L’idée est a priori tentante : résorber le chômage en mettant en relation, à l’échelle européenne, la totalité de l’offre et de la demande d’emplois. Mais elle ne résiste pas à l’analyse.
Le rapporteur constate et déplore, dans l’exposé des motifs, que le taux de «mobilité» des travailleurs dans l’UE n’est que de 0,29 %, chiffre qui ne comprend bien évidemment pas les travailleurs détachés. Mais il n’en analyse pas les fondements. Comment peut-on raisonnablement croire que ce faible taux n’est dû qu’à un manque d’information des travailleurs et employeurs potentiels ?
Comment peut-on croire que le manque d’appétence d’un chômeur français ou suédois pour aller travailler pour 425 euros par mois en Roumanie, où c’est le salaire moyen, n’est dû qu’à son ignorance des offres d’emploi disponibles ? Ou qu’un chômeur roumain n’est pas tenté, lui, de faire quoi qu’il arrive le voyage vers la France, même s’il n’y trouve qu’un job payé au SMIC ?
Votre volonté de créer artificiellement un marché unique de l’emploi aura comme conséquence l’institutionnalisation du dumping social, la menace de soumettre les droits des chômeurs à l’acceptation de n’importe quel emploi, n’importe où en Europe, et in fine, un nivellement social par le bas. J’ai voté contre.