«Tsipras lui-même a-t-il changé ? Ou bien n’est-il que le général vaincu d’un pays à la souveraineté limitée ?». Ce qui est certain c’est que lui même et son parti Syriza étaient portés par les espoirs d’un peuple grec très durement tabassé, paupérisé, par les diktats financiers de la troïka BCE-FMI-Commission européenne. Hellènes qui payent aussi actuellement au prix fort, souligne Bruno Gollnisch, car «l’Europe» n’est pas seule responsable de tous les maux, les conséquences de décennies de mauvaises habitudes, de gabegie, de tricherie, de corruption, de gestion fantasque des comptes publics qui caractérisèrent la société grecque, notamment lors des années de règne du Pasok (parti socialiste).
Le référendum du 5 juillet de l’année dernière a vu les électeurs soutenir M. Tsipras (qui avait mis son mandat en jeu) en votant Non (à 61 %) à la proposition de réformes formulée par les créanciers du pays. Le parti au pouvoir a aussi remporté les élections législatives de septembre, marquées cependant par une très sensible montée de l’abstention.
Bref, malgré sa capitulation finale devant les préteurs, la trahison des électeurs (8 jours après le référendum…), ses reniements, ses démissions, son refus de se libérer de l’euro qui asphyxie inexorablement son pays, M. Tsipras gardait vaille que vaille la confiance du peuple grec…faute de mieux ?
Sur le site du magazine Causeur, analysant les législatives de septembre, l’économiste Jacques Sapir notait néanmoins «qu’il n’y a pas d’avenir pour la Grèce tant qu’elle reste dans la zone Euro et tant qu’elle ne fait pas défaut sur une part importante de sa dette. Ceci commence à se dire tant aux FMI que dans les couloirs de l’Union européenne. Le dossier grec est donc toujours sur la table. Même si, aujourd’hui, d’autres problèmes sont en train de focaliser l’attention, comme la crise des réfugiés.»
M. Sapir ne croyait pas si bien dire et la crise des migrants est plus actuelle que jamais, et s’expose de manière particulièrement emblématique à Calais. Cette fin de semaine, le maire (LR) Natacha Bouchart manifestait avec des commerçants de la ville pour exiger un « moratoire sur les taxes des commerçants du Calaisis » en raison d’ « une forte baisse de l’activité.» Celle-ci est due, comme chacun le sait, à l’explosion du nombre des clandestins traînant dans les rues et créant un climat de peur, de violences et de tensions dans la commune. Samedi toujours, des Collectifs de soutien aux migrants ont organisé une autre manifestation qui a réuni environ 2000 personnes, en présence du député écolo-gauchiste Karima Delli (EELV) et de Philippe Poutou, une des figures du groupuscule trotskyste NPA.
Occasion offerte à l’extrême gauche (antifa et autres casseurs appartenant à la mouvance internationaliste No Borders) de se livrer à des déprédations. 26 immigrés clandestins et 9 militants No Borders ont été interpellés après s’être introduit à l’intérieur d’un ferry britannique dans le port de Calais. Située en centre-ville, la statue du Général De Gaulle et d’Yvonne de Gaulle a été dégradée par un tag «Nik la France» pendant la manifestation d’extrême gauche. Une action qui a suscité les réactions forcément indignées du président du Conseil régional Xavier Bertrand et de Mme Bouchart… bien forcés cette fois de sortir de leur silence.
Le Figaro l’indique à ses lecteurs, « le mouvement des No Borders est apparu en Allemagne dans les années 90. Depuis 2009, il apporte un soutien inconditionnel aux migrants de la Jungle qui souhaitent rejoindre la Grande-Bretagne. Les activistes aident ainsi les migrants de Calais à s’installer, à entreprendre des démarches administratives et ouvrent parfois des squats pour les accueillir. D’après le ministère de l’Intérieur, qui surveille de près le mouvement, ces anarchistes sont d’origine française, allemande et hollandaise. La presse outre-Manche évoque également la présence de nombreux militants britanniques dans leurs rangs.»
Les propos du porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre Henry Brandet, sont rappelés pour l’occasion : «ll y a des militants No Borders qui ont été identifiés (…) qui profitent du désarroi, de la détresse de ces migrants, qui instrumentalisent cette détresse, et les poussent à faire n’importe quoi», «il y a derrière la détresse de ces migrants un certain nombre de personnes irresponsables qui instrumentalisent cette misère à d’autres fins qu’à des fins humanitaires.»
La violence des No Borders, petits pions qui instrumentalisent de pauvres immigrés mais qui sont tout autant instrumentalisés, répond en quelque sorte symétriquement à celle d’un capitalisme financier, spéculatif, apatride, mondialisé. Lui aussi est sans foi ni loi, lui aussi prône la disparition des souverainetés nationales, des frontières, la libre circulation sans frein des personnes, des biens et des capitaux. D’Athènes à Calais c’est bien ce Système là dont il convient de changer !