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L’Europe prise à la gorge, Ankara pousse son avantage

Drapeau européenCe n’est pas « un bruit de chiotte »,  pour reprendre l’expression élégante du ministre de l’Education Nationale Najat Vallaud-Belkacem, commentant les rumeurs d’une démission de Manuel Valls en cas de recul de François Hollande sur le projet de loi El Khomry. La preuve, le président de la république s’en est félicité, bien plus bavard pour l’occasion que pour sa remise de la Légion d’honneur la semaine dernière à  l’islamiste « modéré » et « grand ami » de notre civilisation helléno-chrétienne (non?), le prince héritier et ministre de l’Intérieur d’Arabie saoudite Mohamed Ben Nayef. M. Hollande a en effet jugé positif le sommet UE-Turquie qui s’est achevé dans la nuit de lundi à mardi à Bruxelles pour régler le problème de l’invasion migratoire de ces derniers mois, via (notamment) le territoire turc. Cet accord sera-t-il plus efficace que le plan d’action élaboré déjà fin novembre entre Ankara et l’Union européenne pour stopper les migrants? Ces derniers  continuent de débarquer quotidiennement  par milliers  depuis les côtes turques sur les plages grecques. Emporté par l’enthousisame, le président du Conseil européen, Donald Tusk, veut y croire. Il a promis hier que « le temps des migrations irrégulières en Europe est révolu ». « C’est un bon accord, qui va changer la donne », a acquiescé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Une nouvelle réunion se déroulera les 17 et 18 mars pour peaufiner les détails.

Certes les observateurs n’ont pas manqué de relever que Berlin s’est opposé  dans la déclaration finale, à la phrase  mentionnant triomphalement que « la route des Balkans » -par laquelle 850 000 immigrés ont pénétré en Europe ces derniers mois- « est désormais fermée ». Mme Merkel ne voulait pas donner raison au pays qui ont (ré)instauré frontières, filtres  et quotas (Slovaquie, Croatie, Autriche…) pour freiner l’invasion…

D’ailleurs les Bruxellois se sont empressés de réaffirmer leur souhait de la disparition des contrôles aux frontières instaurés par certains Etats européens, d’un rapide « retour à la normale » , à la libre circulation au sein de l’espace Schengen « d’ici la fin de l’année. »

Mais la mesure-phare qui a fait l’objet de tous les commentaires et dont François Hollande s’est réjoui comme d’un « acte très important », c’est l’annonce par le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, de « la décision audacieuse (de la Turquie) d’accepter le retour de tous les migrants irréguliers en provenance de la Grèce, quelle que soit leur origine ». Une audace très largement soufflée à Ankara par  l’Allemagne et la Commission européenne.

Ainsi indiquait succinctement le site de France info, « en échange (de la reprise par les Turcs de certains immigrés, NDLR), les Européens s’engageraient à reprendre, par des voies légales et sûres, le même nombre de réfugiés syriens directement depuis le sol turc. Quelques 70 000 places théoriques, déjà réparties entre les 28 l’an dernier, serviraient à accueillir ces réfugiés, selon une source européenne. Cet engagement de la Turquie s’ajouterait à celui d’accélérer la mise en œuvre d’un accord dit de réadmission, qui prévoyait qu’elle reprenne à partir de juin les migrants économiques pour les expulser à son tour vers leurs pays d’origine. »

François Hollande n’y trouve rien à redire et a jugé que la Turquie devait « être aidée, puisqu’elle accueille 2,5 millions de réfugiés aujourd’hui », « être soutenue pour ce qu’elle doit faire »; « la Turquie bénéficiera de trois milliards d’euros. Si c’est nécessaire, l’aide pourra être augmentée. »

Si tu croises un ours sur un pont pourri, appelle le cher oncle dit un proverbe turc. Il est  flagrant que la situation  très alarmante  à laquelle est confrontée une Europe faible et dépassée par les événements la  pousse  à accepter bien des choses d’Ankara. Les contreparties exigées par le gouvernement islamiste turc en paiement de sa générosité sont assez exorbitantes.

Ainsi  le gouvernement Erdogan,  en échange de la promesse de ne pas accabler l’Europe davantage sous le flots des migrants, exige non plus les trois milliards d’euros évoqués par M. Hollande,  comme cela avait été décidé ces derniers mois,  mais six milliards, le double, pour l’accueil des réfugiés.

Entendons nous bien, et si l’on veut bien laisser de côté les responsabilités du gouvernement de Recep Tayip Erdogan (comme celles de notre gouvernement socialiste), dans la déstabilisation  de la Syrie et de la région , l’aide apportée à la Turquie par l’UE n’est pas illégitime. Et ce, d’autant que la Turquie elle même est fragilisée, pourrait entrer dans une spirale de violence et de terrorisme qui ajouterait du chaos au chaos à la frontière immédiate de l’Europe.

Pour autant, les autres exigences portées par ce chantre du néo-ottomanisme qu’est le brillant Premier ministre Davutoglu  lors de ce sommet ne sont pour nous absolument pas  recevables. Il a ainsi demandé la suppression « d’ici juin » des visas pour les ressortissants Turcs circulant dans l’espace Schengen. Mais aussi l’ouverture « aussi vite que possible de cinq chapitres de négociations » pour l’adhésion de la Turquie dans l’UE.

Faut-il le rappeler avec Bruno Gollnisch, la Turquie n’est pas géographiquement, culturellement, physiquement européenne et ce grand pays n’a donc pas vocation à rejoindre l’UE.

A fortiori en pleine poussée islamiste,  et sous la gouvernance  d’un  parti comme l’AKP, qui a comme objectif principal, défini comme tel,  la ré-islamisation des Turcs et qui demande à la diaspora turque en Europe de ne pas s’assimiler. Tout en menant dans le même temps une politique très libérale d’acquisition de la nationalité turque en faveur des Azéris, Kazakhs, Ouzbeks,Turkmènes,  de tous les  citoyens musulmans issus des ex-républiques turcophones de feu l’URSS.

Certes, les obstacles  sur la route d’une entrée de la Turquie dans l’UE sont nombreux, mais si l’on pouvait faire confiance à l’Europe de Bruxelles pour défendre une  Europe européenne cela se saurait.

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