institut BVA pour l’Obs, enregistre que 44% de sondés souhaiteraient que le FN dirige au moins une région à l’issue du second tour. Bref, ce qui exaspère, ce qui inquiète aussi les Français les plus lucides, c’est bien avant tout le visage hideux, haineux, de ce front ripoublicain.