Accroché au pouvoir Roger Cukierman, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), ne l’est plus pour très longtemps puisque il présidait pour la dernière fois lundi le traditionnel dîner de ce groupe de pression –Francis Kalifat devrait lui succéder. 800 invités, une dizaine de ministres, les candidats déclarés à la primaire de la droite et du centre, toute la classe politicienne était au rendez-vous, à l’exception de l’extrême-gauche pro-palestinienne, punie pour son soutien aux actions de boycott d’Israël, et du Front National.
M. Cukierman s’en est justifié: « Quand vous faites un dîner chez vous, vous avez tendance à inviter plutôt vos amis? Eh bien moi, je n’ai pas envie d’inviter les héritières de Jean-Marie Le Pen, sa fille, sa petite-fille. Je pense que c’est un parti xénophobe, populiste, démagogue et donc je préfère ne pas l’inviter (…) parce que nous n’avons pas les mêmes valeurs« .
Faut-il rappeler à M. Cukierman que les tares qu’il reproche au FN sont bien plus évidentes, avérées et patentes chez certains partis israéliens « de gouvernement » qui ont pourtant l’agrément (?) du Crif. Nous espérons aussi qu’il ne partage pas forcément « les mêmes valeurs », que les corrompus et autres repris de justice des partis du Système qui sont (aussi) des habitués fidèles des dîners du Crif.
Cette charge grossière, antinationale de Roger Cukierman n’est pas très habile en ce qu’elle renforce l’image d’un Crif simple rouage d’un Système politique à l’agonie, coupé du réel, qui représente de facto qu’une petite minorité des 600 000 à un million de Juifs Français.
Marine Le Pen avait déclaré il y a quelques années que son refus du communautarisme ne militait pas pour sa présence à ce dîner du Crif. Le vice-président du FN, Louis Aliot a eu raison de souligner dans un communiqué que le raout annuel du Crif est un « dîner mondain, communautaire, discriminatoire et stérile ».
Il a eu pareillement raison de citer Alain Finkielkraut qualifiant le rendez-vous annuel du Crif de «tribunal dînatoire», d’une « convocation du gouvernement », ou encore les propos du très sioniste Philippe Karsenty dans Le Figaro (adjoint UMP au maire de Neuilly): « Le Crif ne représente plus personne, et son fonctionnement n’est pas démocratique (…). Le Crif a cessé d’être le représentant des juifs auprès des politiques, pour devenir le représentant des politiques auprès des juifs. Je trouve pathétique ce défilé d’élus, qui ne veulent pas qu’on leur reproche de ne pas y être allés. »
M. Karsenty, dont la prose est reprise sur le site communautaire Alyaexpress reproche d’ailleurs plus largement au crif son opportunisme le qualifiant de « chiraquien en 1995, sarkozyste en 2007, hollandais depuis 2012″. Il dénonce aussi sa dérive socialo-gauchiste.
Louis aurait pu encore citer les critiques d’un Eric Zemmour ou à l’autre bout de l’échiquier politique de la sénatrice écolo-gauchiste trinationale Esther Benbassa: « Mais qui représente véritablement le Crif et combien sont-ils en son sein ? On ne le saura jamais. Ce qui compte, c’est qu’il est perçu comme un lobby (mot horripilant en France) par les politiciens. Et considéré comme tel, il l’est bien, un lobby, en fait. Ceux qui s’agglutinent à son dîner croient vraiment qu’il joue un rôle important dans la machine électorale. On y vient à la pêche aux voix juives, et pour être adoubé par des juifs dont l’influence serait déterminante, en raison de la place qu’ils occupent, ou sont censés occuper, dans la société française. «
Gauchisants pour certains, trop droitiers pour d’autres, notons pour notre part que les représentants du Crif n’atteignent tout de même pas à l’égard du FN le degré de violence verbale d’un escroc intellectuel comme Bernard-Henry Lévy. Nous ne parlerons pas ici du tissu d’âneries, des platitudes, des énormités, des poncifs, des erreurs historiques, des haines aussi, qui caractérisent ses livres…sans lecteurs depuis vingt ans.
M. Lévy n’a toujours pas compris qu’asséner cent fois le même mensonge est certes un procédé d’idéologue-propagandiste, mais n’en fait pas une vérité.
Interrogé dans Libération il y a un mois, le philosophe pipo(le) conspuait le » ballet indécent » « d’hommes politiques, de gauche comme de droite, qui se ruent » non pas au dîner du crif, mais » sur les plateaux pour flatter le vote FN ». Alors que les électeurs du FN « sont en train de se rallier à un parti bourré de repris de justice, d’anciens nazis et qui, jusque dans ses instances dirigeantes, reste fidèle à ce que la mémoire française a de plus honteux (…) il faut avoir le courage de dire à ceux des électeurs qui font le choix d’un parti raciste, néovichyste et fauteur de guerre civile qu’ils se mettent, provisoirement, hors jeu. »
Dans un registre un peu différent, Manuel Valls, qui tenait le rôle au dîner du Crif de l’orateur de l’exécutif, François Hollande étant retenu à Bruxelles, n’a pas lésiné non plus sur la propagande, la démagogie, les approximations.
« Sortant de son texte, qui était aussi celui du président de la République » rapporte Le Monde, « le chef du gouvernement a répondu à une autre préoccupation développée par Roger Cukierman, à savoir la grille de lecture déformante et injuste appliquée, selon lui, à Israël, pour faire de ce pays le juif des nations, l’unique cible au monde d’un processus de délégitimation. Manuel Valls a critiqué à son tour la haine d’Israël. Nous savons qu’il y a un antisémitisme ancien et un antisémitisme nouveau, a affirmé le premier ministre. Un antisémitisme d’extrême droite mais aussi un antisémitisme d’extrême gauche. Il y a l’antisémitisme des beaux quartiers, il y a aussi l’antisémitisme dans les quartiers populaires d’une jeunesse radicalisée. Et puis (…), il y a l’antisionisme, c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël. »
Il est bien évidemment stupide, malhonnête d’établir un signe d’égalité entre antisionisme et antisémitisme (antijudaïsme pour parler plus précisément). Ce raccourci vallsien peut, légitime déjà, bien des procès en sorcellerie. Le refus du sionisme en tant qu’idéologie, projet politique, la contestation de l’Etat d’Israël, de sa politique de colonisation, de manière plus ou moins radicale ou absolue, n’est pas forcément de l’antijudaïsme.
Entre un Rony Brauman et un fou d’Allah salafiste, il y a une différence de degré que chacun peut parfaitement comprendre; et le droit de critiquer un Etat, une idéologie ne peut être remis en question dans une démocratie.
Certes, il est évident que l’antisionisme peut être parfois le faux nez d’authentiques anti juifs, mais il existe de la même façon des pro-sionistes anti juifs (ce fut le cas notamment dans certains secteurs du gouvernement nazi), soucieux de se débarrasser chez eux de toute présence du judaïsme. Bref, il n’y a certainement rien à gagner à hystériser le débat, à le caricaturer grossièrement, même si cette question est passionnelle chez notre Premier ministre.
Une passion que le FN porte lui pour le devenir d’une France libre et les Français d’abord, ce qui lui vaut d’essuyer, nous l’avons vu, bien des insultes et des calomnies. Dans une toute récente tribune publiée dans Le Figaro, Me Gilles-William Goldnadel (membre du Crif) écrivait que beaucoup de nos compatriotes « ont remarqué que ceux qui taxaient rapidement tel autre de populiste, nourrissaient souvent pour le peuple une manière de mépris, et principalement pour le vieux et petit peuple autochtone dont les appréhensions ou les aspirations étaient souvent prises en hautaine dérision. »
« Ils ont remarqué que les gens qualifiés d’extrême droite étaient souvent ceux qui combattaient extrêmement une extrême gauche nommée plus aimablement gauche de la gauche. Ils ont remarqué que l’islamophobie était le moyen le plus sûr pour les islamistes, les antiracistes professionnels sélectifs et autres islamo-gauchistes d’empêcher toute critique de l’islam ou de l’immigration islamique incontrôlée. »
A charge pour les Français, note Bruno Gollnisch, de deviner quel est le Mouvement politique le mieux à même de les défendre devant la montée inextinguible des menaces, dont le torrent migratoire n’est pas une des moindres. Petit indice: il n’est jamais invité aux dîner du Crif.